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Débris spatiaux : un premier satellite de nettoyage arrive en orbite
Débris spatiaux : un premier satellite de nettoyage arrive en orbite
©Capture d'écran Youtube / AstroScale / DR

ELSA-D

La mission ELSA-D a été lancée dans l'espace depuis Baïkonour au Kazakhstan. Son objectif est de tester des solutions afin de "nettoyer" l'espace des débris laissés par l'activité humaine.

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy

Olivier Sanguy est spécialiste de l’astronautique et rédacteur en chef du site d’actualités spatiales de la Cité de l’espace à Toulouse.

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Atlantico : Pourquoi est-il important de trouver une solution pour nettoyer les débris spatiaux ?

Olivier Sanguy : Depuis le lancement du premier satellite artificiel en 1957, Spoutnik, nos activités spatiales ont généré une pollution orbitale. Par exemple, l’Agence Spatiale Européenne (ESA) estime qu’il y a environ plus de 6000 satellites autour de notre planète dont près de la moitié ne fonctionnent plus. À l’occasion de collisions, certes rares, ces satellites engendrent des débris en se fragmentant. Il en est de même lorsque certains de leurs équipements, les batteries par exemple, explosent. Ces débris peuvent impacter d’autres satellites et les endommager, voire les détruire, ce qui au passage créée de nouveaux débris… On liste ainsi plus de 28000 débris orbitaux et les modèles tablent sur 34000 débris de plus de 10 cm. Mais si on descend jusqu’au millimètre, le nombre grimpe à 128 millions ! Aux débuts de l’ère spatiale, lorsqu’on lançait un satellite, on le faisait sans faire attention à cette notion de pollution en laissant par exemple fréquemment sur orbite des étages de lanceurs devenus inutiles ou d’autres éléments techniques ayant servi à la mission. Une prise de conscience des agences spatiales et des opérateurs de satellites a conduit à l’adoption de bonnes pratiques visant à réduire au possible l’apport de débris. Par exemple, on gère la fin de vie d’un satellite en le faisant rentrer dans l’atmosphère où il se consume sans risque pour les populations au sol ou en le plaçant sur une orbite dite cimetière. Le risque est que les débris finissent par atteindre un niveau où les collisions deviendront trop fréquentes et finiront par réduire sensiblement la durée de vie opérationnelle des satellites, allant jusqu’à poser un problème de rentabilité économique. Aujourd’hui, l’idée se dégage qu’arrêter de générer des débris par des bonnes pratiques ne va pas suffire : il faut aussi se débarrasser activement des débris, notamment de ceux susceptibles d’en générer d’autres par des collisions ou une dégradation de leurs équipements de bord. Du coup, des entreprises réfléchissent à des solutions où un satellite est capable d’en saisir un autre inerte et potentiellement dangereux afin de le forcer à rentrer dans l’atmosphère pour s’en débarrasser.

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Face aux risques des débris spatiaux, les bonnes pratiques peuvent-elles suffire ?

Comment cette mission doit-elle se dérouler ?

ELSA-D est une mission de démonstration de la firme japonaise Astroscale qui se déroule en coopération avec des partenaires au Royaume-Uni. Le satellite ELSA-D d’environ 180 kg va larguer un débris factice, une cible de 17 kg, sur orbite. Puis ELSA-D va aller chercher cette cible et la capturer en utilisant un système d’amarrage magnétique. Ce type de rendez-vous spatial est un défi technologique, car il est dit «non-coopératif». Normalement, un rendez-vous sur orbite se déroule d’une façon où les deux engins coopèrent, comprenez qu’ils sont tous deux équipés de dispositifs d’approche et d’accroche. Bien sûr, dans le cas d’un débris ou d’un satellite mort, un tel équipement n’existe pas où n’est plus actif, d’où la nécessité de mettre au point et tester une technique de ce style.

A-t-on d'autres solutions à long terme pour lutter contre la hausse des débris dans l'espace ?

À long terme, on a déjà, et c’est une excellente chose, établi le principe des bonnes pratiques avec des lancements considérablement moins générateurs de débris que par le passé et le principe de la gestion de la fin de vie des satellites. Cependant, cette dernière option n’est pas toujours possible, notamment lorsque le satellite tombe en panne. C’est ici qu’interviennent ces solutions de retrait actif via un autre satellite. Il se pourrait qu’il y ait un marché du nettoyage orbital à l’avenir et c’est pourquoi des entreprises s’intéressent à ce créneau. Plusieurs solutions sont envisagées avec des idées qui vont de filets pour saisir les débris à l’usage de lasers. C’est avec des missions de démonstration qu’on pourra identifier les techniques les plus efficaces.

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