Et bientôt l’IA pour communiquer avec les animaux ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Les progrès de l'IA pourraient permettre de mieux comprendre le langage des animaux et relancent ainsi l'espoir de communiquer avec eux.
Les progrès de l'IA pourraient permettre de mieux comprendre le langage des animaux et relancent ainsi l'espoir de communiquer avec eux.
©Angela Weiss / AFP

Innovation

Les dernières avancées dans le domaine de l'intelligence artificielle pourraient déboucher pour la première fois sur le décodage du langage de diverses espèces d’animaux.

Laurent Alexandre

Laurent Alexandre

Chirurgien de formation, également diplômé de Science Po, d'Hec et de l'Ena, Laurent Alexandre a fondé dans les années 1990 le site d’information Doctissimo. Il le revend en 2008 et développe DNA Vision, entreprise spécialisée dans le séquençage ADN. Auteur de La mort de la mort paru en 2011, Laurent Alexandre est un expert des bouleversements que va connaître l'humanité grâce aux progrès de la biotechnologie. 

Vous pouvez suivre Laurent Alexandre sur son compe Twitter : @dr_l_alexandre

 
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Atlantico : Communiquer avec les animaux… Un vieux rêve de l’Homme souvent cantonné à des œuvres de fiction. Mais très bientôt, les intelligences artificielles spécialisées en communication pourraient changer la donne. Qu’est-ce que cette innovation pourrait rendre possible ?

Laurent Alexandre : Il existe deux marchés majeurs. Tout d'abord, le marché académique qui vise à mieux comprendre le règne animal et à faire progresser l'éthologie. Ensuite, il y a le marché de la communication avec les animaux domestiques, qui présente un potentiel énorme en raison de la forte inclination des propriétaires d'animaux, notamment les propriétaires de chiens, à vouloir comprendre et communiquer avec leurs compagnons. En France, par exemple, les gens sont plus enclins à payer pour les soins vétérinaires que pour les dépenses médicales personnelles. Ce marché est donc considérable et très vaste, même si la technologie n'est pas encore totalement mature. 

Dans un horizon de 10 à 20 ans, il est très probable que nous serons capables de traduire le langage animal. Cependant, nous ne savons pas encore quelle sera la richesse de ce langage. Prenez l'exemple des chauves-souris, l'un des mammifères les mieux étudiés. Leur langage semble être plus complexe que ce que nous avions initialement imaginé. En revanche, pour d'autres animaux qui ont été moins étudiés par le biais de l'intelligence artificielle, nous avons encore des incertitudes quant à la diversité de leurs expressions. 

Surtout, comment expliquer ce désir de vouloir communiquer avec les animaux ?

Il est très intéressant de mieux comprendre les animaux et leurs comportements. Du point de vue darwinien, cela nous permet de comprendre comment notre lignée et nos ancêtres évoluent. Cela présente un intérêt scientifique extraordinaire pour appréhender le règne animal. 

En général, les humains adorent communiquer et comprendre les autres, parfois même dans le but de les manipuler. C'est une constante dans notre comportement. Ce désir de communiquer est si fort que nous avons vu se développer des addictions dans la communication entre les humains et les langages de type Chat GPT, au point qu'il y a quelques mois, un Belge s'est suicidé après des échanges avec un chatbot. Que ce soit avec nos semblables, nos animaux de compagnie, les animaux sauvages ou les intelligences artificielles, nous avons un immense besoin de parler et de discuter. D'ailleurs, un de mes amis proches m'a fait remarquer qu'il préférait discuter avec GPT-4 plutôt qu'avec ses amis. Ce besoin de communication est omniprésent et l'intelligence artificielle ouvre deux nouvelles perspectives : pouvoir communiquer avec les animaux et pouvoir communiquer avec elle-même. Ce sont deux nouveaux acteurs de la communication que l'intelligence artificielle apporte.

Peut-on vraiment imaginer un futur où il serait possible d’avoir une conversation avec des animaux ? Quels sont les défis qui se dressent encore face à nous ?

Je pense que cela pourrait être décevant. Même si j'adore les chiens, leurs capacités de pensée conceptuelle sont bien inférieures à celles de GPT-4. 

Ce qui est intéressant, c'est que jusqu'à présent, les éthologues et les spécialistes du langage animal se sont concentrés sur l'observation et la classification des comportements des animaux. Ils ont ensuite associé ces comportements à des enregistrements sonores. Maintenant, nous pouvons faire mieux. Nous pouvons directement montrer des vidéos à un modèle de réseau neuronal multimodal, comme la future version de GPT-4. Cela signifie que nous pouvons utiliser des vidéos pour que le réseau neuronal puisse analyser les différents comportements des animaux ainsi que les enregistrements sonores. Sans nécessiter une intervention humaine lourde, il sera capable de décoder le langage animal en observant seconde par seconde les comportements. Malheureusement, il est difficile de prédire avec certitude combien de temps il faudra pour parvenir à cet objectif, même si des progrès importants seront réalisés dans les années à venir. 

Un dernier point. Je ne suis pas sûr que les propriétaires de chiens et de chats soient très heureux de connaître les pensées exactes de leurs compagnons. Peut-être vaut-il mieux rester dans l'incertitude et imaginer ce que pense son animal plutôt que de le savoir avec certitude… Il en va parfois de même pour les relations humaines. Ainsi, est-il toujours souhaitable de savoir exactement ce que pense notre partenaire ? 

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