Cyanure, nitrate de potassium, acide sulfurique : quand les enfants pouvaient vraiment jouer aux chimistes fous <!-- --> | Atlantico.fr
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En 1914, le chimiste américain John J.Porter a commercialisé le premier kit "Chemcraft"
En 1914, le chimiste américain John J.Porter a commercialisé le premier kit "Chemcraft"
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Attention, danger

Au fil des avancées réalisées par la science depuis la seconde guerre mondiale, les jeux scientifiques destinés aux plus jeunes ont eux aussi évolué de manière significative dans leur conception.

Jadis, les premières versions de ces laboratoires miniatures fascinaient unanimement petits et grands en suscitant des vocations chez les chimistes en herbe. Eduqués sous le spectre grandissant du principe de précaution, par des parents effrayés de les voir disposer à leur gré des possibilités infinies de la science moderne, les bambins du XIXè siècle se voient offrir des jeux bien tristement en phase avec leur époque... 

La naissance de ces kits d'apprentis chimistes remonte à l'ère victorienne, alors que monde scientifique était en pleine émulation autour de la recherche atomique. En 1914, le chimiste américain John J.Porter a ainsi commercialisé le premier kit de ce genre. Baptisé "Chemcraft", celui-ci était clairement destiné aux jeunes garçon, mais certainement pas aux petites filles ! Bien au-delà d'une simple fonction ludique et divertissante, le grand public a rapidement identifié l'arrivée de ces jeux comme un tremplin potentiel pour faire de leurs enfants des futurs scientifiques de renom. Les premiers kits pour jeunes chimistes ont donc rapidement connu un succès phénoménal.

Seul bémol : jusqu'aux années 1950, ces premières éditions contenaient en effet un certain nombre de produits dangereux, comme du nitrate de potassium, notamment utilisé pour concevoir de le poudre à canon, des feux d'artifice ou encore du carburant pour fusées. On y trouvait également de l'acide nitrique (qui peut aussi servir à l'élaboration d'explosifs) et de l'acide sulfurique, dont la nature corrosive avait de quoi inquiéter les parents, ou encore de l'hypochlorite de calcium, potentiellement dangereux pour les voies respiratoires. Les bambins d'hier pouvaient donc, s'ils le voulaient, provoquer facilement une explosion ou rendre l'air de la maison irrespirable. C'est pourquoi l'utilisation de ces fameux "kits" comportait à l'époque une dimension que l'on qualifierait aujourd'hui de "participative" : L'accompagnement des enfants par leurs parents, afin de respecter des règles de sécurité élémentaires, faisait partie intégrante du processus de découverte. Dès les premières craintes parentales formulées en nombre dans les années 1960, l'élaboration des ces jeux a progressivement dérivé vers des kits pour jeunes chimistes...sans produits chimiques.

En 2014, les scientifiques passionnés (aussi parents à leurs heures perdues) ne savent que trop bien pourquoi ces kits d'apprentis chimistes sont tombés en désuétude depuis plusieurs années, et surtout depuis la dernière décennie. A l'instar du site américain "12 Angry men" (12 hommes en colère), plusieurs blogueurs américains déplorent sans cesse l'appauvrissement scientifique et qualitatif des éditions commercialisés aujourd'hui.

Beaucoup se sont par exemple indignés de la formule d'accroche du kit "the chemistry 60" (en photo ci-dessous), qui se targue de proposer "60 activités amusantes...sans produits chimiques." Qu'il s'agisse de faire pousser des plantes ou de créer du cristal, ces "60 activités" requièrent pourtant bien l'utilisation de produits chimiques. En apposant la mention "sans produits chimiques", le fabriquant veut éloigner tout, notion de crainte ou de dangerosité...

Un rapide tour d'horizon des jeux proposé dans l'hexagone n'augure pas de découvertes plus palpitantes pour les jeunes français avides de science. A en juger par le kit de "science des aimants" qui propose de créer "un balancier mystérieux, un jeu de pêche à la ligne" ou encore une "sculpture magnétique", le tout pour un "plaisir garanti", l'heure n'est définitivement plus à, l'aventure, mais bien au divertissement

Lu sur Collectors Weekly

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