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Dérèglement climatique : pourquoi la stratégie du catastrophisme est une l’erreur politique majeure
©Reuters

GIEC

Ce 8 octobre, le GIEC publiait un rapport spécial enjoignant les dirigeants politiques à un sursaut concernant la situation climatique, en appelant à des actions très ambitieuses dans tous les domaines, notamment en baissant de 45% les émissions de gaz à effet de serre par rapport à leur niveau de 2010.

Frédéric  Decker

Frédéric Decker

Météorologue - Climatologue à MeteoNews et Lameteo.org

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Atlantico : En dressant un constat alarmant, et en appelant à des actions de très grande ampleur pour éviter "le pire", la communication faite au public est-elle simplement efficace ? Entre un changement de mode de vie immédiat et le risque futur, les citoyens n'auraient-ils pas tendance à choisir la seconde option ? 

Frédéric  Decker : Comme toujours, le GIEC mise sur l’alarmisme et le catastrophisme pour évoquer le réchauffement climatique actuel, et celui prévu par leurs modèles climatiques. Est-ce efficace ? Non, je ne pense pas. En culpabilisant toujours plus la population, l’angle d’approche est loin d’être optimal. Ce n’est pas en surfant sur la peur que le GIEC parviendra à se faire clairement entendre, cela suffit juste à faire la une des manchettes durant quelques temps. Le discours manque clairement d’enseignement concernant le climat et les « changements » des dernières décennies, avec les conséquences connues… et souvent inconnues du public. Les projections sur le climat à venir restent négatives, et ce malgré les doutes qui subsistent. Car malgré le consensus imposé par le GIEC, il est évident que le climat à venir reste difficile à établir clairement, avec des influences naturelles probables.

Pas sûr que les citoyens soient prêts à faire des efforts de taille. Le problème se pose moins, a priori, avec les jeunes et les enfants, plus ou moins formés voire formatés à ces efforts à faire pour l’environnement. Ce qui est une bonne chose. Cela parait plus compliqué pour les parents et grands-parents, moins sensibles écologiquement parlant. Mais ne désespérons-pas, des efforts semblent prendre effet ces dernières années. Mais ces efforts ne sont pas mondiaux. Tandis que l’occident, au sens large du terme, a tendance à se responsabiliser d’un point de vue écologique, c’est moins le cas dans les pays asiatiques, et encore moins en Afrique où l’absence d’éducation écologique doit être comblée au plus vite. Le climat est d’ailleurs un faux problème, bien moins important que la pollution des mers et océans, de l’air, des cours d’eau et des sols.

Quels sont les erreurs de communication politiques relatives à la question climatique, et en quoi ces erreurs peuvent-elles avoir un effet inverse au but recherché ? 

Si le GIEC est logiquement axé sur le climat, ça devient « le bazar » dès que cela transite via les représentants du domaine de l’environnement et les médias, qui ont tendance à mélanger les enjeux climatiques avec les différents problèmes de pollutions et leurs conséquences. Je m’en rends compte : le grand public est perdu et mélange tout. Faute d’avoir un discours clair. Car si le climat est sans cesse mis en première ligne, il n’est finalement pas l’enjeu principal. Des vrais problèmes environnementaux paraissent largement plus graves, en particulier la pollution des océans, très importante en ce qui concerne l’éternel problème des plastiques notamment. D’autre part, si des efforts sont faits chez nous concernant les pesticides, ce n’est pas le cas partout en Europe et dans le monde, loin de là. 

Bref, ne mélangeons pas tout. Les responsables politiques et les médias doivent absolument faire la part des choses concernant les soucis environnementaux.  Le problème du réchauffement climatique en lui-même est discutable. Car est-il un problème pour tout le monde ? Non. Le GIEC puis les médias noircissent le tableau à ce sujet. Il y a certes des retombées néfastes : hausse des océans et des mers, bien que loin d’être aussi grave qu’annoncée, recul des glaciers et de la banquise, pas forcément négative d’ailleurs pour quelques secteurs comme le sud du Groenland qui profite de ce recul pour se (re)lancer dans l’agriculture… Il y a aussi des retombées positives, justement dans les pays nordiques où les rendements agricoles explosent sous l’impulsion du réchauffement.

Quels seraient les meilleures méthodes à utiliser pour parvenir à convaincre les citoyens, mais également les dirigeants, d'agir ? 

Il y a plusieurs challenges à relever en terme d’écologie et d’environnement à relever. Il faut mieux les catégoriser, mieux cibler les solutions, sans tout mélanger comme c’est malheureusement trop souvent le cas encore aujourd’hui. Sans partir vers le catastrophisme ou l’apocalypse concernant ce réchauffement climatique, avéré mais pas inédit, il a déjà fait aussi chaud et même plus chaud qu’aujourd’hui dans le passé même assez récent, il faut prendre des mesures pour limiter au maximum la pollution, qu’il s’agisse de l’air, du sol ou de l’eau. Mais indépendamment du climat qui, finalement, prend bien trop de place dans l’actualité, alors que la planète peine encore à atteindre 1 degré de réchauffement, chiffre atteint épisodiquement entre décembre 2015 et avril 2016 puis en mars 2017. Les 1,5 degrés, 2 degrés et parfois plus annoncés parfois pour seulement 2030 ne seront très probablement pas atteints, en dépit des affirmations du GIEC. Et c’est (a priori) tant mieux.  

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