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De crypto-macroniste à Paris à orbaniste à Budapest, où va le Nicolas Sarkozy d’aujourd’hui ?
©PHILIPPE LOPEZ / AFP

Il est passé par ici...

On a appris hier la décision de la cour d'appel de Paris de rejeter le recours de Nicolas Sarkozy contre son renvoi en correctionnelle pour "corruption active" et "trafic d'influence" dans l'affaire des "écoutes".

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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On a appris hier la décision de la cour d'appel de Paris de rejeter le recours de Nicolas Sarkozy contre son renvoi en correctionnelle pour "corruption active" et "trafic d'influence" dans l'affaire des "écoutes". La Justice lui reproche d'avoir tenté d'obtenir, auprès d'un haut magistrat des informations sur l'affaire Bettencourt (dans laquelle il a obtenu un non-lieu)

Depuis son échec à la primaire de 2016, Nicolas Sarkozy a renoncé à l'action politique, mais pas à l'influence qu'il peut exercer dans sa famille politique ou dans les sphères du pouvoir politique. Les rares interviews qu'il a accordées ces derniers mois, -dont celle au Point en octobre dernier, concernaient l'Europe, pour laquelle il réaffirme son engagement constant et souhaite un nouveau traité qui instaurerait un véritable gouvernement européen pour faire face "à la crise migratoire qui s'annonce". Nicolas Sarkozy ne parle pas de politique intérieure mais continue cependant de recevoir élus et membres de son ancienne famille politique, "les Républicains", à son Bureau de la rue de Miromesnil. Sa bienveillance à l'égard d'Emmanuel Macron a frappé les esprits. Reçu à l'Elysée avec son épouse Carla pour un diner en tête à tête avec le couple Macron à l'été 2017, Nicolas Sarkozy  a été sollicité pour donner son avis au chef de l'Etat sur divers sujets, dont la défiscalisation des heures  supplémentaires qu'Emmanuel Macron a reprises après que la Gauche les ait supprimées. Et  dans le Point, Nicolas Sarkozy plaidait à l'automne, la patience à l'égard d'Emmanuel Macron: " donnons lui le temps". Nicolas Sarkozy a même déclaré un peu plus tard "Emmanuel Macron fait ce qu'il peut et je veux aider mon pays ". Ce flirt politique contrastait singulièrement avec le mépris dont Emmanuel Macron fait preuve à l'égard de François Hollande. Et le fait que le Président de la République invite son prédécesseur à représenter la France lors de la cérémonie d'investiture de la présidente de la Géorgie, Salomé Zourabichvili en décembre dernier, avait eu un certain retentissement. Une forme d'hommage à la médiation de Nicolas Sarkozy dans la guerre entre la Georgie et la Russie en 2008 . Certes, au paroxysme de la crise des Gilets jaunes, la période ne se prêtait pas aux déplacements protocolaires pour Emmanuel Macron. Mais ces gestes présidentiels avaient aussi pour but de séduire l'électorat de droite hostile à Laurent Wauquiez...Les choses se compliquent depuis qu'Emmanuel Macron a établi pour l'Europe, la distinction entre "progressistes et populistes" car parmi ces derniers, se range Viktor Orban, le premier ministre hongrois. Nicolas Sarkozy,  qui a du sang hongrois dans les veines (son père est né en Hongrie et y a vécu jusqu'à l'âge de 20 ans),  a noué des liens d'amitié avec celui qui est également le chef de son parti, le Fidesz. Orban ne fait pas partie des " progressistes" tels que les décrit Macron, loin de là. Il a fermé son pays aux réfugiés syriens, a reproché à Angela Merkel d'avoir accueilli un million de réfugiés en 2016. Il accuse la Commission de Bruxelles de faire une politique pro-immigration, et veut faire de l'immigration le principal sujet de la campagne pour les élections européennes. Ses accusations contre le président de la Commission Jean-Claude Juncker, mais aussi un certain nombre de mesures jugées liberticides à l'encontre de la presse,  ont suscité un sérieux malaise au sein du PPE ( Parti Populaire européen) qui fédère les partis conservateurs européens, dont les Républicains, la CDU,  et jusqu'il y a peu, le Fidesz. Après des mois de débats au sein du PPE, le Fidesz a été suspendu pour une durée indéterminée du PPE, contre l'avis de ... Laurent Wauquiez qui rejoint sur ce point Nicolas Sarkozy. L'ancien président en a fait fi, et est sorti de sa réserve en se rendant à Budapest à un colloque consacré...aux migrations, auquel participait Viktor Orban. Nicolas Sarkozy après avoir rendu hommage à la Hongrie " un grand pays où son père est né", s'est rangé sur la ligne Orban en  déclarant que "la crise migratoire n'a pas commencé, nous n'avons rien vu". Et puis, révélant une vieille blessure qui ne se referme pas,  il a rendu un vibrant hommage à celui  qui a été " capable de gagner les élections trois fois de suite, dans une époque aussi instable et difficile, pour moi ça force le respect... moi j'aime bien avoir des amis qui gagnent. Je ne veux pas avoir que des amis qui perdent " a-t-il déclaré dans son discours. Aujourd'hui Viktor Orban veut "combattre" Emmanuel Macron.  Nicolas Sarkozy prône le choix du respect du vote de chaque pays. Ses proches affirment qu'il ne s'exprimera pas pendant la campagne européenne ... Mais sait-on jamais ?

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