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Et la réponse sera sociale-libérale : François Hollande improvise un état d’urgence économique pour rebondir sur sa droite
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L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Manuel Valls a trois semaines pour présenter un plan d’urgence économique. C’est la première leçon tirée par le Président après le raz-de-marée FN aux régionales.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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François Hollande n’a pas perdu de temps. Lundi midi, en présence de Jean-Pierre Jouyet, le Président a longuement expliqué à Manuel Valls qu’il fallait préparer un plan d’urgence pour sortir le pays du risque d’asphyxie économique et social. Manuel Valls n’a pas été très long à convaincre. Il plaide depuis deux ans pour un virage de redressement économique. Bridé par une majorité récalcitrante et un Président qui ne l'appuyait guère, il s’était fait doublé dans l’opinion et dans les médias par son ministre de l’Economie dans la course au discours le plus pro-business.

Au point de pousser le Premier ministre, qui n’appréciait guère cette concurrence et les succès people de son ministre, à le recadrer un peu vertement. La semaine dernière, Manuel Valls ne savait pas quelle serait la réponse de François Hollande à la poussée du Front national. Son entourage pensait que le Président rebondirait, mais à gauche.

En fait, François Hollande a choisi de faire une poussée sur le front droit. Il va laisser la France passer les fêtes et lancer cette offensive au mois de Janvier. Comme beaucoup de professionnels de la politique, il ne croit pas trop à la corrélation entre le vote de colère avec le taux de chômage ou l’indice de performance économique.

Et puis, le soir des élections, la superposition parfaite des cartes de France du chômage avec celle du nombre d’électeurs du Front national a effectivement surpris tout le monde. Le FN a fait ses records historiques dans toutes les régions les plus sinistrées au niveau industriel et social, le Nord, la Normandie et l’Est de la France.

Personne ne dit que si la France tangeantait le plein emploi, il n'y aurait ni dérive populiste et démagogique, ni extrémise et ni terrorisme islamique radical. Mais l’évidence nous oblige à reconnaitre que si l’économie était performante, il y aurait moins de déficits, plus de moyens, moins d’impôts, plus d’emplois et plus de perspectives. La capacité du pays à supporter les contraintes des marchés serait plus grande.

D’où cette décision de lancer, ou d’annoncer, un plan d’urgence économique au tout début de l’année prochaine. Il avait fallu le massacre du Bataclan et les 130 morts de la nuit du 13 novembre, pour que le président de la République consente à décréter l’état d’urgence et prenne enfin les mesures que la droite française et l’extrême droite demandaient que l'on prenne pour que les Français aient enfin l’impression qu'on allait s’occuper sérieusement de leur sécurité. Mais François Hollande et son gouvernement ont mis plus d’un an pour reconnaitre qu'il y avait de vrais risques.

Sur l’économie, le processus de réaction est un peu identique. Si l'on en croit ce qui s’est passé lundi; dans le secret de l’Elysée, il aura fallu que l'on aligne les 3,5 millions de chômeurs de longue durée (11%), les prévisions de croissance encore en baisse et les 8 millions de votant FN, pour que François Hollande prenne la décision de demander au gouvernement de sortir les remèdes de cheval.

Et comme pour le terrorisme, beaucoup de mesures n’ont jamais été portées par la gauche. Elles ont été souvent attaquées, même quand certaines étaient relayées par des ministres de gauche comme Emmanuel Macron.

La plan d’urgence ne devrait être ni de droite ni de gauche. Il devrait être efficace disent les observateurs. Il s’agirait d’un super plan de compétitivité organisé sur trois axes qui sont des axes un peu renforcés de la loi NOE, que Valls avait repoussé aux calendes grecques. Mais maintenant que la loi s’appellera la loi Valls, le Premier ministre va penser qu'elle sera plus efficace.

1er axe : tout faire pour débloquer l’emploi. La réforme du Code du travail, avec un allègement des procédures de sortie et par conséquent de retour. Mais aussi la réforme des contrats de travail, la suppression des seuils. Il faudra tout faire pour favoriser les embauches des jeunes et des seniors, tout faire pour alléger le coût du travail et peut-être revenir sur un tabou pour la gauche, l’exonération des heures supplémentaires et l’âge de la retraite.

2e axe : la création d’entreprise. Alléger le poids de procédures qui empêchent la création d’entreprises et surtout doper le secteur des nouvelles technologies.

3e axe : améliorer la fiscalité de l’investissent et du capital. On touche là à un sujet tabou, un des plus lourds du monde occidental.

Ce super plan d’urgence économique et social aurait le soutien des chefs d’entreprise. Ce plan aurait la promesse d’une neutralité relative des chefs syndicaux qui sont très stressés, eux aussi, de voir le pourcentage de votant au FN dans la plupart des syndicats de salariés. Ce plan n’est pas écrit, il est commandé. Reste à savoir comment il sera accueilli et par la gauche, et par la droite.

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