En pleine crise, le Nobel d’Economie est choisi pour ne pas attiser les haines et récompenser le politiquement correct… les centristes socio-démocrates vont être contents<!-- --> | Atlantico.fr
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Les lauréats du prix Nobel 2021 en sciences économiques, David Card, Joshua Angrist, Guido Imbens, révélés lors d'une conférence de presse à Stockholm, le 11 octobre 2021.
Les lauréats du prix Nobel 2021 en sciences économiques, David Card, Joshua Angrist, Guido Imbens, révélés lors d'une conférence de presse à Stockholm, le 11 octobre 2021.
©CLAUDIO BRESCIANI / AGENCE DE PRESSE TT / AFP

Atlantico Business

La science économique n’aura pas fait beaucoup de progrès avec les trois gagnants Nord-Américains. Cette année, le Nobel d’économie ne va pas troubler l’ordre académique et récompense, une fois de plus, des scientifiques du sérail. Plus keynésiens et socio démocrates que les lauréats 2021, tu meurs.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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On en a assez peu parlé et on en parlera assez peu. C’est comme si le comité qui choisit les prix n’était pas très fier de ce choix très mainstream.

Le prix de la Banque de Suède, vrai nom du prix Nobel qui récompense le lauréat en économie, a été attribué en deux fois ce lundi à trois chercheurs tous Nord-Américains et officiant dans des universités américaines. Le premier prix récompense David Card, spécialiste de l’économie expérimentale. Le second est décerné à des économistes ayant effectué un travail distinct mais du même registre, deux Américains, Joshua Angrist et Guido Imbens.

Encore une fois, le comité qui décerne le Nobel, l’Académie royale des sciences de Suède n’a pas cherché à récompenser l’innovation ou la transgression, mais plutôt des chercheurs très académiques formés ou plutôt déformés à la pensée keynésienne, dont se nourrissent depuis un demi-siècle les bons Samaritains du keynésianisme.

D’abord, parce que les conclusions des chercheurs récompensés ne sortent pas des sentiers battus. Pour le premier prix Nobel, David Card, professeur à l’université de Berkeley, on est au cœur du politiquement correct. David Card a analysé les effets du salaire minimum, du niveau d’éducation ou de l’immigration sur le taux de chômage d’un pays. Et bien, devinez ce qu’il a découvert. A la suite d’une étude expérimentale menée dans des fast-foods américains du New Jersey, secteur où les salaires sont traditionnellement bas, l’économiste a observé qu’une hausse des salaires dans certains restaurants engendrait des effets positifs sur le taux d’emploi et sur la productivité des salariés. Certains chômeurs, et notamment les moins qualifiés, étant plus incités à reprendre le chemin de l’emploi. Alors que pour le groupe témoin, aucun changement n’est à noter.

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Dans une autre étude, David Card avait appliqué cette méthode empirique à une autre question, celle de l’immigration. Prenant pour exemple Miami dans les années 1980, qui avait dû accueillir une vague de migrants cubains après que Fidel Castro ait chassé les dissidents de son île lors de l’exode de Mariel, David Card avait comparé l’évolution du taux de chômage et du niveau des salaires avec quatre autres villes américaines n’ayant pas connu le même phénomène. Résultat : le taux de chômage avait augmenté de plus de deux points dans un premier temps, avant de redescendre à un niveau inférieur à son point de départ, évolution que n’avaient pas connu les villes témoins. Miami n’a pas non plus connu une baisse significative des salaires sur cette période.

Pur keynésien, David Card rajoute que l’arrivée de nouvelles populations s’accompagne d’une augmentation de la demande et donc in fine de la consommation et de l’emploi. Formidable découverte. Sa vision a été reprise récemment pour argumenter à l’encontre des politiques anti-migrants quand Donald Trump était au pouvoir.

Joshua Angrist, professeur au MIT, a lui travaillé à évaluer le bénéfice d’études plus longues sur le comportement des futurs salariés. Et là encore devinez ce qu’il a découvert. Les élèves qui avaient tendance à quitter l’école dès qu’ils en avaient légalement le droit étaient aussi ceux qui étaient amenés à gagner le moins d’argent. Le chercheur avait estimé le bénéfice d’une année supplémentaire à une augmentation de 9% des revenus. On croit rêver d’une telle découverte.

Un des points communs aux travaux de ces trois économistes est le recours à des « expériences naturelles », situations observées dans la vie courante et desquelles les chercheurs en déduisent des théories. Les chercheurs testent une hypothèse pour mettre en évidence des relations de cause à effet, en prenant deux groupes d’individus, l’un faisant office de groupe « traité », l’autre de groupe témoin. Une façon de simplifier et de rapprocher l’économie du réel, ce qui n’est, ici, peut-être pas une mauvaise chose.

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