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Vague rose et décapitations de personnalités : un paysage politique bouleversé
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EDITORIAL

1ers résultats du second tour des législatives : notre éditorialiste Anita Hausser commente la soirée électorale.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Mise à jour 18/06/2012 à 7h45

Avec 314 sièges pour le Parti Socialiste (qui obtient la majorité absolue à lui tout seul), 17 pour les Ecologistes, 10, pour le Front de Gauche, et seulement 229 élus pour l’UMP, c’est un paysage politique profondément bouleversé qui est sorti des urnes. Aucun ministre candidat n’a été battu, ce qui limitera l’ampleur du remaniement annoncé pour le milieu de semaine. Une vague rose, mais aussi une somme de situations locales, marquées par des parachutages ratés et des dissidences réussies (René Dosières dans l’Aisne, et Dominique Baert (PS) à Roubaix-Tourcoing qui barre la route à la candidate officielle EELV).

Au lendemain du deuxième tour des législatives, François Hollande a désormais  les coudées franches pour mener à bien le changement promis, puisque la Gauche, comme la droite à une époque, concentre désormais le pouvoir législatif mais aussi tous les pouvoirs régionaux. Un changement qui n’aura pas le même goût pour tout le monde. Si le Premier Ministre a promis le «redressement dansla justice », Jean-Marc Ayrault  a précisé qu’il se ferait «dans la durée», et que «les efforts devront être à la hauteur de notre ambition pour la France… L’objectif est de réorienter l’Europe vers la croissance et de préserver la zone euro de la spéculation. L’œuvre qui est devant nous est immense. Rien ne sera facile. Rien ne nous sera donné. La situation est difficile, chacun le sait – mais nous avons des atouts».

Le Front National fait son retour à l’Assemblée (à la faveur de triangulaires), avec deux élus, l’avocat Gilbert Collard et Marion Maréchal Le Pen, qui devient à 22 ans la plus jeune députée de la 5e République. La présidente du FN, Marine Le Pen rate de peu son élection à Hénin-Beaumont.

La Droite est décimée, victime d’un double phénomène : politique, bien sûr, mais aussi générationnel ; le centre ressort  laminé  de ce scrutin qui a vu François Bayrou mordre la poussière dans son Béarn natal et le président du groupe Nouveau Centre à l’Assemblée, Yvan Lachaud défait dans le Gard.

Cependant la défaite la plus spectaculaire demeure celle de Ségolène Royal à La Rochelle. La présidente du Conseil Régional de Poitou-Charentes, intronisée par le maire de la ville qui ne se représentait pas, a fait l’objet d’un véritable vote rejet de la part des électeurs rochelais qui ont accordé 60% de leurs suffrages au dissident Olivier Falorni. L’ancienne candidate a eu beau affirmer dans la foulée de l’annonce des résultats que « son engagement politique continue », et qu’elle « n’exclut rien », pas même de briguer la direction du Parti Socialiste, son avenir politique est sérieusement obstrué. Son échec politique se double d’un drame personnel puisque la compagne de François Hollande a ouvertement souhaité son échec. Au PS des voix vont s’élever pour souhaiter une porte de sortie honorable (un poste de haut commissaire à Bruxelles par exemple), à l’ancienne candidate de 2007. A Boulogne-Billancourt, l’ancien Ministre de l’Intérieur Claude Guéant est victime d’un phénomène de rejet semblable. Son parachutage, patronné par le  maire de la Ville, n’a pas découragé le dissident Thierry Solère, implanté de longue date, qui a finalement remporté l’élection.

D’anciens ministres de Nicolas Sarkozy sont battus, dont Michèle Alliot-Marie à Biarritz, Nadine Morano à Toul, Frédéric Lefèvre en Amérique du Nord . Nathalie Kosciusko-Morizet et Xavier Bertrand tirent leur épingle du jeu de justesse, mais ont résisté à la «fatwa» du Front National qui avait appelé à les faire battre. Seul parachutage réussi, celui d’Henri Guaino dans les Yvelines où l’ancienne plume de Nicolas Sarkozy a été élu dans une circonscription ancrée à droite. Et c’est sans faire de bruit, que l’UMP a fait battre l’un des siens, le villepiniste Jean-Pierre Grand à Castelnau-le-Lez (Hérault).

A l’UMP l’heure des comptes va également sonner. La stratégie du « ni –ni », ni Front Républicain, ni alliance avec le Front National, a connu quelques coups de canifs. La frange la plus à droite du Parti, qui se veut représentative de la base, penche ouvertement vers un rapprochement avec le Front National, tandis que ceux qui se réclament du « gaullisme social » critiquent  la droitisation de la ligne du  mouvement. Pour l’heure le secrétaire général du mouvement  en appelle à «une opposition responsable vigilante et déterminée». Jean-François Copé a eu beau mettre en garde « contre les querelles de personnes, » il  va très vite voir son leadership contesté  par François Fillon. Dès son élection connue, l’ancien premier Ministre a déclaré : «Nous devons nous renouveler… le temps du combat pour la reconquête commence, il commence ce soir…J'y contribuerai pour ma part de toutes mes forces».

Copé, Fillon, combien de divisions ? Un premier comptage (indicatif) aura lieu à l’occasion de l’élection du président du groupe, ce mercredi .Christian Jacob, le président sortant, proche de Jean-François Copé, est candidat à sa réélection. Xavier Bertrand qui promet de rouler pour Fillon, va-t-il lui contester ce leadership, comme il l’a laissé entendre ?  Les lendemains de défaite sont toujours difficiles pour les perdants. Ils auront maintenant  de « reconstruire » l’opposition dans la perspective de… 2017.

Mise à jour 23h

Dans une démarche relevant à la fois de la logique et du fatalisme, les électeurs ont donné une large majorité à François Hollande en élisant une Assemblée où le Parti Socialiste détient à lui seul la majorité absolue. Le Front National fait son retour à l’Assemblée avec deux élus, Gilbert Collard et Marion Maréchal Le Pen, la présidente du FN, Marine Le Pen ratant de peu son élection à Hénin-Beaumont . La droite est décimée, victime d’un double phénomène : politique, bien sûr, mais aussi générationnel, et le centre droit ressort très affaibli de ce scrutin qui a vu François Bayrou mordre la poussière dans son Béarn natal et le président du groupe nouveau Centre à l’Assemblée, Yvan Lachaud défait dans le Gard. La défaite la plus spectaculaire est celle de Ségolène Royal à La Rochelle. La présidente du conseil régional de Poitou-Charente, intronisée par le maire de la Ville qui ne se représentait pas, a fait l’objet d’un véritable vote rejet de la part des électeurs rochelais qui ont accordé 60% de leurs suffrages au dissident Olivier Falorni. A Boulogne-Billancourt  l’ancien Ministre de l’Intérieur Claude Guéant est victime d’un phénomène semblable. D’anciens ministres de Nicolas Sarkozy sont battus, dont Michèle Alliot-Marie à Biarritz, Nadine Morano à Toul. Nathalie Kosciusko-Morizet et Xavier Bertrand tirent leur épingle du jeu de justesse, mais ont résisté à la «  fatwa » du Front National qui avait appelé à les faire battre.

François Hollande et Jean-Marc Ayrault ont toutes les cartes en main pour « conduire le changement ». Le premier Ministre a déclaré vouloir rassembler toutes les énergies « pour réorienter l’Europe vers la croissance et préserver la zone euro de la spéculation ». Il a d’ores et déjà prévenu «  rien ne sera facile…la situation est difficile…mais nous avons des atouts », a-t-il encore ajouté, laissant présager des lendemains moins roses. Pour l’heure le Premier Ministre peut se réjouir du succès remporté par les membres de son équipe qui briguaient un siège de député ; ils sont tous élus ou réélus, ce qui devrait réduire l’ampleur du remaniement ministériel annoncé pour l’après-législatives.

A l’UMP l’heure des comptes va également sonner . Confortablement réélu à Meaux Jean-François Copé voit son leadership contesté par François Fillon qui a annoncé dès son élection connue «  qu’il entend prendre toute sa part à la reconstruction de l’opposition ».Les lendemains de défaite sont toujours difficiles pour les perdants. 

Mise à jour 20H

François Hollande souhaitait un vote de cohérence ; il a été entendu. La gauche obtient une large majorité, qui lui permettra -sur le papier du moins-, de mener ses réformes à bien. Les électeurs sont restés sourds aux appels des dirigeants de la droite qui les appelaient à « ne pas mettre tous leurs oeufs dans le même panier ». Ils jugeront sur pièce. Pour l’heure , à la lumière des résultats connus, les ministres en lice ont été élus ou réélus. Une seule incertitude pour le moment, elle concerne la 5e circonscritption des Bouches du Rhone où Marie-Arlette Carlotti  tente de battre le député sortant UMP, Renaud Muselier. Mais ce soir c’est moins l’abstention record que la série de coups de tonnerre qui ont balayé le ciel politique, qui marquent les esprits  parce qu’ils vont bouleverser le paysage politique français, avec le retour du Front National à l’Assemblée Nationale et l’élimination de plusieurs figures de la politique française. Les anciennes Ministres Michèle Alliot-Marie et Nadine Morano, sont battues dans les Pyrénées Atlantiques et en Meurthe-et-Moselle. A gauche, Jack Lang mord la poussière. En dépit de ses déclarations Ségolène Royal, la présidente du Conseil Régional de la région Poitou-Charentes, sévèrement battue à La Rochelle. Elle voit  son avenir politique obstrué. Autre grand  battu,  François Bayrou, le troisième homme de 2007 qui rêvait de gouverner la France au Centre , est lui aussi  remercié par ses électeur  dans son propre fief où il était élu sans discontinuer  depuis 1986.Il a annoncé qu’il va prendre le recul qui s’impose .Le président du groupe centriste à l’assemblée nationale, Yvan Lachaud subit le même sort dans le Gard, et dans l’ensemble c’est la survie du Centre qui est aujourd’hui en question, avec une France très bipolarisée.

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