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Etrange disparition au Golgotha. Jésus Christ Jérusalem Magazine An 33 Pâques
Etrange disparition au Golgotha. Jésus Christ Jérusalem Magazine An 33 Pâques
©Alberto PIZZOLI / AFP

Bonnes feuilles

Bernard Lecomte publie une nouvelle édition de « Jérusalem Magazine, An 33 » aux éditions du Cerf. La rumeur se répand dans la ville, le pays, l'Empire : le tombeau du mystérieux Jésus de Nazareth a été retrouvé vide trois jours après sa crucifixion au Golgotha. Les journalistes de Jérusalem Magazine enquêtent. Extrait 1/2.

Bernard Lecomte

Bernard Lecomte

Ancien grand reporter à La Croix et à L'Express, ancien rédacteur en chef du Figaro Magazine, Bernard Lecomte est un des meilleurs spécialistes du Vatican. Ses livres sur le sujet font autorité, notamment sa biographie de Jean-Paul II qui fut un succès mondial. Il a publié Tous les secrets du Vatican chez Perrin. 

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La disparition du corps de Jésus de Nazareth, le prédicateur juif crucifié vendredi dernier, provoque une vive émotion dans toute la Judée. Le Sanhédrin s’est réuni.

De notre envoyé spécial, Daniel Benahem

Marie-Madeleine en tremble encore. Ce dimanche, lendemain de sabbat, le jour n’était pas encore levé qu’elle s’est rendue au tombeau dans lequel on avait placé le corps de Jésus l’avant-veille, après qu’il eût rendu l’âme sur la croix. Le cadavre, hâtivement lavé avec une lotion faite de myrrhe et d’aloès, puis attaché par des bandelettes, selon la tradition juive, avait été enroulé dans un linceul en lin blanc immaculé. « C’est un disciple que je ne connaissais pas, Joseph d’Arimathie, qui était allé l’acheter en ville », raconte Marie-Madeleine. La jeune femme poursuit : « Il avait fallu se dépêcher car la nuit descendait sur Jérusalem, et c’était veille de sabbat. » On s’était empressé de rouler une grosse meule devant l’entrée du sépulcre. Or, en arrivant sur place, ce dimanche matin, la pierre n’était plus à la même place. Le tombeau était vide !

Marie-Madeleine, en quelques jours, a vu sa vie basculer à deux reprises. Vendredi, elle avait assisté à la mort de ce Jésus dont elle était si proche. Elle n’avait pas eu la force de s’approcher de la croix, mais elle avait suivi à distance, avec un petit groupe d’amies, l’agonie de leur « Seigneur », comme elles l’appelaient. « Je l’avais rencontré un jour au bord du lac de Tibériade. J’étais une pécheresse, j’étais possédée par le mal, il m’a guérie. Je ne l’ai plus quitté ! » Et cette femme de se remémorer avec enthousiasme certaines prédications intenses en compagnie des disciples du côté de Tibériade, d’où elle est originaire, ou au nord du pays, à Tyr, à Sidon…

Très attachée à son « Seigneur », elle l’aura suivi jusqu’au bout de son supplice : « Quand il est mort, raconte-t-elle, j’ai entendu son dernier cri, déchirant, et j’ai rejoint Jean, son disciple préféré, et Marie, sa mère, pour assister à la descente de croix par les soldats. Ce fut affreux. Même le centurion qui commandait l’opération était ému. Nous avons suivi son transport jusqu’au tombeau, récemment creusé dans une carrière voisine, et que Joseph d’Arimathie avait réservé. J’aurais voulu rester à le pleurer, là, derrière la pierre qui fermait le sépulcre, mais le jour tombait, il m’a fallu rentrer et at[1]tendre la fin du sabbat… »

« Même le centurion était ému »

«C’était lui, je vous le jure ! »

Étonnante femme ! On comprend qu’elle ait été la première à découvrir le tombeau ouvert, dimanche, et que sa vie, à nouveau, en ait été chavirée. « J’ai couru réveiller le chef des apôtres, Pierre, pour le prévenir. La tombe avait-elle été profanée ? Entre temps, mes amies Jeanne, Marie et Salomé sont arrivées au tombeau, avec de l’huile parfumée, et elles ont constaté, à leur tour, que le cadavre n’était plus là. » Faut-il croire le témoignage de ces femmes bouleversées qui racontent avoir vu deux mystérieux individus en robe éblouissante — probablement des anges, à les entendre — leur expliquer que leur « Seigneur » était ressuscité ?

Pierre, le chef du groupe, a filé au tombeau, accompagné de Jean, le jeune disciple qui avait assisté, vendredi, la mère du supplicié. Les deux hommes ont constaté, eux aussi, que le corps de Jésus avait disparu. Leur témoignage est capital. Il ne restait, selon eux, que les bandelettes, par terre, ainsi que, roulé dans un coin, le morceau de drap avec lequel on avait essuyé le visage du crucifié, et un autre linge plus grand, gisant sur la banquette de pierre : le linceul dans lequel on avait enveloppé le cadavre à sa descente de croix, encore souillé par les blessures du malheureux.

« Je l’ai d’abord pris pour le jardinier »

« Pierre et Jean sont repartis, emportant les linges, raconte encore Marie-Madeleine, et je suis restée seule. C’est alors que j’ai vu un homme, que j’ai d’abord pris pour le jardinier de l’endroit, mais qui m’a appelée par mon premier prénom, Myriam : c’était lui, c’était Jésus, je vous le jure ! »

Pour Marie-Madeleine, comme pour Pierre, Jean et les autres disciples, il ne fait pas de doute que leur maître est ressuscité. Mais comment croire une chose pareille ?

Miracle ou mise en scène?

Du côté des notables juifs membres du Sanhédrin, alertés par les gardes postés la veille devant le tombeau, la perplexité est générale. Que s’est-il passé ? « Les gardes étaient piteux et effrayés, raconte un prêtre qui a voulu garder l’anonymat. Ils ont juré qu’ils n’étaient pour rien dans le déplacement de la pierre. Nous, nous étions partagés entre l’incrédulité, la moquerie et l’inquiétude : il ne fallait surtout pas que cette histoire arrive aux oreilles du gouverneur ! » De source sûre, un lévite proche du grand prêtre a alors payé les gardes pour qu’ils affirment, en cas d’interrogatoire, que les disciples du crucifié étaient venus dans la nuit et avaient subtilisé le corps de leur chef. Pas question de donner la moindre caution à ces rumeurs de résurrection qui commençaient à courir en ville !

Mais déjà, la police civile enquête, qui ne se satisfera pas de la thèse de l’enlèvement. Il ne fait aucun doute que le préfet Pilate, qui avait condamné Jésus à mort sur l’insistance du Sanhédrin, voudra tout savoir sur cette étrange disparition. Qui était exactement ce prédicateur galiléen qui se disait le « Messie », qui avait été ovationné par la foule, une semaine plus tôt, en arrivant à Jérusalem, qui s’était laissé arrêter sans résistance, jeudi, au mont des Oliviers, et qui avait expliqué à ses nombreux disciples, à plusieurs reprises, qu’il serait mis à mort et qu’il « ressusciterait le troisième jour » ?

Daniel Benahem, assisté de Salomon Sheikh

Extrait de « Jérusalem Magazine, An 33 », publié par Bernard Lecomte aux éditions du Cerf.

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