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Entre incohérences et lâchetés, le terrifiant aveu d’impuissance français face à l’islam radical
©CHRIS YOUNG / AFP

Bonnes feuilles

Une guerre se gagne d’abord dans les esprits. Mais au nom de quel héritage et pour quels idéaux les Européens seraient-ils encore prêts à se battre ? Cette question est la seule qui vaille. Dès 2002, avec une cruelle ironie, Philippe Muray invitait les djihadistes à « craindre le courroux de l’homme en bermuda ». Il annonçait la suite en ces termes : nous serons les plus forts car nous sommes les plus morts. Souhaitons-nous lui donner raison ? Extrait de "Pour quoi serions-nous encore prêts à mourir ?" d'Alexandra Laignel-Lavastine, aux Editions du Cerf (1/2).

Alexandra Laignel-Lavastine

Alexandra Laignel-Lavastine

Docteur en philosophie, historienne, essayiste, longtemps critique au Monde, Alexandra Laignel-Lavastine a reçu le Prix de l’Essai européen en 2005, le Prix de la Licra en 2015 pour La Pensée égarée. Islamisme, populisme, antisémitisme : essai sur les penchants suicidaires de l’Europe (Grasset) et la Ménorah d’or 2016 pour l’ensemble de son œuvre. Elle est l’auteur d’une dizaine d’ouvrages, la plupart traduits à l’étranger.

Son dernier ouvrage, Pour quoi serions-nous encore prêts à mourir ? Pour un réarmement intellectuel et moral face au djihadismevient de paraître aux éditions du Cerf. 

 

 
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Mais notre capacité à nous soumettre et à nous démettre ne connaît plus de limites. L’emblématique saison estivale 2016 vient encore l’illustrer. Elle s’est ouverte sur des carnages islamistes à répétition, elle s’est close sur l’arrêt du Conseil d’État décrétant que se baigner en tenue islamique constitue une liberté fondamentale, en rien attentatoire à l’ordre et à la morale publiques. L’islam radical et sécessionniste menace le pacte républicain : soyons bienveillants et autorisons sur nos plages celles qui s’en réclament à en arborer le symbole par pure provocation.

Hani Ramadan, le frère de Tariq et petit-fils du père fondateur des Frères musulmans, a dû se réjouir. Invité à s’exprimer sur « l’islamophobie » à Genève, devant un groupe d’élèves âgés de quinze à dix-sept ans – ce qui est déjà stupéfiant en soi –, cet islamiste leur expliquait au printemps 2016 que « la femme sans voile est comme une pièce de deux euros. Visible par tous, elle passe de main en main ». Du reste, comment s’étonner d’un tel propos quand, dans une tribune que Le Monde avait eu la lumineuse idée de publier en septembre 2002, le même individu légitimait la lapidation au motif qu’il s’agissait d’une « injonction divine ». Son frère Tariq, la coqueluche de l’extrême gauche française, penchait, lui, pour un « moratoire ». Chacun a bien le droit d’avoir ses opinions…

Nous nous sommes tellement habitués à consentir que personne ne s’est avisé du terrible aveu d’impuissance logé au cœur d’un commentaire, de prime abord sibyllin, du ministre de l’Inté- rieur à la fin de l’été 2016. Bernard Cazeneuve, nommé Premier ministre en décembre, déclarait ainsi que la France avait « plus que jamais besoin d’une relation apaisée avec les musulmans ». Avec les musulmans sans autre précision et « plus que jamais », c’est-à-dire après les tueries que nous savons.

Primo, Bernard Cazeneuve ne juge pas utile de distinguer les musulmans entre eux, amalgamant, pour le coup, les musulmans « normaux » qui s’étranglent de rage face aux largesses du Conseil d’État, et les extrémistes qui leur font un tort immense. Les voilà donc versés, sans vergogne, dans le même sac. Deuxio : si « la France a plus que jamais besoin d’une relation apaisée avec les musulmans », c’est qu’elle ne l’est pas. Elle serait donc tendue, voire très tendue. Oui, mais avec qui ? Pourquoi apaiser nos relations avec les musulmans… paisibles ? Il n’y a pas lieu, elles le sont déjà. Mais alors avec qui ces relations sont-elles compliquées ou conflictuelles ? Réponse : avec les fondamentalistes et les salafistes dont les troupes grossissent à vue d’œil. Il convient par conséquent de les caresser dans le sens du poil. En clair : apaisons les frustrations des ennemis déclarés de l’Occident en leur donnant satisfaction. Les musulmans d’ores et déjà apaisés n’ont qu’à se taire. Cela leur apprendra à être de bons citoyens.

Serions-nous invités à comprendre que l’islam politique rallierait en France un nombre croissant de sympathisants ? Si on lui demandait d’être cohérent avec lui-même et de convenir que l’islam radical représente l’idéologie la plus vigoureuse du moment et Daech une des marques les plus prisées dans nos « quartiers » (la France est tout de même la première fabrique de djihadistes en Europe), d’où le fait que le ministre ait précisément éprouvé le besoin d’énoncer une proposition aussi insensée, il répondrait certainement qu’une telle vision est très excessive et relève presque du racisme. À ce stade, nous perdons, au sens strict, la raison. Plus l’islamisme fera de victimes, plus nous capitulerons ? On n’en finit pas de toucher le fond.

Extrait de "Pour quoi serions-nous encore prêts à mourir ?" d'Alexandra Laignel-Lavastine, aux Editions du Cerf 

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