Et si la crise de la quarantaine était programmée dans nos gènes (et du coup, comment y répondre) ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Comment faire face à la crise de la quarantaine
Comment faire face à la crise de la quarantaine
©Reuters

Planification génétique

La crise de la quarantaine est devenue, au même titre que la fameuse crise d'adolescence, un rite initiatique généralisé. Voici quelques conseils pour mieux la canaliser.

François  Chauchot

François Chauchot

Médecin Psychiatre Libéral. Il exerce également à l'hôpital Sainte Anne. 

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Atlantico : La crise de la quarantaine ou crise de milieu de vie est souvent perçue comme un phénomène social, mais une étude scientifique irlandaise réalisée sur 508 singes suggère une origine biologique à ce trouble existentiel. Que sait-on aujourd'hui de la crise du milieu de vie ? Dans quelle mesure pourrait-elle posséder des origines biologiques ?

François Chauchot : La crise de la quarantaine est plurifactorielle. Effectivement, l'aspect biologique pourrait être une des explications. La biologie de l'individu évolue avec l'âge avec le phénomène de vieillissement, c'est-à-dire les premiers cheveux blancs, les premières fatigues. Ce qui est certain, c'est qu'il existe un facteur lié à l'âge qui n'est pas une variable à sous-estimer car la crise survient autour de 40 et 50 ans, au milieu de la vie. Toute une série de facteurs entrent en ligne de compte comme la personnalité, l'environnement de l'individu, les facteurs familiaux et l'histoire personnelle du sujet dans l'évolution de sa vie affective.

Les origines biologiques peuvent être le vieillissement, les facteurs hormonaux. Nous savons que dans la vie d'un individu, il y a des crises de la vie comme celle de l'adolescence, ce sont des crises de maturation.

Si la crise du milieu de vie possède des origines biologiques, quelles conséquences cette découverte peut-elle avoir sur la façon dont nous la gérons ?

Lorsqu'une crise se présente, il est très difficile de la contenir. Elle répond à un cycle, il y a un début, un déroulement et une fin, c'est une sorte de lame de fond. La crise bouleverse l'individu, il faut essayer de la traverser au mieux.

Pour mieux l'anticiper, il faut détecter les prémices qui l'annoncent. Par exemple, soudainement la personne va ressentir une perte de sens qui se traduit par une profonde remise en question de toute une série de valeurs qui auparavant étaient des valeurs sûres et importantes. Ce questionnement atteint plusieurs niveaux, il touche la vie personnelle, professionnelle, amicale, familiale et affective.

Il a un autre symptôme dans ce bouleversement, c'est la prise de conscience de l'urgence du temps, le temps passe et la personne se retrouve face à une angoisse permanente de l'accomplissement des choses qu'elle s'était mise en tête d'accomplir.  

Pour s'y préparer, il faut repérer ces interrogations sur le sens de sa vie, sur l'impression que le temps file. Il faut accorder de l'importance à ces impressions de ruptures et de perte de sens mais sans pour autant vouloir trouver une solution immédiate. Il faut savoir que ce qui est dommageable dans ces gestions de crise ce sont les passages à l'acte, plus particulièrement lorsque les personnes évincent toute leur vie. Ce choix engendre des dégâts auprès de l'entourage. L'élément primordial est de prendre le temps pour réfléchir à ces nouveaux ressentis, d'intérioriser pour ensuite trouver des solutions.

Touche-t-elle tout le monde au même âge ? Et dans la mesure où cette dernière est biologique, dans quelle mesure est-il possible de l'anticiper ?

La crise de la quarantaine ne touche pas tout le monde au même âge car elle peut s'étaler de 40 ans à 50 ans. Il y a un facteur important, c'est l'âge des enfants, lorsqu'ils grandissent et atteignent l'adolescence, cette étape active parallèlement des problématiques de crises chez les parents. Le sentiment partagé est celui d'avoir raté une partie de sa vie, d'avoir été trop concentré à construire sa carrière, sa famille, son couple. Les parents se comparent à l'attitude de leurs enfants adolescents, ils ont envie aussi de profiter, d'être dans l'insouciance, de faire des choix impulsifs.

Cette crise de la quarantaine est souvent associée chez les hommes avec un comportement adolescent (achat d'une voiture de sport, relations amoureuses avec des femmes plus jeunes, tatouages, etc.) Quelle est néanmoins la part de "social" dans cette crise de vie ? 

La société est de plus en plus attentive à la crise de la quarantaine, auparavant, après 50 ans, les personnes étaient considérées comme "vieilles". Aujourd'hui, elle est reconnue et médiatisée, donc après cette tranche d'âge, il existe comme une sorte de renouveau. La société reconnaît les personnes de cet âge comme des potentiels. Il n'y a pas réellement de différence entre les hommes et les femmes hormis le fait que les hommes passent plus rapidement à l'acte. Les femmes ont plus tendance à l'intérioriser. Dans les deux cas, il y a la surprise du chamboulement. D'un coup, les individus ne supportent plus leur quotidien, leur vie familiale, ils sont capables de tout plaquer avec une notion d'urgence. 

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