Epidémies à tous les étages : les virus qui s’attaquent aux forêts sont en nette augmentation à travers la planète<!-- --> | Atlantico.fr
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oliviers arbres menace
oliviers arbres menace
©Charles ONIANS / AFP

Virus des forêts

Des micro-organismes tueurs d'arbres menacent notamment des oliviers dans le sud de l'Italie et pourraient modifier l'écosystème en Australie. Comment expliquer ce phénomène ? Cette situation est-elle irrémédiable ?

Dominique Audrerie

Dominique Audrerie

Dominique Audrerie est un expert indépendant des questions environnementales.

Il est également docteur en droit de l'environnement et ancien directeur du Conseil d'architecture, d'urbanisme et de l'environnement (en 1993).

Il est avocat à la Cour et maître de conférences.

Il est l'auteur de Petit vocabulaire du patrimoine culturel et naturel (Confluences, 2003).

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Atlantico.fr : Une bactérie est en train de tuer les oliveraies dans le sud de l’Italie. En Australie, un pathogène fongique est en train de modifier l’écosystème. Comment cela est arrivé ? Pourquoi y-a-t-il eu une augmentation de ce virus ?

Dominique Audrerie : La nature est faite d'équilibres subtils et fragiles. Par sa capacité à se renouveler, de saison en saison, elle est capable de résister à ses prédateurs naturels. L'alternance des saisons favorise la disparition de tel ou tel « agresseur ». Bien plus des animaux se chargent de nettoyer la nature de prédateurs ; exemple les oiseaux qui se nourrissent de pucerons, qui s'en prennent eux-même à certaines plantes.

De la même façon la nature se renouvelle, se régénère grâce à d'autres espèces ; par exemple le rôle des abeilles , à la fois si fondamental et si discret.

On ne peut qu'être émerveillé par la capacité de la nature à reprendre ses droits, à faire naître à nouveau plantes et animaux après des moments de terribles dévastations par l'eau ou par le feu.

La nature sait combattre et résister à ses prédateurs.

Toutefois, au fil de la longue histoire, de millénaire en millénaire, des espèces disparaissent irrémédiablement, espèces animales ou végétales, du fait de transformations climatiques notamment, mais pas uniquement. Celles-ci rendent peu à peu impossibles la vie ou la survie de telle ou telle espèce, qui laisse place à d'autres espèces mieux adaptées aux conditions nouvelles et qui participent à la destruction de certaines espèces plus anciennes.

Ces grandes mutations de la nature, que l'on commence à mieux connaître et comprendre aujourd'hui, s'accélèrent de manière alarmante du fait d'actions inconsidérées de l'homme à l'époque moderne. Pour s'en tenir à l'agriculture, les modes de culture et les produits utilisés ont irrémédiablement transformé, voire tué nombre d'écosystèmes. Les plus anciens parmi nous se rappellent les haies bordant les routes ou les pâtures, refuges pour nombre de petits animaux ; les papillons et les sauterelles accompagnaient les marcheurs dans les champs. Tout cela a disparu. La cons équence est que, lorsque un prédateur se développe, il n'y a plus d'autres espèces qui naturellement seraient intervenues ; ainsi pour des chenilles, des moustiques, etc. qui se multiplient sans rencontrer véritablement ce qui les aurait contenu. D'où le recours à des produits chimiques … quand ils sont efficaces, avec le risque qu'ils produisent de nouveaux déséquilibres !

La mondialisation pourrait-elle être une des causes de l'augmentation du virus dans le monde ?

La mondialisation, c'est à dire la multiplication des échanges tant des personnes que des biens à l'échelle planétaire, a eu pour conséquence directe qu'un fléau local se généralise rapidement de régions en régions. Ce qui était local devient mondial.

Les difficultés rencontrées en Italie seront bientôt constatées en France, et ainsi de suite.

Il s'en suit que les interventions humaines, via des produits chimiques, deviennent indispensables, la nature montrant désormais de véritables carences face à des prédateurs ou des maladies qu'elle n'est plus capable seule d'affronter du fait de modifications liées, il faut le redire, à des actions irresponsables de l'homme à une époque récente. Ce phénomène ne peut que s'amplifier.

Comment peut-on contenir le virus ? Cette situation nouvelle est-elle irrémédiable ?

D'un côté on ne peut que constater ces « maladies » nouvelles devant lesquelles nous sommes quelque peu démunis. Nous constatons la disparition d'espèces nombreuses, conséquence directe de ces déséquilibres et des méfaits qu'ils entrainent.

D'un autre côté, une prise de conscience, certes encore insuffisante, peut et doit amener à une transformation des comportements, singulièrement vis à vis des richesses naturelles. A titre d'exemple, l'abandon de certaines pratiques agricoles permet de voir revenir des papillons et des oiseaux qui s'en étaient allés.

Personnellement je crois que la nature est capable de rétablir des équilibres, sans doute différents, mais à la condition que l'homme cesse de l'agresser sans limite, et donc de la détruire. Nous devons d'urgence réapprendre à respecter la nature.

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