Démocratie
Elections 2022 dans une France sous dirigée et sur administrée
Aucun candidat ne propose aux électeurs un ensemble cohérent de mesures susceptibles de contribuer effectivement à un redressement de nos finances publiques, préalable indispensable à une restauration de notre souveraineté et au rétablissement de notre capacité à maitriser notre destin collectif.
Panorama des élections à venir
A moins de deux mois du premier tour, et alors que le président sortant n’a toujours pas confirmé qu’il se représenterait pour un second quinquennat, les principaux candidats en lice font assaut de mesures catégorielles supposées corriger inégalités ou perte de pouvoir d’achat.
Elles sont théoriquement financées pour la gauche par une fiscalité encore plus confiscatoire, pour les droites par des suppressions d’emplois dans la fonction publique, des réductions de prestations sociales pour certaines catégories, tels les étrangers.
Ces mesures ne paraissent pas véritablement financées, et si mises en oeuvre, contribueront à l’aggravation des déficits. La France est en tête des pays développés pour les prélèvements sociaux en pourcentage du PNB. Le déficit budgétaire de 2021 s’établirait selon les annonces du premier ministre à 7% du PNB ; notons que la norme établie par l’Union européenne est de 3%, que l’on devrait respecter en 2027, selon les prévisions de l’administration Macron. Le dernier exercice équilibré était au début des années 1970. Rappelons que l’Allemagne est en excédent budgétaire, ce qui permet à la France, grâce à l’Euro, de bénéficier d’une notation de crédit non justifiée par nos déficits abyssaux et notre endettement public.
La droite propose des réductions d’impôts, dits de production. La gauche veut aggraver la fiscalité. Ignorant la courbe dite de Laffer selon laquelle au-delà d’un certain niveau de ponctions sociales et fiscales l’augmentation des prélèvements se traduit par une baisse des rentrées fiscales. Aucun candidat à ce stade et en aucun cas, le titulaire actuel de la fonction, ne proposent aux électeurs un ensemble cohérent de mesures susceptibles de contribuer effectivement à un redressement de nos finances publiques, préalable indispensable à une restauration de notre souveraineté et au rétablissement de notre capacité à maitriser notre destin collectif.
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Le passif des régimes passés
Nous avons eu successivement durant les deux derniers quinquennats un président faible, avec des premiers ministres relativement autonomes et un parti majoritaire indiscipliné ;
suivi d’un président jupitérien, affublé de ministres médiocres par son propre choix, soutenu par un mouvement politique sans ancrage électoral dans le pays réel. Le titulaire de la fonction suprême est titulaire d’un pouvoir sans partage, son parti a perdu successivement toutes les échéances électorales. Pourtant, il ne gouverne pas, il godille selon sa cote de popularité. Les décisions sont prises uniquement en fonction de ce simple indicateur. Il supprime l’ENA mais laisse une administration centrale surpuissante et incontrôlée gérer le pays sans partage, ni concertation, ni responsabilité sanctionnée. Cette dualité d’un pouvoir politique présidentiel, supposé fort mais largement ineffectif, d’un législatif sans pouvoir car sans moyens, face à une administration en contrôle effectif du pays, est la source de nos maux et de nos vulnérabilités. Ce thème n’est pas central dans notre débat public, pourtant il est au moins partiellement perçu par un des candidats non issus du sérail.
Un nécessaire retour aux fondamentaux de la démocratie libérale
Le philosophe britannique John Locke fut sans doute un des premiers penseurs à réfuter la théorie du droit divin des monarques, et à promouvoir la prééminence des droits individuels fondamentaux, vie, liberté et propriété. Principes repris en 1776 dans la “Declaration of Independence” des treize colonies américaines contre la monarchie britannique, “Life, Liberty and pursuit of Happiness”.
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Une autre formulation de ces principes est la règle dite de subsidiarité, selon laquelle le pouvoir, non exercé directement par les individus, doit être délégué par eux à un échelon décisionnel du plus proche niveau de proximité.
Les pouvoirs délégués sont ce que l’on caractérise habituellement par l’expression “domaine du régalien”. Défense nationale, police, justice… En bref, le domaine dit de sécurité. C’est précisément, et avant tout dans ces secteurs, que singulièrement les présidences de Francois Hollande et Emmanuel Macron ont fait preuve de laxisme, d’insuffisances de moyens, voire de carences fondamentales, tolérant l’abandon de souveraineté sur des portions de territoire au profit de réseaux de délinquants et de dérives communautaristes.
Une des causes de cet état de fait est une désastreuse absence de politique migratoire renforcée par un gouvernement des juges nationaux et extra-territoriaux. Ainsi qu’une idéologie expiatoire de plus en plus tolérée et endossée au plus haut de l’Etat pour une colonisation historique notamment dans le continent africain. Cette abdication de l’Etat face à ses missions régaliennes, est aggravée par l’importance croissante de ce que l’on appelle aux Etats-Unis “the administrative state”.
C’est-à-dire le développement en sus des trois pouvoirs fondamentaux et supposés équilibrés - exécutif, législatif, et judiciaire - d’un quatrième de plus en plus puissant, car autonome : celui de l’administration centrale et d’un secteur public étatique sans tutelle véritable, si ce n’est très a posteriori, par la Cour des Comptes. Parallèlement la déconcentration s’est effectuée par une multiplicité d’échelons intermédiaires, sans rapport avec la règle de subsidiarité.
Tous ces doublons contribuent à une dilution de l’autorité, notamment dans les domaines de la sécurité, ainsi qu’à une explosion des coûts de gestions. Le pouvoir central se déchargeant de tâches régaliennes sans transfert des recettes correspondantes, fragilisant ainsi les finances des collectivités territoriales. Certains parlent de ce millefeuille territorial, peu proposent d’y porter remède.
La crise du COVID-19, la manière dont elle a été gérée, les voltefaces, la primauté du politique sur les responsables du système de santé, a été une autre manifestation évidente des dysfonctionnements de notre système de gouvernement. L’alternance de décisions de confinement et de relâchement, le mécanisme absurde des autorisations administratives, les masques, la gestion de la production, puis de la distribution de la vaccination, pour recourir en urgence aux services d’un cabinet de conseil américain, sont une nouvelle évidence de notre sous gouvernement, doublé par une sur administration.
Il est dommage que les candidats n’aient pas également conscience de ce problème fondamental qu’est la subsidiarité de notre pays et qu’Eric Zemmour, le seul candidat qui ose affronter cette réalité en face, soit diabolisé. A cela rien d’étonnant : on est habitué à ce que l’opinion générale s’en prenne au porteur de mauvaise nouvelle. Remarquons qu’il serait tout aussi illusoire de s’accrocher à un homme providentiel, même si on est porté à le croire parce qu’il n’est pas issu du sérail, ce qui crédibilise son analyse et renforce sa sincérité.
Enfin, il est à souhaiter que tous les candidats au poste présidentiel aient une égale conscience de cette problématique. Les Français doivent pouvoir choisir entre ceux qui proposeront la meilleure offre pour répondre à ce problème crucial qui déterminera l’avenir de notre pays.
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