Davos, partagé entre le pessimisme et le cynisme, s'avère impuissant à résoudre la crise de confiance internationale<!-- --> | Atlantico.fr
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Emmanuel Macron au Forum de Davos le 17 janvier 2024.
Emmanuel Macron au Forum de Davos le 17 janvier 2024.
©Ludovic MARIN / POOL / AFP

Atlantico Business

Pour la première fois depuis 25 ans, les participants au forum de Davos se retrouvent impuissants face à une crise de confiance qui touche la plupart des peuples de la planète et risque de détériorer durablement le fonctionnement du capitalisme mondial.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Emmanuel Macron, hier à Davos, n'a pu que reconnaître qu'une crise de confiance généralisée risquait de plomber le fonctionnement des modèles de développement économique. Tout se passe à Davos comme si les pessimistes et les cyniques étaient dans le même bateau, incapables de ramer dans le même sens.

Davos reste le temple où sont nés les principes de fonctionnement d'une mondialisation qui a porté, en plus de 30 ans, beaucoup de fruits sur la planète toute entière. Parce que pendant toutes ces années, il faut reconnaître que l'économie de marché, la pratique d'une concurrence loyale et l'usage du capitalisme ont permis d'améliorer le niveau de vie d'une très grande partie de la population mondiale et de sortir des milliards d'hommes et de femmes de la misère et de la pauvreté. L'intensification des échanges à travers le monde a facilité la création et la redistribution des richesses. Tout cela s'est traduit par un accroissement du confort de vie, une augmentation de l'éducation, une amélioration de la santé et un allongement spectaculaire de l'espérance de vie, etc.

Mais il faut aussi reconnaître que l'arrivée de nouvelles révolutions technologiques, tout comme la financiarisation du capitalisme, a provoqué des déséquilibres structurels liés à l'impérialisme du court terme, à la surconsommation d'énergie fossile, à des risques climatiques et environnementaux.

Tout cela a suscité des réactions politiques de type populiste et a souligné la nécessité de créer de nouvelles règles du jeu mondial, avec de nouvelles institutions et des gouvernances capables de rassurer les peuples. Mais Davos, qui a toujours été capable de proposer des adaptations pour permettre au système mondial de poursuivre son évolution, se retrouve aujourd'hui assez impuissant à suggérer des moyens pour restaurer la confiance des peuples envers leurs dirigeants.

D'abord, les grandes institutions internationales comme l'ONU, le FMI ou l'OMC sont démonétisées, obsolètes et quasiment inutiles pour résoudre les problèmes qui fracturent la planète.

Ensuite, les États démocratiques, qui sont à l'origine de la généralisation de l'économie de marché, ont de plus en plus de mal à protéger les valeurs qui sont à la base de leur fonctionnement : la liberté individuelle, le droit de propriété ou le respect du droit et des contrats.

Enfin, les États autoritaires ou dictatoriaux, qui ont adhéré depuis trente ans aux principes de l'économie de marché et à la concurrence pour s'intégrer à l'économie mondiale, font actuellement machine arrière. Ils avaient promis à leur peuple une prospérité économique mais aussi une protection de leur identité culturelle et historique. Ils s'aperçoivent qu'ils sont en risque d'échec. Et pour protéger leur pouvoir, les élites de ces pays autoritaires durcissent leurs règles de fonctionnement en leur promettant de retrouver un destin et un prestige. Vladimir Poutine rêve de restaurer la grandeur de l'ancienne Russie, tout comme Xi Jinping rêve et promet de reconstituer l'empire de la Chine ancienne. Faute de pouvoir créer de la richesse, ces grands pays se cherchent des boucs émissaires pour faire la guerre : la Russie en Ukraine, la Chine sur Taiwan. Sans parler de l'emprise grandissante des religions, dont l'islam qui, faute là encore d'offrir une amélioration de la vie quotidienne aujourd'hui, promet à leurs fidèles un accès au paradis après leur mort.

Le monde n'a donc jamais été aussi bousculé qu'aujourd'hui. Il aurait besoin d'une gouvernance nouvelle et cohérente, mais surtout dynamique, pour offrir aux peuples des espaces ou des marchés régulés et sécurisés. Avec bien sûr un capitalisme qui sache ménager à la fois le monde des affaires et le reste de la société. Le but étant de créer de la croissance économique, parce que si le monde ne crée pas plus de 3% de croissance par an, il est fort probable que la prochaine génération (celle de nos enfants et petits-enfants) risque de vivre beaucoup plus mal que la nôtre. C'est donc une question de confiance qu'il faut retrouver à toutes les strates de la société, des États, des régions et des continents.

À Paris comme à Washington, à Moscou comme à Pékin, en passant par Le Caire, Ankara ou Gaza. Les participants à Davos, qui ont toujours dans le passé trouvé les compromis, les moyens et les solutions pour s'adapter aux mutations et aux ambitions, sont désormais désabusés et désarmés. Coincés entre le pessimisme mondialisé des uns et le cynisme des autres.

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