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La « connectivité cérébrale » ou « connectivité fonctionnelle » désigne la façon dont différentes régions du cerveau interagissent, à savoir comment l’activité d’une zone peut être corrélée à une autre.
La « connectivité cérébrale » ou « connectivité fonctionnelle » désigne la façon dont différentes régions du cerveau interagissent, à savoir comment l’activité d’une zone peut être corrélée à une autre.
©Pixabay

Santé cérébrale

Selon une étude menée sur 36 étudiants universitaires publiée dans la revue Frontiers, « Study: Writing by Hand Leads To Better Brain Connectivity », écrire à la main génère une meilleure connectivité cérébrale.

Christophe Rodo

Christophe Rodo

Christophe Rodo est neuroscientifique et vulgarisateur avec le podcast "La Tête Dans Le Cerveau".

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Atlantico : Selon une étude menée sur 36 étudiants universitaires publiée dans la revue Frontiers, « Study: Writing by Hand Leads To Better Brain Connectivity », écrire à la main génère une meilleure connectivité cérébrale. De quoi parle-t-on ? 

Christophe Rodo : La « connectivité cérébrale » ou « connectivité fonctionnelle » désigne la façon dont différentes régions du cerveau interagissent, à savoir comment l’activité d’une zone peut être corrélée à une autre. En effet, une région cérébrale peut être « connectée » avec d’autres. La « connectivité cérébrale » désigne ce lien. 

L’écriture manuscrite est-elle plus bénéfique au développement du cerveau et à l’apprentissage que l’écriture sur ordinateur ? Comment est-ce possible ? 

C’est en tout cas la promesse véhiculée par cette étude. En réalité, ce n’est pas vraiment ce qu’elle démontre. Des étudiants ont été utilisés pour écrire des mots soit en utilisant un style numérique sur un écran tactile, soit leur index sur un clavier. Des électrodes placées sur leur cuir chevelu permettent de monitorer l’activité du cerveau. En analysant les variations de la connectivité cérébrale, on s’aperçoit qu’il y a bien des différences significatives entre les deux modes d’écriture. En ressort que cette connectivité est bien plus large lorsqu’on utilise un stylo que lorsqu’on utilise un clavier. Les découvertes peuvent être associées à d’autres études scientifiques, notamment lors de processus liés à l’apprentissage et la mémorisation. Ce que montre cette étude est donc uniquement corrélatif. 

Concrètement, un étudiant universitaire a-t-il plus de chances de réussite s’il prend des notes à la main ?

L’étude ne permet pas d’évaluer si ces différences de connectivité cérébrales ont vraiment un impact sur les performances d’apprentissages et de mémorisation. À ce jour, il n’y a aucun consensus sur la question. Cette question est très complexe mais souvent étudiée de manière assez biaisée. D’ailleurs, dans l’absolu, il est logique que nous retrouvions des signatures cérébrales différentes lorsque nous écrivons à la main et sur un clavier, car nous écrivons différemment. D’ailleurs, dans ces travaux, nous ne connaissons pas l’affinité des participants avec les outils numériques. Cette étude met donc en avant des différences de connectivité cérébrales et ses potentiels effets sur l’apprentissage et la mémorisation, sans être capable de quantifier le tout. 

Que présage la multiplication des ordinateurs pour les générations futures ?

C’est une question de fond, soulevée par cette étude. D’un côté, nous sommes face à un progrès technologique, une avancée technique. À quel point faut-il s’en emparer et à quel point devons-nous nous contenter de ce que nous connaissons déjà ? Nous avons l’avantage de disposer d’une plasticité cérébrale exceptionnelle, ce qui signifie que notre cerveau n’est pas figé. Nous naissons avec un cerveau profondément immature, ce qui est la grande richesse de notre espèce, puisqu’il peut se façonner en fonction de l’environnement dans lequel nous évaluons. Ainsi, il est très compliqué de savoir si le numérique à un impact positif ou négatif pour notre développement, notamment parce que nous n’avons pas le recul suffisant pour statuer. Peut-être constaterons-nous, dans 50 ans, une explosion des cas d’Alzheimer. Mais il ne faut pas oublier que nous avons connu de nombreuses révolutions dans notre Histoire : l’apprentissage du langage, de l’écriture, l’imprimerie industrielle, puis le numérique et enfin Internet. J’en parle dans certains épisodes de mon podcast, La Tête Dans le Cerveau

Pour résumer, sur les questions du numérique, nous serons toujours dans la nuance. Télétravail ou présentiel ? Faire des réunions l’un face à l’autre ou en visioconférence, envoyer des mails ou échanges oraux … Nous cherchons différentes choses dans chacune de ces actions : rien n’est mauvais, rien n’est parfait. 

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