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Exclusif : le sondage qui en dit long sur la crise de pessimisme des Occidentaux sur leur avenir
©Reuters

2017, année de tous les dangers électoraux

Dans ce baromètre Ifop pour Atlantico, les Français apparaissent parmi les plus pessimistes des Européens : ils sont seulement 27% à considérer qu'ils vivront mieux dans 10 ans, tandis que 44% affirment s'en sortir facilement avec leurs revenus.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Quels sont les principaux enseignements que l'on peut tirer de ce sondage ? 

Jérôme FourquetIl convient de rappeler que l’une des vocations de l’enquête est de mesurer rétrospectivement, dans plusieurs pays occidentaux, l’impact de la grande crise économique qui a débuté en 2008 et qui, dans certains pays, n’en finit pas de finir, afin de voir si les effets ont été les mêmes dans tous les pays ou si la crise a fait davantage sentir ses effets dans certains pays que dans d’autres, et si certains sont en voie de rémission définitive. Cette grande enquête a été menée dans plusieurs pays, avec des points de comparaison sur des enquêtes précédentes, et notamment une réalisée en 2011, au moment du pic de la crise économique. 

Une façon basique mais efficace et concrète de mesurer cela, c’est de demander aux populations si elles s’en sortent facilement ou difficilement avec leurs revenus. Quand on pose la question de cette façon, ce que l’on constate en termes de niveaux, ce sont des écarts tout à fait spectaculaires selon les différents pays rencontrés. Si 3/4 des Allemands et 2/3 des Espagnols, des Britanniques et des Américains s’en sortent facilement avec les revenus dont dispose le foyer, cela n’est le cas que de 44% des Français et des Italiens. Sur la question du pouvoir d’achat, de la perte de revenus dont a souffert toute une catégorie de la population américaine dans la période qui a suivi la crise des subprimes, on sait que tout cela a constitué un terreau favorable à la dynamique Trump. Ceci est intéressant à souligner au regard des chiffres français et italiens. On peut donc augurer – même si toutes les causes ne produisent pas nécessairement les mêmes effets d’un pays à l’autre – certaines choses : dans un pays comme les Etats-Unis où 2/3 de la population affirme s’en sortir facilement avec ses revenus est quand même survenue l’élection de Donald Trump… Quand on compare ce chiffre de 44% aux autres pays européens, et notamment avec l’Allemagne, on voit qu’il y a un gouffre. Bien évidemment, il s’agit là de perception, mais le ressenti est un déterminant néanmoins puissant. Circonstance aggravante : en France comme en Italie, les niveaux sont faibles et la tendance ne s’annonce pas des plus réjouissantes. En Allemagne, par comparaison avec 2011, la perte n’est que de quatre points, cinq points en Grande-Bretagne, et treize points en Espagne ; celle-ci est de quinze points en France et de vingt-trois points en Italie. Par rapport à 2011, la dégradation s’est donc encore accélérée en Italie et en France, avec d’éventuelles conséquences politiques à la clé, et des opinions publiques qui vont être différemment positionnées sur des discours économiques. 

A lire aussi sur notre site : "2017, année des élections de tous les dangers : sondage exclusif sur ce que veulent les Européens 8 ans après la crise"

A la question de savoir comment nous vivrons dans une dizaine d’années, là aussi on note des écarts massifs d’un pays à l’autre. C’est d’ailleurs en France que la proportion de personnes estimant que nous vivrons mieux qu’aujourd’hui est la plus faible : ils ne sont que 27% contre 43% en Allemagne, 42% en Espagne  – où on a perdu 7 points entre 2011 et 2016, alors qu’ils ont été dans l’œil du cyclone de la crise ­– 33% en Italie considérée aujourd’hui comme l’homme malade de l’Europe, 42% en Grande-Bretagne – un score assez équivalent à ce que l’on a pu mesurer en 2011, là aussi en pleine crise économique et avant le Brexit, ce dernier ne s’étant pas traduit manifestement par un regain d’optimisme ou une chute brutale du moral par rapport à l’avenir. On voit bien le manque de confiance, la sinistrose que suscite la société française. Pourtant, certains de nos voisins, notamment les Espagnols et les Italiens, ont été beaucoup plus durement frappés par la crise que nous, alors même que la Grande-Bretagne a pris une décision politique majeure, laissant planer l’incertitude sur l’avenir mais sans pour autant affaiblir le niveau d’optimisme. Pour ce qui est des Etats-Unis, on est à 62% après l’élection de Donald Trump : les Américains semblent ainsi adhérer massivement au message "Make America Great Again" du président élu. 

A propos de l'item relatif aux efforts fournis pour rester compétitif dans la mondialisation, 6 Français sur 10 pensent que nous n’avons pas fait assez d’efforts alors qu’au début de la crise économique, ils étaient 5 sur 10. Plus les années passaient, et plus les Français pensaient que nous n’avions pas fait ce qui était nécessaire. Là où, c’est compliqué, c’est que, par rapport à 2014, quatorze points de plus de Français pensent que les sacrifices ont déjà été faits. Le climat a donc changé depuis deux ans à cause du discours de la gauche : pacte de compétitivité, réduction des dépenses publique, loi Travail, etc. Bien qu’il y ait toujours une majorité de Français qui pensent que des efforts doivent être faits, une importante minorité pense que ces efforts ont déjà été faits. Idéologiquement, l’opinion est plus propice à ce type de discours qu’il y a deux ans. Ceci peut expliquer pourquoi en 2014, l’opinion a pu se braquer sur la question de l’assurance maladie. Pour en revenir au chiffre de 6 Français sur 10 qui pensent que nous n'avons pas fait assez d'efforts pour rester compétitifs dans la mondialisation, celui-ci va plutôt dans le sens de la politique d'effort de François Fillon. Sur l’idée du redressement, d’un effort un peu sacrificiel pour redresser le pays, vous ne pouvez convaincre une population de cela qu’à condition que celle-ci perçoive et soit convaincue aussi de ce déclin, ce que les chiffres semblent donc indiquer.  

Sur la question de la compétitivité de la France, 69% des électeurs du Front de gauche pensent que les efforts ont déjà été faits, ce qui est en accord avec le discours de Jean-Luc Mélenchon. Cette opinion est aussi partagée par 58% des électeurs du PS. Ce qui est intéressant pour François Fillon en revanche, c’est que plus de deux tiers des électeurs LR, FN, Modem et UDI pensent que nous n’avons pas fait ce qu’il fallait. Son discours est donc majoritaire, sans pour autant négliger le tiers de ces électeurs qui estiment que les efforts ont déjà été faits.

Ce qui est intéressant aussi, c’est la comparaison avec les autres pays : 61% des Allemands pensent que les efforts ont déjà été faits – soit 20 points de plus par rapport à la France – 72% des Britanniques, et 47% des Espagnols, qui ont payé très cher ces dernières années ; seuls les Italiens sont un peu plus pessimistes que les Français, ce qui s’explique par la situation économique et politique actuelle de leur pays. 

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