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Qui veut l’Élysée ne prend pas (vraiment) de vacances
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Été politique

Cet été, pas de trêve estivale qui tienne pour tout candidat présidentiel qui se respecte. Pendant que les outsiders tenteront d'inverser la tendance en occupant sans relâche le terrain médiatique, les favoris utiliseront leurs vacances comme véritables armes politiques, en choisissant soigneusement les lieux et en préparant la dernière ligne droite de la campagne.

Yaël  Goosz

Yaël Goosz

Yaël Goosz est le chef du service Politique de France Info. 

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Atlantico : Comment les candidats à la primaire du PS vont-ils aborder l'été, après l'agitation médiatique du dépôt des candidatures ?

Yaël Goosz : L'été sera loin d'être normal pour les cinq candidats déclarés, qui devront rester vigilants : il leur sera impossible de décrocher complètement. Les nouvelles technologies peuvent leur permettre de conserver une présence médiatique malgré l'éloignement, mais rien ne remplace un contact physique ou filmé avec des Français.

Les trois outsiders vont tenter de profiter de l'été pour occuper le terrain, car ils n'ont plus rien à perdre.

Comme en 2006, Ségolène Royal va jouer son va-tout pour inverser la tendance auprès de son électorat de prédilection : les catégories populaires, les Français qui ne partent pas en vacances. C'était au cours de l'été 2006 que le rapport de force au sein du couple Hollande-Royal s'était inversé, sur le lieu de leurs vacances : Hollande avait dû s'incliner face à l'aura de sa compagne. Elle va également profiter du retrait de Martine Aubry de la direction du PS pour se montrer à l'Internationale Socialiste, où elle reste la seule Française invitée.

Arnaud Montebourg a quant à lui décidé qu'il allait faire campagne "au cul du camion" pour conquérir l'Elysée, à la manière des candidats aux primaires américaines, et notamment Hillary Clinton et Barack Obama, qui sont ses modèles. Il va joindre l'utile à l'agréable avec un voyage en Grèce pour populariser son thème de la "démondialisation".

Enfin, Manuel Valls va sillonner les festivals du Sud de la France (Avignon, Aix, Arles) et envisage un voyage à la Réunion fin juillet. Il a cette formule pour résumer la situation : "Dès le 15 août commencera le jeu du premier qui parle, et ce sera épouvantable".

Quant aux deux favoris, Hollande et Aubry, ils ont pour l'instant décidé de reprendre des forces avec une pause de trois ou quatre semaines, mais ils ont conscience que cela va être difficile.

Pour François Hollande, on parle d'une trêve du 20 juillet au 22 août après un mois de juillet très chargé, mais c'est difficile à croire, d'autant que par le passé, ils nous a habitués à ne pas respecter la trêve : en 2003, il met fin à ses vacances prématurément pour faire de la canicule un dossier politique. En 2004, c'est pendant l'été qu'il sort du bois en se prononçant pour le "oui" au référendum européen, afin de neutraliser son rival Laurent Fabius, champion du "non".

Quant à Martine Aubry, ce qui la caractérise, c'est son rejet du timing politique effrené : le silence est chez elle une marque de fabrique, un acte politique pour se démarquer de ses concurrents. Néanmoins, elle n'hésitera pas à faire des piqûres de rappel pendant ses vacances, par le biais de communiqués ou en rencontrant des Français sur les lieux de ses vacances, à Avignon et à Plousganou. Elle aussi a l'habitude d'être très active en sous-main pendant les vacances : c'est par exemple au cours de l'été 2008 qu'elle a conclu le "Pacte de Marrakech" avec DSK, et en 2009 qu'elle a orchestré sa reprise en main du PS après l'échec des européennes.


Le calendrier de la primaire du PS, entrecoupée par l'été, est-il judicieux ?

Si tout le monde se mettait d'accord pour suspendre les hostilités, cela irait, mais ce n'est clairement pas possible. Donc oui, le calendrier peut poser problème en ce qu'il risque de provoquer une déperdition de forces des candidats socialistes, alors que les autres candidats seront mieux reposés au moment du lancement de la campagne, début 2012. D'ailleurs, François Hollande a déjà prévu un "break" après la primaire, s'il est désigné candidat.


Comment les autres candidats vont-ils aborder l'été ?

Ils vont être obligés de se mettre au travail, car le premier qui tire oblige les autres à se lâcher. De toute façon, depuis 30 ans, la "trêve estivale" est progressivement devenue un concept fumeux : on part de plus en plus tard en vacances, et on revient de plus en plus tôt.

Nicolas Sarkozy n'est pas encore candidat, mais les piliers de son entourage ne vont pas chômer cet été : Bruno Le Maire, qui doit préparer le G20 de l'agriculture, devra également travailler sur le futur programme du Président. Brice Hortefeux devrait également travailler à la préparation de la campagne.

Les grands leaders de droite privilégient généralement les vacances à la montagne, dans la Haute-Savoie ou dans la vallée de Chamonix. Quand Eric Woerth et Martin Hirsch gravissent le pic du Montenvers en 2008, cela symbolise l'ascension, la solidité du roc, mais aussi la réconciliation des tendances libérales et sociales du gouvernement dans un même effort. Le lieu des vacances est donc un acte politique à part entière !


Qu'en est-il des militants ?

L'été va être très chargé ! Beaucoup de gens seront mobilisés pour préparer les universités d'été du mois d'août.

Mais s'il y a des forces vives qui font tout pour que la campagne ne s'arrête pas pendant l'été, ce sont bien les jeunes, qui préparent la rentrée des grands ! Les MJS (Mouvement des Jeunes Socialistes) vont par exemple traverser la France en caravane, et pas forcément sur les plages, mais plutôt dans les campagnes et les petits villages. Les Jeunes Pop de l'UMP vont faire de même.

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