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Crise sociale : et l’opposition dans tout ça ? Comment les différentes écuries de droite peaufinent leurs stratégies pour tirer les marrons du feu
©wikipédia

Courte échelle

Deux proches de Nicolas Sarkozy ont annoncé qu'ils pourraient soutenir une motion de censure de gauche afin de faire tomber le gouvernement. Une dissolution de l'Assemblée pourrait, en effet, profiter à l'ancien chef d'Etat comme à François Hollande.

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Et la droite se divise à nouveau... D'un côté, ceux qui affirment publiquement, et le font savoir bruyamment, qu'ils voteront, si elle est déposée, une motion de censure de gauche, ceux qui font savoir tout aussi bruyamment qu'ils n'en feront rien, et les autres. Les silencieux.

Alors que les blocages se multiplient, que la CGT bat le pavé, l'ensemble de la classe politique réfléchit déjà à l'épisode d'après : le retour de la loi à l'Assemblée. Après avoir été entièrement réécrit par le Sénat, le texte reviendra, en effet, au Palais Bourbon début juillet. Le gouvernement, qui n'aura pas plus de majorité qu'au mois de mai, devra à nouveau utiliser l'article 49-3 pour faire passer son texte et les frondeurs devraient en toute logique tenter de déposer une motion de censure. Ils pourraient, cette fois, y parvenir car ils viennent de trouver des soutiens inattendus.

Mercredi, Eric Ciotti et Guillaume Larrivé, deux proches de Nicolas Sarkozy, ont, en effet, affirmé qu'ils se rallieraient à la gauche. "S'il y a des députés de gauche qui veulent arrêter l'expérience, moi je dis que je souhaite aussi arrêter l'expérience. Donc s'il y a une motion de censure, je la voterais", affirmait, mercredi, Eric Ciotti sur Public Sénat. Le député Guillaume Larrivé affirmait, quelques heures plus tard, qu'il n'aurait aucun problème à voter un texte de gauche, l'important étant le résultat final, c'est à dire la chute du gouvernement Valls. Le député Marc Le Fur, la veille, ne disait pas autre chose : "Nous sommes un certain nombre à réfléchir à cette option. Peu importe le contenu, personne n'a jamais lu le texte d'une motion de censure". Le débat a mêmegagné le centre. Pour Jean-Christophe Lagarde : "A moins qu'elle soit totalement déraisonnable dans son texte, nous voterons (la motion de gauche) car la loi El Khomri, qui a totalement dérapé, qui ne ressemble plus à rien, doit être retirée". Mais tous les proche de Nicolas Sarkozy ne sont pas de cette avis. Eric Woerth ne voterait pas un texte de gauche. Roger Karoutchi, bien que sénateur et non concerné, affirme qu'il se verrait mal voter un texte "qui demanderait plus d'encadrement pour les licenciements".

Alors, les sarkozystes sont-ils à la manœuvre dans cette histoire ? Pour certains, c'est évident car l'ancien chef de l’État aurait tout à gagner à une dissolution. De nouvelles élections législatives auraient lieu dans les 40 jours, vraisemblablement remportées par la droite, et François Hollande se verrait dans l'obligation de nommer à Matignon Nicolas Sarkozy. Certes, rien ne l'y oblige mais la tradition veut que soit appelé le chef de la nouvelle majorité. Exit les concurrents : Alain Juppé, François Fillon et Bruno Le Maire. Exit surtout les primaires, car ainsi remis au centre du jeu, Nicolas Sarkozy se trouverait aussi relégitimé.

C'est pour cette raison que les juppéistes se sont immédiatement opposés à la manœuvre. L'ancien ministre Benoist Apparu est monté au créneau pour dire qu'il n'entendait pas partager un "texte de l'extrême-gauche" et "ajouter à la crise économique et sociale une crise politique de première ampleur"."Donc, soyons raisonnables, restons responsables, le gouvernement est légitime à aller au bout de son mandat. Il y a une élection en 2017, respectons les échéances", a conclu le lieutenant d'Alain Juppé. Selon Reuters, pour un autre des proches du maire de Bordeaux, le vote d'une censure suivi d'une dissolution permettrait à Nicolas Sarkozy de "torpiller" la primaire à droite et "d'empocher la mise".

Pour l'instant, les proches de Bruno Le Maire et François Fillon gardent prudemment leurs distances mais restent attentifs. Car, en effet, le scénario est d'autant plus dangereux qu'il arrangerait aussi François Hollande. Certes, une dissolution gagnée par le camp d'en face est toujours un échec, mais le président de la République pourrait en faire porter la responsabilité à son Premier ministre peu conciliant. Son principal concurrent ainsi éliminé et déchargé de la gestion des affaires courantes, François Hollande aurait un an pour préparer la campagne de 2017. François Mitterrand a toujours gagné les présidentielles qui ont suivi une cohabitation. François Hollande se pose souvent en digne héritier.

Autre avantage pour François Hollande, avoir l'assurance d'affronter Nicolas Sarkozy en 2017. Les deux hommes, qui ne s'apprécient guère, pensent tous deux que l'autre est le meilleur adversaire, le plus facile à battre. Il se sont mutuellement choisis, depuis bien longtemps. François Hollande ne perd jamais une occasion d'inviter Nicolas Sarkozy a une cérémonie officielle afin de l'installer comme chef incontournable de l'opposition et Nicolas Sarkozy, en décochant ses flèches à l'attention de l'actuel locataire de l’Élysée, l'assoie dans le rôle de l'opposant légitime. Reste que si le scénario est séduisant sur le papier, les accusations de tripatouillage pourraient être mortelles pour les deux acteurs. Les sarkozystes semblaient d'ailleurs, hier, faire machine arrière. Guillaume Larrivé demandant que l'on "cesse la politique fiction".

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