Et si Omicron n’était pas plus contagieux que Delta mais plus susceptible de contaminer les vaccinés ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Selon une étude danoise, le variant Omicron ne serait pas plus contagieux que le variant Delta.
Selon une étude danoise, le variant Omicron ne serait pas plus contagieux que le variant Delta.
©JUSTIN TALLIS / AFP

Échappement immunitaire

C’est ce qu’indique une étude danoise. Cette donnée expliquerait aussi la moindre gravité d’Omicron puisque les vaccins protègent très largement des formes graves de la Covid.

Antoine Flahault

Antoine Flahault

 Antoine Flahault, est médecin, épidémiologiste, professeur de santé publique, directeur de l’Institut de Santé Globale, à la Faculté de Médecine de l’Université de Genève. Il a fondé et dirigé l’Ecole des Hautes Etudes en Santé Publique (Rennes, France), a été co-directeur du Centre Virchow-Villermé à la Faculté de Médecine de l’Université de Paris, à l’Hôtel-Dieu. Il est membre correspondant de l’Académie Nationale de Médecine. 

 

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Atlantico : Selon une étude danoise publiée le 27 décembre, le variant Omicron ne serait pas plus contagieux que le variant Delta. En revanche, il serait plus susceptible de contaminer les personnes vaccinées. Comment l’expliquer ? 

Antoine Flahault : Cette étude danoise porte sur 2.225 cas index Omicron, c’est-à-dire initialement infectés par le nouveau variant, et 9.712 cas index infectés par le variant Delta, entre le 9 et le 21 décembre derniers. Le critère principal de cette étude est mesuré par le taux d’attaque secondaire dans les foyers, c’est-à-dire la proportion de personnes du foyer infectées par le cas index dans les sept jours suivant son infection. Les cas index Omicron ont transmis le virus au tiers de leur entourage dans le foyer, alors que le variant Delta a été transmis au cinquième des entourages des foyers correspondants. Donc le variant Omicron est clairement plus contagieux, plus souvent transmissible que le variant Delta. Mais ce taux d’attaque secondaire, cette transmission intrafamiliale finement monitorée dans cette étude, bien que freinée dans les deux cas par le vaccin avec deux doses et encore davantage avec trois doses, a été beaucoup mieux freinée par le vaccin lorsqu’il s’agissait du variant Delta plutôt qu’Omicron. Ce que montre cette étude, c’est que la plus grande transmissibilité du variant Omicron serait essentiellement due à un échappement vaccinal plutôt qu’aux caractéristiques intrinsèques du virus, ce qui est une information d’une grande importance, si l’étude est confirmée par d’autres dans un proche avenir. Car cela aurait pour conséquence d’avoir à se tourner vers de nouvelles formulations vaccinales, mieux ciblées sur le variant Omicron, et donc plus efficaces contre lui.

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Pour autant, les vaccins restent-ils toujours aussi efficaces pour protéger des formes graves les personnes contaminées par Omicron ? 

Cette étude danoise n’avait ni les données, ni le recul suffisant pour évaluer la protection des vaccins contre les formes graves. On voit aujourd’hui que les digues immunitaires vis-à-vis des hospitalisations et des décès semblent tenir dans les pays où le variant Omicron circule désormais depuis plusieurs semaines, comme c’est le cas en Afrique du Sud, au Royaume-Uni, au Danemark, en Italie ou en France. La vaccination avec deux doses, ou mieux avec trois doses, si elle ne confère pas une protection parfaite contre les transmissions, elle reste très efficace à prévenir les formes graves conduisant à l’hôpital ou au décès. Cela-dit, même avec les souches précédentes, l’efficacité vaccinale à prévenir les formes graves n’était pas de 100% mais de l’ordre de 80 ou 90% selon le nombre de doses (respectivement 2 ou 3) mais aussi selon le délai depuis la dernière dose, l’immunité tendant à s’effacer progressivement avec le temps. Or si le nombre de contaminations est très élevé en raison de la forte transmissibilité du variant Omicron (et donc de l’échappement vaccinal vis-à-vis de sa transmission), on peut craindre à terme que les nombres absolus d’hospitalisations et de décès soient également très élevés.

Pensez-vous que le variant Omicron puisse supplanter Delta dans les semaines ou les mois à venir ? Devrions-nous nous en inquiéter et faudrait-il changer notre stratégie face à ce nouveau variant ? 

Il semble quasi-inéluctable que le variant Omicron devienne le variant dominant dans un horizon temporel assez court en Europe de l’Ouest. Il va supplanter le variant Delta. Mais il n’y a pas de raison de changer de stratégie face à ce nouveau variant. Il s’agit toujours d’un coronavirus qui se transmet par voie aérosol, en milieu intérieur, d’autant plus facilement que l’on n’est pas vacciné. Le fait d’être vacciné, même avec trois doses, si cela réduit substantiellement la transmission du variant Omicron, constitue une barrière moins étanche contre cette transmission que vis-à-vis du variant Delta. Il est possible aussi que l’usage de masques de type FFP2 aux meilleures propriétés filtrantes, soit à l’avenir davantage recommandé dans certaines situations plus à risque, comme la fréquentation des transports ou de certains lieux fermés, mal ventilés recevant du public, ou encore au contact de personnes âgées ou vulnérables.

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Le variant Omicron, en contaminant plus de personnes vaccinées que son cousin Delta, occasionnera-t-il un bilan hospitalier moins sévère ? 

La virulence du variant Omicron demeure la grande question. C’est même un objet de pari de la part de l’exécutif de pays comme la France ou le Royaume-Uni qui ont décidé de ne pas mettre en place de mesures fortes, espérant que le variant Omicron ne sera pas associé à un risque de saturation des hôpitaux et des soins intensifs. Aujourd’hui, il est encore un peu tôt pour savoir si la moindre virulence du variant Omicron, en grande part liée à l’efficacité des vaccins contre les formes sévères, suffira à contrebalancer de manière efficace la plus grande transmissibilité du virus. Le taux d’hospitalisation et de mortalité sont des paramètres certes importants, mais au bout du compte c’est le nombre absolu de malades hospitalisés, notamment ceux occupant des lits de réanimation, qui va décider de la saturation ou non du système de santé. Si la virulence est moindre avec Omicron par comparaison avec Delta, mais qu’en raison de l’immense vague Omicron qui se dessine et se surajoute à la vague Delta toujours en cours, les hôpitaux se retrouvent débordés par l’afflux de patients, alors il sera sans doute un peu tard pour espérer redresser la situation sans avoir à procéder à une forme de triage des patients.

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