Entendu sur France Info : "Hollande est beau comme un astre !"

Il m'arrive, très rarement, d'écouter France Info. Je n'aime guère la musique idéologique que cette radio diffuse sur les ondes. Elle est monotone, répétitive et ne révèle jamais aucune surprise mélodique. Cette radio fait partie du service public. Ce qui ne veut pas dire qu'elle soit d'utilité publique…

Bravant mes réactions allergiques, au demeurant totalement anodines car elles cessent dès que j'éteins le poste, mardi en fin de journée j'ai ouvert France Info. J'étais en effet impatient de savoir comme s'était déroulé, au Théâtre du Rond-Point, le premier acte du lancement de la campagne présidentielle de François Hollande. C'était certainement mon jour de chance. Car je suis tombé sur ce que France Info a de plus chic. Pas sur un (ou une) obscur(e) journaliste ânonnant le dernier flash d'information. C'est Nathalie Bourrus qui était derrière le micro. Une chroniqueuse vedette qui n'éditorialise que pour de très belles occasions : les migrants si attachants, François Hollande si émouvant… Elle était donc au Théâtre du Rond-Point.

Elle a retenu les grands moments de ce spectacle. Et c'est avec émotion qu'elle nous a rapporté que la salle était "comble". Une précision sans aucun doute nécessaire et indispensable : la grande salle du Théâtre du Rond-Point compte précisément 760 places ! Hollande jouait donc à guichets fermés. On peut supposer que si la réunion s'était tenue dans une cabine téléphonique l'excellente chroniqueuse de France Info nous aurait informés que la salle était "pleine à craquer".

S'en est suivie une ardente description de la reconquête entamée par un président de la République "vent debout". Ainsi le capitaine de pédalo était devenu un marin courageux affrontant à la proue de son grand voilier une mer cruelle et déchaînée. Puis la température est montée. Celle de la chroniqueuse. Celle de la salle, on ne sait pas…

On a appris ainsi, après une évocation des mânes de Léon Blum et de François Mitterrand, que la gauche était belle ("ravissante" même, selon Hollande) car elle avait enfin perdu ses complexes "dignes d'un ado attardé" et boutonneux. Tout ça grâce à qui ? Et là ce n'était plus de l'amour mais de la rage. La chroniqueuse : "Je vous le dis : François Hollande n'a plus 15 ans, il a guéri ses boutons d'acné. Il a 20 ans et il est beau comme un astre".

"Beau comme un astre" ? Elle n'a pas dit "beau comme la Lune" car la Lune est un astre mort. On avait affaire là à une vraie et brûlante passion. On croyait que ce genre d'effusions amoureuses était réservées à Julie Gayet après avoir servi à Valérie Trierweiller et à Ségolène Royal. Il est vrai que François Hollande "a 20 ans" et qu'il est très certainement craquant. Il est vrai aussi qu'une journaliste est un être humain et qu'elle peut, comme tout être humain, avoir des élans amoureux.

Cependant, il se trouve que France Info n'est quand même pas une alcôve. C'est une radio du service public. Ce qui lui crée quelques obligations que n'ont pas les radios privées. Elle vit en effet de la redevance : nous la payons et comme nous sommes dans un pays libre, il nous est permis de ne pas l'écouter. Mais pourquoi devrions-nous payer pour des denrées que nous refusons de manger, soit parce que nous y sommes allergiques soit parce qu'elles sont avariées ?

Du temps de la défunte Union Soviétique, les choses étaient plus simples. Il n'y avait qu'une seule radio. De surcroît dans les rues des haut-parleurs diffusaient en permanence des émissions à la gloire du camarade Staline. Impossible d'y échapper. Mais au moins c'était gratuit. Ce qui n'est pas le cas de France Info. Radio Moscou, c'était peut-être mieux, non ?