En attendant les vaccins : mais au fait, où en sont les traitements de la Covid-19 ?<!-- --> | Atlantico.fr
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traitement Covid-19 coronavirus
traitement Covid-19 coronavirus
©JOEL SAGET / AFP

Recherche médicale

Alors que la vaccination contre la Covid-19 se poursuit, la recherche avance sur la mise au point de traitements contre l’épidémie. Quels sont les traitements prometteurs contre le virus ?

Etienne Decroly

Etienne Decroly

Etienne Decroly est virologue spécialiste du VIH. Directeur de recherche au CNRS dans le laboratoire Architecture et Fonction des Macromolécules Biologiques (AFMB) de l’Université d’Aix-Marseille. 

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Atlantico.fr : Actuellement seule la stratégie vaccinale semble être une arme contre la Covid-19 et on parle peu des traitements. Pourtant, on suppose que des laboratoires de recherche travaillent sur ces derniers, alors quelle est l’avancée de leur travail ?

Etienne Decroly : Dans les stratégies antivirales, il y a deux pistes principales existantes :

  • Une première consistant à développer des molécules interagissant avec le virus et l’empêchant de se développer trop massivement.
  • Une deuxième travaille lorsque les patients deviennent malades. On sait que la maladie est liée au fait d’une hyperréaction du système immunitaire avec une tempête cytokinique. La tempête est responsable de symptômes graves et si on contrôle mieux la tempête et la réaction inflammatoire, on peut éviter des cas graves et éventuellement qu’elles décèdent. Ce sont des traitements de supports permettant de progresser dans la maladie sans pour autant contrôler le virus…

En ce qui concerne les stratégies antivirales, malheureusement aujourd’hui assez peu de molécules ont prouvé leur efficacité. Seulement quelques molécules ont obtenu leur autorisation de mise sur le marché et cela diffère selon les pays, on trouve le remdesivir ou le favipiravir. Ces deux antiviraux sont des homologues des nucléosides, une drogue qui comprends les composants génétiques du virus. Au moment où le virus se réplique, il va à la place d’incorporer le nucléotide naturel prendre la drogue et cela va conduire à des erreurs de multiplication.

L’efficacité de ces composés est très limitée. Les études chez les animaux ont montré depuis longtemps que pour que l’efficacité soit bonne, il fallait traiter de manière très précoce. Malheureusement, comme ces composés sont soit compliqués à administrer car ils sont injectables, soit difficiles à administrer car il y a des risques de toxicité des composés. Il est impossible de traiter systématiquement des patients et l’administration survient trop tardivement pour que l’efficacité soit significative donc il y a très peu d’effets.

D’autres traitements en développement existent qui arriveront prochainement sur le marché. La grande différence étant que les molécules sont souvent nouvelles et en cours de développement. Il y a la polymérase (analogue de nucléotides et nucléosides), également des inhibiteurs de protéase mais ils ne sont pas encore disponibles. Il y a eu beaucoup d’espoir sur des molécules dont certaines amenaient des activités antivirales in vitro dans certains systèmes cellulaires. Cependant, les essais cliniques n’ont pas démontré d’efficacité importante. Soit la balance efficacité/risque n’était pas bonne, soit l’efficacité clinique péchait. Si un composé était sûr à 100 %, il n’y aurait pas de débat.

L’Institut Pasteur de Lille s’intéresse au Clofoctol est-ce une piste intéressante ?

Les molécules en repositionnement sont nombreuses. Il y en a qui sont en développement aussi au Canada, l’ivermectine revient sur le devant de la scène. Il y a toute une série de composants qui sont encore à l’étude et il est important d’éviter de se prononcer sur ces molécules avant d’avoir vu des effets cliniques réels. Il ne faut pas rejouer des scènes qui se sont déjà jouées.

Le traitement Allocetra du laboratoire Enlivex Therapeutics semble avoir des essais concluants, est-ce une molécule intéressante ?

Une étude sur 30 patients a peu d’intérêt d’être commentée. Afin de gagner en intérêt il faut que l’étude soit poursuivie et enfin connaître l’effet de cet immunorégulateur.

Alors y a-t-il eu des essais cliniques intéressants sur certaines de ces molécules ?

Absolument, des essais cliniques sont encore en cours et l’ivermectine est encore dans les tuyaux. Il ne faut cependant pas crier victoire à propos d’une molécule afin d’éviter le risque d’automédication de la population. On a vu que cela a posé problème par le passé.

Une fois que les patients sont malades, les thérapies sont-elles efficaces ?

Lorsque les patients sont malades, on voit plus significativement les effets d’une molécule. Dans les familles de composés qui marchent, les molécules régulant les réponses inflammatoires traitent l’hypérraction du système immunitaire. Certaines sont en essais cliniques et marchent bien. Nous avons aussi des traitements supports car on sait qu’il y a des troubles de la coagulation liés à la maladie. En associant ces molécules à des anti-inflammatoires, on a des résultats relativement bons. Les traitements avec l’oxygénation participent également à améliorer le taux de traitement des patients en réanimation. Grâce à cela, le pourcentage de personnes qui meurent en réanimation a grandement diminué.

Des anticorps neutralisants sont aussi en train d’arriver. Ils sont similaires à ceux que l’on trouvent dans le sérum de patients infectés par le virus. C’est une sous-classe dans l’ensemble des anticorps qui va se fixer sur la protéine Spike et qui bloque l’entrée du virus dans sa cellule et donc son application. Différentes compagnies ont identifié des anticorps précis et certains vont être prochainement disponibles. La difficulté de cette classe étant l’apparition du variant car le risque pourraît être que ces anticorps perdent leur efficacité. Quand on laisse courir ces pathogènes dans la nature, ils vont évoluer et cela va être de plus en plus difficile de contrôler.

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