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Quelle est l’origine de cette volonté de diriger et contrôler la vie des individus ?
Quelle est l’origine de cette volonté de diriger et contrôler la vie des individus ?
©FRED TANNEAU / AFP

Contrôle

Il est frappant de constater que la quasi-intégralité des débats politiques en France, du Parlement au bar du coin de la rue, porte soit sur des interdictions, soit sur des obligations.

Il est frappant de constater que la quasi-intégralité des débats politiques en France, du Parlement au bar du coin de la rue, porte soit sur des interdictions, soit sur des obligations.

Quelle est l’origine de cette volonté de diriger et contrôler la vie des individus ? Elle trouve sa source dans une conception de la société dite « constructiviste », selon la désignation d’Hayek.

Selon les tenants de cette théorie, le règne de la liberté est en réalité celui du chaos, où in fine aucune liberté ne serait possible, si ce n’est celle du plus fort. Cette idée bien ancrée entretient donc la croyance que l’exercice de la liberté l’autodétruirait et conduirait tout droit à la licence, au désordre et à l’impossibilité même de faire société. Dès lors, l’ordre social devrait résulter d’un dessein préétabli. C’est la théorie du contrat social, selon laquelle les hommes doivent abandonner une partie de leur liberté au profit d’une entité collective pour que la société puisse fonctionner correctement.

Pour arriver à leurs fins, ils s’évertueront à rendre prévisibles et à encadrer une grande partie des faits et gestes des individus ainsi que, parfois, leurs opinions. C’est une conception fondamentalement pessimiste de l’homme et il en découle un mode spécifique d’organisation de la société ayant de nombreuses conséquences sur la vie des individus. La politique a alors pour objet de faire leur bonheur, qui leur serait inaccessible sans l’intervention de l’État.

Cependant, si les constructivistes s’accordent sur le fait qu’il est nécessaire d’organiser la société, ils s’opposent quant aux modalités de l’ordre qu’il s’agit d’imposer. De manière schématique, deux conceptions peuvent être distinguées.

Les constructivistes de gauche considèrent que les déterminismes sont des entraves à la liberté des individus et qu’elle ne peut être atteinte que s’ils s’en délivrent. Cet idéal, assimilé de manière valorisante à une « émancipation », prend pour adversaire les héritages, qu’ils soient économiques, sociaux ou encore culturels, qui sont autant de déterminismes desquels il convient d’arracher l’individu. De fait, il est vrai de dire que les individus ne sont responsables ni du milieu social dans lequel ils sont nés, ni des capacités intellectuelles et physiques que la naissance leur a accordées. Ils ne sont donc pas tous égaux face aux épreuves de la vie. Ce constat parfaitement acceptable pour un libéral, est totalement inacceptable pour les constructivistes de gauche.

Dès lors, selon eux, face à l’ancrage de ces « chaînes » qui entravent l’individu sur le chemin de l’émancipation, l’État doit mettre en place un système corrigeant l’impact du milieu social de naissance et redistribuant les revenues gagnées par les plus productifs vers les moins productifs. C’est pourquoi ils considèrent que l’égalité réelle est la mère des batailles : elle est le préalable à leur conception de liberté.

De leur côté, les constructivistes de droite considèrent que les individus ne sont libres que s’ils s’inscrivent dans un cadre collectif en continuité avec les traditions et valeurs héritées du passé, gages du fonctionnement harmonieux de la société. Pour eux, l’ordre est le préalable de la liberté. Bien que ce postulat soit tout à fait acceptable moralement et intellectuellement, il justifie selon eux, l’existence d’un État, dont la mission est de prévenir le désordre qui règnerait en son absence, et qui inciterait à la licence.

Bien qu’ils n’aient pas le même préalable pour accéder à la liberté (l’égalité pour la gauche, l’ordre pour la droite), ni le même champ d’action (l’économie pour la gauche, le social pour la droite), les dirigistes ont tous cette même prétention de vouloir définir ce qui est bon pour l’ensemble des individus et sont favorables à l’utilisation de la coercition par l’État pour construire la société selon leurs propres critères.

C’est ainsi que l’on se retrouve avec un personnel politique dont la principale mission consiste aujourd’hui à règlementer la vie des personnes et à faire des injonctions toutes plus autoritaires et ridicules les unes que les autres, comme celles de porter un masque dans la rue, tousser dans le pli de son coude, se laver efficacement les mains, se chauffer à 19 °C maximum, éviter de manger trop gras, trop sucré, trop salé, pratiquer une activité physique régulière ou encore éviter de grignoter entre les repas...

Dans ce mode d’organisation de la société, la loi et la réglementation priment le contrat et la régulation, et donc l’ensemble des rapports sociaux peuvent être le lieu d’intervention de l’État.

Il nous fait même oublier la vérité la plus élémentaire, à savoir que les sociétés libres sont toujours supérieures à celles où règnent le contrôle et la contrainte.

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