Derrière la loi Macron, la guerre entre les socialistes réformistes et les socialos archéos<!-- --> | Atlantico.fr
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Martine Aubry a torpillé mercredi 10 décembre la communication du Premier ministre.
Martine Aubry a torpillé mercredi 10 décembre la communication du Premier ministre.
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L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Pour les milieux d’affaires, et particulièrement les grandes entreprises, la guerre est véritablement déclarée entre Matignon et l’Elysée. Contrairement à Pierre Gattaz qui met de l’huile sur le feu en mobilisant les petits patrons, les dirigeants du CAC 40 veulent rester neutres.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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L’économie française est complètement plantée. Il n’existe aucun moyen financier ou politique pour redresser le paquebot France avant deux ans. Le seul moyen serait d’accélérer une politique de restructuration des dépenses publiques  et de baisser l’impôt supporté par les entreprises et le capital afin de relancer l’investissement et l’initiative individuelle .

Nous avons sans doute besoin d’améliorer notre compétitivité prix par la baisse des charges, mais nous avons surtout besoin d’animer l'activité par un développement de l’offre produit et service. Donc par le biais des entrepreneurs. Lademande existe partout, le taux de croissance moyen dans le monde est de 5%, il suffirait de la satisfaire, ce que nous ne faisons pas. Ce disfonctionnement est très bien expliqué par Alain Madelin dans l’interview donnée à Atlantico dimanche.

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Les mesures lancées par Valls et Macron sont évidemment insuffisantes. Elles ne touchent pas aux principales rentes qui asphyxient notre pays, les dépenses sociales et publiques. La loi Macron aura peu d’impacts économiques, on ne sauvera pas le navire avec l’ouverture des magasins le dimanche. Mais le texte bouscule la gauche et ouvre des brèches que même la droite n'a pas su ouvrir.

La droite à laquelle Alain Madelin a apporté son expertise a même fait inscrire dans la constitution le dispositif le plus absurde et le moins libéral qui soit : le principe de précaution. A sa décharge, il n’a pas supporté de rester plus de trois semaines à Bercy pour ne pas avoir à assumer des décisions aussi conservatrices. Alain Madelin a beaucoup de défauts, mais il est plutôt courageux.

Par conséquent, si la loi Macron et le soutien aussi fort du Premier ministre n'aura peu d’impact économique, a quoi va-t-elle servir ? C’est la vraie question. L’utilité de la loi Macron est principalement politique. C’est l’arme fatale pour le courant des socialistes réformistes. Elle servira soit à faire exploser le PS, soit à réunir les réformistes derrière la bannière de l’économie de marché ou alors à justifier une sortie du gouvernement en cas de refus de vote.

Tout le monde a compris que l'on était là au cœur d’une bataille au sein du PS entre les modernes avec Valls comme chef de file, enfant de Rocard, et les archéo-classiques conduits par Martine Aubry qui a décidément deux langages. Un premier très pro-business quand elle est à Lille et un second très socialiste gauchiste quand elle écrit dans le journal Le Monde.

Entre les anciens et les modernes, entre ceux qui considèrent que la liberté d’entreprendre est une vraie valeur de gauche et ceux qui défendent les principes d’égalité et de solidarité, y compris au prix de la stagnation et du chômage, il y a François Hollande qui essaie de rassembler sur deux arguments. D’une part avec sa politique étrangère, ça marche du moins en image. D’autre part sur le fait que la situation va finir par se retourner et il a raison.

Pendant que Manuel Valls et Emmanuel Macron brisent les tabous de gauche les uns après les autres à la télévision, le président de la République demande à ses amis proches de répéter dans les diners sa détermination à se représenter en 2017. Voter Hollande pour les socialistes sera le seul moyen d'éviter un face à face entre Sarkozy et Marine Le Pen. L’angoisse au PS, c'est d'être obligé de voter Sarko deuxième tour de la présidentielle. C’est le rêve de la droite.

Manuel Valls sait que cette campagne a été lancée. C'est la raison pour laquelle il veut accélérer le processus de recomposition de la gauche. S’il faut quitter le gouvernement, pour conforter son image de réformiste, il le fera. Le problème d’un départ en Mars, c'est la crise grave que cela pourrait provoquer.

Les avancées libérales ont toujours été organisées par la gauche. Si Valls s’en va, il en sera fini de l’ouverture. Ensuite, parce que la droite n’est pas prête à gouverner, elle n'a ni programme, ni leader. Et comment renverser la politique économique en deux ans sans se faire laminer aux élections ?

La guerre aujourd'hui n’est pas entre la droite et la gauche. Elle est bien entre l’Elysée et Matignon. La gauche ouverte contre la gauche fermée.

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