De Tourcoing à l’UMP : les premiers pas de Gérald Darmanin dans la vie politique<!-- --> | Atlantico.fr
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Gérald Darmanin prend la parole lors d'un rassemblement politique avant les élections municipales de mars 2020 en France, le 13 février 2020 à Tourcoing.
Gérald Darmanin prend la parole lors d'un rassemblement politique avant les élections municipales de mars 2020 en France, le 13 février 2020 à Tourcoing.
©FRANCOIS LO PRESTI / AFP

Bonnes feuilles

Anita Hausser et Jean-François Gintzburger publient « Gérald Darmanin, Les secrets d’un ambitieux » aux éditions de l’Archipel. Héritier de Sarkozy, disciple de Xavier Bertrand ou meilleur atout de la Macronie face à l'extrême droite, Gérald Darmanin n'a jamais varié dans ses fondamentaux : de droite, tendance souverainiste, soucieux des questions de sécurité et de lutte contre les communautarismes. Il revendique sa fibre populaire et sociale, cultivant son profil d'homme politique qui ne sort pas de l'ENA. Extrait 1/2.

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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Jean-François Gintzburger

Jean-François Gintzburger

Jean- François Gintzburger est journaliste. Il a notamment travaillé au quotidien La Voix du Nord.

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Il a beau être promis à un bel avenir dans le Nord et dans sa ville, Gérald Darmanin n’entend pas limiter son horizon politique à la métropole lilloise et à Christian Vanneste, dont le faux pas aux municipales a du mal à passer. Celui dont le parcours l’intéresse s’appelle Xavier Bertrand, élu à Saint-Quentin, dans l’Aisne, département voisin du Nord. Il est séduit par ce self-made-man qu’il a eu l’occasion de croiser dans des réunions politiques. Pas énarque, séguiniste de surcroît, Xavier Bertrand arbore sans complexes son passé d’agent général d’assurances. Ayant commencé à militer très jeune, il a tout pour plaire au jeune Darmanin, qui se verrait bien, lui aussi, gravir les échelons en militant et sans collectionner les diplômes. Car Xavier Bertrand a déjà un parcours brillant à son actif : secrétaire d’État à l’assurance maladie à l’âge de trente-neuf ans dans le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin, il a été le rapporteur à l’Assemblée de la première réforme des retraites, portée par François Fillon. Très engagé pour l’élection de Nicolas Sarkozy, il a démissionné de ses fonctions de ministre de la Santé du gouvernement Villepin pour devenir le porte-parole de sa campagne présidentielle en mars 2007. Au printemps 2008, le voilà devenu ministre du Travail, des Relations sociales, de la Famille et de la Solidarité du gouvernement Fillon. En 2008, Xavier Bertrand ne compte pas que des amis au gouvernement, mais il a la cote auprès de Nicolas Sarkozy – on le surnomme « le Chouchou » – et c’est ce qui compte.

Admiratif de ce parcours, le jeune Darmanin aimerait intégrer l’équipe du ministre picard. Il s’en est ouvert à Jacques Toubon, avec qui il est toujours en contact. Ce dernier lui a promis de lui donner un coup de main. Il le fera d’autant plus volontiers qu’il a été très satisfait du travail de son assistant parlementaire stagiaire pendant son année bruxelloise. Gérald Darmanin résumera l’épisode à sa façon : « On a mangé ensemble. Je lui ai annoncé que c’était sympathique d’avoir bossé avec lui, mais qu’il me fallait un vrai boulot maintenant. Il a écrit à Xavier Bertrand et j’ai été reçu par son directeur de cabinet, Michel Bettan, qui m’a embauché. »

Simple comme un coup de fil ? Pas tout à fait. Même si Jacques Toubon a pu glisser dans une conversation quelque chose comme : « Prends-le, il est très bien », il a fallu un peu plus qu’un mot de recommandation pour que Gérald Darmanin parvienne à ses fins.

La « porte d’entrée » chez Xavier Bertrand se nomme Michel Bettan, officiellement chef de cabinet du ministre, mais surtout son conseiller politique et DRH informel du cabinet. Celui qui est aujourd’hui vice-président de Havas Paris a aussi pour mission de recevoir les candidats futurs collaborateurs et de les jauger. En ce printemps 2008, quelques semaines après les municipales, et fort de la recommandation de Toubon, Gérald Darmanin s’active pour obtenir un rendez-vous avec l’intéressé. « Il a multiplié les appels jusqu’à ce que j’accepte de le recevoir. Je lui ai donné rendez-vous un soir au ministère à 20 heures, après ma journée de travail. J’ai vu arriver un jeune homme de vingt-six ans qui avait l’air d’en avoir quatorze », se souvient Michel Bettan. Il lui annonce d’entrée qu’il n’a « que vingt minutes » à lui consacrer. Il en faut plus pour déstabiliser son interlocuteur, bien décidé à ne pas laisser passer sa chance. Michel Bettan est surpris par le « répondant incroyable » de son interlocuteur aux questions de plus en plus précises qu’il lui posait. « Quand je lui ai fait raconter sa vie, ses origines sociales, j’ai tout de suite perçu une maturité politique hors normes », se souvient-il. « Et quand je lui ai demandé s’il faisait de la politique depuis Sciences Po, il m’a répondu : “Non, depuis l’âge de seize ans !” Son premier point commun avec Nicolas Sarkozy et… Xavier Bertrand », analyse celui qui sera longtemps incontournable dans le parcours du Tourquennois.

Le courant passe si bien entre les deux hommes que les vingt minutes s’étirent : l’entretien durera « une heure et quart », précise celui dont les minutes sont précieuses, mais qui, ce jour-là, n’a pas l’impression de perdre son temps. Il vient de faire la connaissance d’un jeune homme qui « a faim » – ce qui, en jargon politique, signifie qu’« il en veut et est prêt à se donner à fond pour gagner et assouvir son ambition ». Le conseiller de Xavier Bertrand n’est pas en mesure de satisfaire l’appétit du jeune Rastignac dans l’immédiat, car « le nombre de postes de conseillers par cabinet ministériel est très limité ». Il prend cependant l’engagement de l’intégrer dans leur équipe « dès que ce sera possible ». Au passage, il lui pose tout de même la question : accepterait-il, éventuellement, d’aller travailler aux côtés d’un élu dans une autre région ? « Non, je veux travailler avec Xavier Bertrand, c’est lui qui m’intéresse ; et le Nord, c’est ma région. » Une telle réponse ne s’oublie pas.

L’opportunité se présente dès la fin de l’année 2008. La chance sourit à Gérald Darmanin : à la demande de Nicolas Sarkozy, Xavier Bertrand quitte le gouvernement au début du mois de décembre pour prendre en main le secrétariat général de l’UMP. Il ne s’agit pas d’une voie de garage : le chef de l’État lui a confié une mission précise : redynamiser le parti.

Michel Bettan a tenu sa promesse. Le chef s’approprie le choix de la recrue : « J’ai repéré un petit jeune, je vais l’embaucher au service juridique de l’UMP. Il est vraiment efficace sur les contentieux », glisse alors Xavier Bertrand à un autre nordiste, Marc-Philippe Daubresse, un des secrétaires généraux adjoints de l’UMP. Gérald Darmanin est donc embauché au service juridique de l’UMP. Sa mission consistera essentiellement à faire du droit électoral. Sa carrière dans le privé aura été de courte durée.

Extrait du livre d’Anita Hausser et de Jean-François Gintzburger, « Gérald Darmanin, Les secrets d’un ambitieux », publié aux éditions de l’Archipel.

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