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La montée au filet de Nicolas Sarkozy pourra-t-elle se transformer en coup gagnant ?
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Duel

Les dimanches se suivent et se ressemblent en cette période préélectorale. Dimanche dernier, meeting au Bourget avec François Hollande et ce dimanche interview télévisée de Nicolas Sarkozy.

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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Dimanche dernier, c’était la "double faute" de François Hollande qui partageait la scène avec Yannick Noah. Ce dimanche, on a assisté à la montée à contretemps de Nicolas Sarkozy avec ses propositions d’augmenter la TVA au 1er octobre et d’instaurer une taxe sur les transactions financières au 1er août.

Cette hausse de la TVA destinée à compenser une baisse des charges patronales est purement et simplement une "mini TVA sociale" qui ne dit pas son nom. Les Allemands l’ont instaurée le 1er janvier 2007 en passant leur TVA de 16 à 19% et il faut bien reconnaître que leur industrie et leur commerce extérieur se portent bien mieux que les nôtres qui sont, il est vrai, encore plombés par les 35 heures que personne n’a jamais eu le courage de supprimer alors qu’elles coûtent encore 12 milliards d’euros par an aux contribuables (somme que l’Etat verse à la Sécurité sociale en compensation des allègements de cotisations sociales).

Cependant, on reste pantois en voyant le président de la République nous annoncer deux mesures censées voir le jour après les prochaines échéances présidentielles et législatives. En effet, comment annoncer des mesures fiscales que l'on n’est pas certain de pouvoir mettre en œuvre, la réélection de Nicolas Sarkozy étant loin d’être acquise. Ce constat vaut également pour l’équivalent de la "taxe Tobin" qui devrait, au contraire de la TVA sociale, recevoir les hourras de la gauche et de l’extrême gauche si celles-ci sont cohérentes avec elles-mêmes (la taxe Tobin est une demande des alter-mondialistes depuis des années).

L’intérêt de ces annonces pour Nicolas Sarkozy est qu’il est sûr de ne pas se voir accuser de faire des promesses électoralistes. Annoncer des augmentations d’impôts n’a jamais été un argument électoral surtout quand on a affirmé, comme lui, "qu’il n’avait pas été élu pour les augmenter". L’opposition pourra par contre lui reprocher de les avoir augmentés (ce qui arrivera en juillet 2012 quel que soit le vainqueur des élections) et, surtout, de frapper le pouvoir d’achat des Français avec la hausse de la TVA alors qu’il voulait être "le président du pouvoir d’achat". La pièce a donc réellement deux faces.

Ce qui interpelle le plus est le timing de ces annonces. Pourquoi annoncer ces mesures à moins de trois mois du premier tour alors que la TVA sociale ne pourra avoir aucun effet avant les élections, sa mise en route étant prévue à l’automne ?

Cela prouve à quel point le début du quinquennat a été marqué par le "rendez-vous manqué" de la mise en œuvre de cette mesure, lorsque Jean-Louis Borloo capitula face à un anathème de Laurent Fabius sur un plateau de télévision entre les deux tours des législatives (ce qui en dit long tant sur le courage politique et l’envergure d’homme d’état de Borloo que sur la mauvaise foi de Fabius qui, après avoir exonéré les œuvres d’art de l’ISF sous Mitterrand et allégé la fiscalité des stock-options sous Jospin, n’était pas la personne la mieux placée pour parler de "TVA antisociale").

Ainsi donc après la "double faute" de François Hollande dimanche dernier, on a eu la montée à contretemps de Nicolas Sarkozy ce dimanche, la "montée à contretemps" étant au tennis, une montée au filet au moment où l’adversaire va frapper la balle contrairement à une montée normale qui se fait en suivant un coup d’attaque.

La montée à contretemps peut surprendre l’adversaire mais, si celui-ci vous voit venir, il y a 9 chances sur 10 qu’il vous crucifie d’un passing shot sur lequel vous ne pourrez rien faire. En général c’est le type de montée qu’on fait soit parce qu’on mène largement au score et qu’on veut "se faire plaisir" soit parce qu’on ne sait plus quoi faire et qu’on n’a plus que ça à tenter, tout le reste ayant échoué.

L’avenir nous dira si cette prise de risque se transformera en coup gagnant mais ce qui est sur c’est que la prise de risque est énorme et que, comme Djokovic et Nadal hier à Melbourne, les deux favoris des sondages vont se rendre coup pour coup.

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