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Éva Joly : Jeanne d'Arc des écolos
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Le bûcher de la vertueuse

Éva Joly vient d’être lâchée par son porte-parole Yannick Jadot. Mais elle tient bon. Au risque de voir sa vertu écrasée par son propre parti...

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Chez les Verts une odeur polluante a fait son apparition : celle de la soupe. Eva Joly vient d’être lâchée par son porte-parole. Mais elle tient bon.

La candidate d’EELV aux présidentielles finira comme Jeanne d’Arc. Sur le bûcher ! Sur le bûcher des vanités écologiques… Rien que du bois et du bois propre. Chez Eva Joly tout -en ce qui me concerne- est détestable. Son côté ayatollah. Sa dureté. Son aveuglement. Sa frénésie purificatrice (je préfère en effet Danton à Robespierre). Mais Eva Joly a toutes les qualités de ses défauts. Elle est politiquement incorruptible. Elle ne s’avance pas masquée et désigne clairement les têtes qu’elle veut couper. Elle dit souvent des énormités (sur le nucléaire, sur les 14 juillet, etc.…) Mais, contre vents et marées, elle s’y arc-boute.  C’est de cela qu’elle périra.

Non ce n’est pas Nicolas Sarkozy qui la tuera. Les siens, le conseil national d’EELV, ses électeurs se chargeront de la mise à mort. Avec la démission de Yannick Jadot, son porte-parole, qui dit ne plus pouvoir supporter ses attaques contre le PS, celle-ci se prépare. Les premiers fagots sur lesquels brûlera Eva Joly s’entassent déjà. Les écologistes purs et durs (les Khmers verts, comme les appelle Gérard Collomb, maire socialiste de Lyon) l’avaient préférée à Nicolas Hulot qu’ils tuèrent vite fait, bien fait. Car l’animateur d’Ushuaia n’était pas assez à gauche, pas assez anticapitaliste, pas assez antisarkozyste. Mais, tout purs et durs qu’ils sont, ils ne pardonneront pas à Eva Joly de les mener à la défaite.

Certes ils disent, un peu comme elle, vouloir purifier la France. Mais ils veulent aussi des places. Des ministères éventuellement, des sièges de députés surement. Beaucoup de siège de députés. Mourir pour des idées ? Quelle idée ! De cela Eva Joly qui n’est candidate à rien (elle ne sera pas, bien sûr, présidente de la République) n’en a cure. Elle a des principes. L’establishment écologique n’en a pas.

Cécile Duflot en est la représentante la plus emblématique. Ainsi elle a mangé son chapeau en renonçant à l’arrêt de l’EPR de Flamanville (un point essentiel du programme d’Eva Joly) en échange d’une faramineuse (et surréaliste) quantité de circonscriptions. Le PS s’est aplatit car 3 ou 4 % des voix aux présidentielles ça vaut de l’or et il a signé avec les Verts un accord qui ressemblait à une reddition. Puis, aidé par quelques coups de téléphones d’Areva, le parti de François Hollande -ou peut-être est-ce celui de Martine Aubry ?- a subrepticement, en douce, gommé de l’accord signé par lui un paragraphe qui déplaisait à l’industrie nucléaire.

Cette fois ci c’en était trop même pour Cécile Duflot. Et ce fut au tour de François Hollande de manger son chapeau : le paragraphe honteusement enlevé fut honteusement réintégré. Dans le domaine de la tambouille électorale les partis politiques, de droite comme de gauche, ont depuis toujours montré un savoir-faire que la planète nous envie. Mais ce qui s’est passé entre les Verts et le PS dépasse de loin tout ce qu’on a pu connaître : parole donnée, parole reprise, parole redonnée…

Eva Joly ne mange pas de ce frichti-là. Elle ne va pas à la soupe. Et on le lui fera payer. On aura compris que s’agissant de morale et d’éthique (il ne s’agit pas de programme évidement) je préfère Eva Joly à Cécile Duflot.

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