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 Et Brigitte Bardot créa (ou presque) le bikini...
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Bonnes feuilles

Il y a 70 ans apparaissait une petite invention française qui a révolutionné l’histoire de la mode et qui, chaque été, est portée par des millions de femmes sur toutes les plages du monde. Pour la première fois, Ghislaine Rayer et Patrice Gaulupeau, spécialistes de la lingerie et des maillots de bain, racontent la véritable histoire du Bikini — créé par Louis Réard —, de sa présentation le 5 juillet 1946 à la piscine Molitor à nos jours. S’il fut peu porté au cours de la première décennie, sans doute trop osé pour l’époque, le petit deux-pièces noué sur les côtés a conquis le public notamment grâce à Brigitte Bardot qui en devint l’ambassadrice de charme, non sans laisser derrière elle un parfum de scandale. Il reste aujourd’hui un accessoire de mode iconique au succès planétaire. Extrait de "Bikini, la légende", de Patrice Gaulupeau et Ghislaine Rayer, aux éditions Michel Lafon (1/2).

Ghislaine  Rayer

Ghislaine Rayer

Ghislaine Rayer est spécialiste de la lingerie et des maillots de bain.

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Patrice  Gaulupeau

Patrice Gaulupeau

Patrice Gaulupeau est spécialiste de la lingerie et des maillots de bain.

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À la fin des années 1940 et au tout début des années 1950, le mot « bikini » n’est pas encore rentré dans le langage courant. Le bikini est toujours boudé par les médias et très peu porté par les femmes. Il entame alors une longue traversée du désert, certaines plages de l’Atlantique en France l’interdisant quand il est complètement banni dans des pays comme l’Espagne, l’Italie, la Belgique ou l’Allemagne. Louis Réard continue contre vents et marées à créer de nouvelles collections qu’il présente régulièrement à la presse. Ses catalogues comportent jusqu’à 50 modèles différents, des deux-pièces évidemment, mais aussi de nombreux une-pièce dont la mode et l’utilisation ne se départissent pas. Dans sa quête de notoriété, il essaie de reproduire le coup médiatique de Molitor en 1946 en créant, sans succès, des maillots de bain extraordinaires avec des matières improbables, comme le contreplaqué, le vinyle ou l’inox, à grand renfort de slogans publicitaires : « La collection de maillots de bain la plus formidable de tous les temps. » Il invente également le « Sexykini » qu’il avait déposé en même temps que le bikini, ainsi qu’un maillot de bain en lamé où le fil métallique sert d’antenne pour écouter la radio… Mais rien n’y fait, le charme est rompu, son heure est passée, l’histoire est en marche, Louis Réard n’y pourra plus rien, son invention lui a échappé. Le bikini va faire son entrée dans le dictionnaire, mais surtout il va rentrer dans les mœurs

En 1953, une autre bombe éclate sur la plage du Carlton à Cannes pendant le festival du film et contribue enfin à faire de bikini un nom commun. Brigitte Bardot, qui n’a alors que 18 ans pose en bikini sous les objectifs de très nombreux photographes. Ce n’est certes pas un Réard, mais dès le lendemain, le monde entier ne parle que du bikini de BB. La médiatisation internationale apportée par Brigitte Bardot aurait dû profiter au créateur, mais il n’en est rien, Louis Réard se perd en essayant d’interdire l’utilisation médiatique et commerciale du mot bikini dans les rares journaux de mode qui parlent de son invention. Déjà en délicatesse avec le monde très fermé de la mode, Louis Réard verra les portes de la renommée se fermer définitivement lorsque, pour accréditer son succès international et ses accointances avec le monde du cinéma américain, il se permettra de mentionner à tort dans ses publicités la clientèle de stars hollywoodiennes telles que Rita Hayworth, Dorothy Lamour ou Esther Williams. Dans un catalogue Réard, ou peut lire : « Nous avons réalisé certains maillots de bain qu’Esther Williams, la grande vedette nageuse de la Metro Goldwyn Mayer, portait dans les films Le Bal des sirènes et Frissons d’amour. » Mais, quand elle tourne ces deux films, la star nautique est déjà en contrat avec la marque Cole, avec laquelle elle a créé une licence à son propre nom, les maillots de bain Réard lui étant complètement inconnus.

En 1958, une boutique Réard est enfin ouverte dans le prestigieux quartier de l’Opéra à Paris, mais c’est déjà trop tard ! Louis Réard n’a pas su multiplier les points de vente, il est presque le seul et unique dépositaire de sa marque et sa communication ne trompe plus personne : « ATTENTION, tout le monde ne peut avoir un RÉARD. Fournisseur des plus grandes vedettes du monde entier, notre production est par cela même STRICTEMENT LIMITÉE. » Louis Réard fut donc un homme haut en couleur et à la personnalité contrastée. Les coups de génie de ce créateur inspiré, mais piètre gestionnaire, ne suffiront pas à faire de lui le styliste reconnu qu’il aurait dû être. Sa plus grande trouvaille est sans doute d’avoir popularisé un lieu géographique microscopique pour en faire un nom commun mondialement connu, un nom écrit et compris de façon identique dans toutes les langues, dans tous les pays et sur tous les continents.

Extrait de "Bikini, la légende", de Patrice Gaulupeau et Ghislaine Rayer, publié aux éditions Michel LafonPour acheter ce livre, cliquez ici

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