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Drogues : cette nouvelle vague de consommation qui monte en Europe
©Reuters

Ecstasy of Gold

Si le cannabis et la cocaïne restent les stupéfiants les plus prisés par les Français, la montée en force des drogues de synthèse comme l'ecstasy ou la MDMA inquiète les autorités sanitaires.

David  Weinberger

David Weinberger

David Weinberger est chercheur à l'institut national des hautes études de la sécurité et de la justice (INHESJ). Il a écrit plusieurs articles sur le sujet dont " réseaux criminels et cannabis : Indoor en Europe : maintenant la France ?" et une étude sur les "flyfast" .

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Atlantico : Les drogues de synthèse comme la MDMA ou l'ecstasy reviennent sur le devant de la scène et sont de plus en plus prisées, notamment dans le milieu de la musique électronique. Quelle est l'ampleur de ce marché de la drogue de synthèse ?

David Weinberger : Ce marché est encore marginal par rapport à celui des deux produits illicites phare que sont le cannabis et la cocaïne. Ça reste un marché de niche et c'est pourquoi il est difficile d'estimer son nombre de consommateurs et de volume. C'est cependant un secteur en pleine croissance, notamment vendu par internet et les réseaux sociaux, sur une population plutôt jeune et festive.

L'ecstasy n'est pas une drogue récente. Cette croissance est-elle une réelle nouveauté ou constitue-t-elle un simple retour ?

L'ecstasy n'est effectivement pas une drogue nouvelle mais elle s'utilise de plus en plus et est davantage produite en Europe. C'est depuis l'Europe que ce stupéfiant inonde le monde. Ces produits s'installent durablement dans la consommation mais restent limitées. Certaines études hollandaises indiquent que les consommateurs trouvent que cette drogue a des effets très forts et une partie d'entre eux préfère les drogues plus "douces" que l'ecstasy ou la MDMA.

Ce caractère festif et sans addiction – en tout cas au niveau physique – ne pousserait-il pas les consommateurs à sous-estimer les dégâts que peuvent poser ces drogues ?

Les dégâts ne doivent effectivement pas être sous-estimés. Ce sont des drogues synthétiques et les trafiquants inventent chaque semaine de nouvelles molécules. Certaines sont très dangereuses et ont fait l'objet d'une attention toute particulière des autorités sanitaires parce qu'il y avait de réels problèmes.

Ce sont des drogues très dangereuses car très peu contrôlées en termes de produit. Sans un test particulier il est impossible à un individu de savoir ce qui se trouve dans un sachet ou dans une poudre.

Comment lutter contre ce type de drogue en particulier ?

La lutte se fait comme pour les autres types de drogue. C’est-à-dire qu'il faut lutter contre la revente mais aussi les réseaux criminels organisés implantés notamment dans le nord de l'Europe sur la production. Cela nécessite beaucoup de production internationale.

Les Pays-Bas, particulièrement touchés par ce trafic, développent cette lutte et il y a de nombreux partenariats pour tenter de réduire ces réseaux qui se diluent dans le monde entier. On trouve en Amérique Latine de la MDMA produite en Europe.

La vente par internet et le lien avec l'explosion de la musique électronique ne sont-ils pas les signes du  rapport entre ce type de drogue et l'époque actuelle ?

En elle-même la molécule de l'ecstasy a été inventée il y a très longtemps, dans les années 30 ou 40 dans des laboratoires chimiques allemands. Elle s'est diffusée de manière organisée depuis les années 90 où on a pu voir une vraie augmentation de la production. Il y a donc effectivement une population jeune et festive intéressée par ces produits qui sont totalement associés à la fête malgré leur dangerosité.

D'autres drogues psychotropes comme le LSD sont-elles également sur le retour ?

Le LSD est moins utilisé qu'à une époque car d'autres drogues de synthèse sont sur le marché et elles le concurrencent. Ce qu'on voit avec les nouvelles substances psychoactives, c'est une augmentation des molécules sur ce même marché, boosté par le vecteur internet. Donc le LSD n'est pas aujourd'hui une source de préoccupation majeure des autorités publiques. On s'inquiète davantage des opioïdes de synthèse qui font des centaines de milliers de morts aux Etats-Unis et qui parfois se retrouvent mélangés à des drogues de synthèse comme les amphétamines et la methamphetamine et qui peuvent donc devenir mortelles.

Quelles drogues étrangères, notamment américaines, peut-on s'attendre à voir débarquer en Europe ?

Aujourd'hui les problèmes croissants concernent la méthamphetamine mais aussi la synthamine ou l’oxycodone qui sont des opioïdes de synthèse. Ce sont de vraies sources de préoccupation pour les autorités européennes.

Ces produits sont apparus  sur le marché européen. Pour l'instant la France est plutôt épargnée même s'il y a eu quelques saisies marginales. Ce type de drogue s'est notamment articulé autour d'un système de vente de produits légaux d'opiacés aux Etats-Unis, qui sont très chers et peu remboursés car ils n'ont pas de sécurité sociale. En ce sens, notre politique publique d'accès aux médicaments réduit fortement les risques d'avoir une épidémie d'opioïdes de synthèse comme on a pu le voir aux Etats-Unis.

Concernant la méthamphetamine, elle est apparue de manière significative au Royaume-Uni mais la France n'est aujourd'hui pas particulièrement impactée.

Parmi les propositions avancées pour lutter contre la drogue, on brandit souvent la dépénalisation, voire la légalisation. Cette solution serait-elle envisageable pour ce type de stupéfiants?

Aujourd'hui les débats, quasiment partout dans le monde, sur les changements législatifs ne concernent que le cannabis. Les autres types de drogue ne sont pas concernés de manière significative par ces débats. Il y aura toujours certaines personnes pour proposer ces options-là mais c'est très difficile de penser la législation de molécules qui sont très nocives pour la santé. Un Etat responsable aura du mal à favoriser l'accès à ce type de molécules. 

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