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François Hollande ne va pas pouvoir s'empêcher de faire une dernière promesse... On parie ?
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Atlantico business

François Hollande avait promis l'inversion de la courbe du chômage. On découvrira jeudi si cette promesse sera tenue. Parions qu'elle le sera sans doute, ce qui lui permettra de pavoiser lors des vœux du 31 avec, cette fois, une promesse de croissance. Parce qu’il n’est pas fou. Il sait très bien que le chômage ne s'améliorera pas durablement si la croissance ne revient pas. Il va donc promettre de la croissance sans jamais en remettre en place les moteurs.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Le problème, c’est que ces vœux ressemblent à un engagement et que les promesses lui font prendre le risque de ne pas les tenir. Pierre Desproges disait que « les adultes ne croient pas au Père-Noël, mais ils votent ». Ils votent sur la foi d’un programme. Ils votent aussi parce que le programme n’a pas été tenu. 

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Cette affaire d’inversion de la courbe du chômage est surréaliste. Elle ne tient pas debout. Il faut être politicien pour se passionner avec une dérivée première. Surtout si on n’aime pas les maths. L’inversion elle-même n’a aucun sens. On comprend bien que, symboliquement elle peut permettre à un homme politique de dire qu'il a eu raison. « Regardez comme je suis fort, ça marche!» Et les journalistes politiques, toujours enclin à commenter le théâtre plutôt qu'à expliquer une réalité, vont décrire avec détails ce qui se passe, une fois de plus, en cours de récréation où les enfants comparent la longueur de leur zizi. Pierre Perret en a fait une chanson.

L’inversion de la courbe du chômage n’a aucun sens parce que ça dépend de ce que l'on met dans les chiffres. On se souvient de la façon dont François Hollande s’était pris les pieds dans le tapis des statistiques d’octobre. Il avait des chiffres qui étaient bons mais comme il ne pouvait pas les donner, il a emballé tout cela dans une plaisanterie très langue de bois, mais de laquelle on tirait la conclusion que la promesse était enterrée. Du coup, il a ramé pour revenir à la charge et démentir et dire que c’était vrai, que c’était meilleur et que c’était les journalistes qui n’avaient rien compris. N’empêche que les journalistes ont été formés à spéculer sur l’accessoire plutôt que sur l’essentiel. Formés par qui ? Formés par les hommes politiques.

Compte tenu de tout ce qu'a fait le gouvernement comme traitement social du chômage, après les contrats aidés et les contrats d’avenir, après le nettoyage technique des listes de Pôle-Emploi, la courbe du chômage devrait s’infléchir. Après tout, personne ne peut préférer le chômage à un contrat d’avenir. A prix égal pour la société, c’est un progrès.

Le problème, c’est que ces emplois d’avenir, qui auront permis au Président de sauver la face au lendemain de Noël, ne règlent rien. La visibilité de l’activité économique est toujours aussi mauvaise. L'Insee la semaine dernière expliquait qu'après une inflexion de la courbe du chômage au début de 2014, on risquait de replonger.

Or, le chômages ne se résout pas avec des contrats aidés ou des emplois administratifs et publics. Si c’était le cas, il suffirait de transformer toute la population en fonctionnaires. Le chômage ne se règle qu'avec des emplois marchands. Des emplois qui sont rémunérés par la création de richesse et pas, par la redistribution de ces richesses.

Reconnaissons volontiers qu'il y a plusieurs types de chômage. Celui lié à la conjoncture, le chômage structurel lié aux mutations, aux contraintes de la mondialisation ou à l’apparition d’innovations technologiques. Mais la difficulté de la situation actuelle, c'est que le chômage peut toucher tout le monde et dure extrêmement longtemps.

Passons sur l’effet induit des indemnisations chômage qui sont particulièrement généreuses en France par rapport aux autres pays et, qui selon certains, dissuadera un chômeur de reprendre un travail s’il n’est pas notoirement plus rémunérateur. Pourquoi prendre un travail peu agréable et pas beaucoup mieux payé que ce que rapporte l’indemnisation.

Il existe très certainement ces effets d’aubaine ou d’opportunité. Disons néanmoins que le gros du chômage touche en priorité les jeunes qui n’ont pas la formation correspondante aux besoins du marché de l’emploi, et les seniors en quête d’une reconversion. Le chômage est lourd et long parce que le système économique ne progresse pas. Pas de croissance, pas d’emplois.

L’erreur de tous les gouvernements, c'est de penser que la croissance finit toujours par revenir. C’est vrai, quand la crise est purement conjoncturelle. Le cycle finit par se retourner. Mais la croissance ne vient pas si on n'est au cœur d’une crise structurelle. La croissance ne revient que si l'on sait s’adapter et répondre à la contrainte. L’inversion de la courbe du chômage n’aura pas de sens tant qu’elle ne sera pas le résultat d’une politique très volontariste de développement des entreprises.

François Hollande nous promettra donc de la croissance. Mais la promesse ne sera crédible que s’il y a un changement radical de politique économique : une logique d’offre, une incitation très forte à l’innovation, des efforts de compétitivité et des frais généraux de l’Etat diminués. Moins de dépenses publiques apporterait évidemment l’assurance de moins d’impôts. Moins d’impôts c’est plus d’activité marchande. Et s’il y a plus d'activité marchande, il y aura forcément plus d’emplois. Cqfd.

Curieux quand même que les responsables politiques ne comprennent pas des mécanismes aussi simples. Les adultes eux, ne croient pas au Père-Noël, ils votent.

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