Covid- 19 : la grogne monte dans la gendarmerie<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Covid- 19 : la grogne monte dans la gendarmerie
©RICHARD BOUHET / AFP

Sur le front

Les gendarmes mobilisés face à la crise du Covid-19 sont de plus en plus épuisés et la colère monte. Ils ne disposent pas du matériel réglementaire et mettent leurs proches et collègues en danger.

La colère commence à monter chez les gendarmes qui se plaignent de devoir contrôler des centaines de personnes sans masques ni même parfois gel hydroalcoolique. Ils pointent du doigt le risque important de contamination, pour eux-mêmes, et leurs proches. Ce peu de considération à l'égard des gendarmes se vérifie-t-il sur l'ensemble du territoire ? 

Atlantico rédaction : Bien entendu, à l'heure actuelle, personne n'est présent partout sur le territoire puisque l'obligation est de rester chez soi. Cela dit, 70% du territoire français est sous la responsabilité de la gendarmerie. Elle a donc un rôle cruciale dans le maintien de l'ordre sur la continuité du territoire français, ce qui n'est pas nouveau puisque c'est l'Empereur Napoléon qui lui a attribué ce rôle de premier plan. Au 19ème, il a donc créé de nombreuses bridages de gendarmerie, réparties sur l'ensemble territoire, et qui ne devaient pas être à plus d'une journée de cheval l'une de l'autre.  

Depuis, elle a conservé ce rôle essentiel dans les campagnes et la périphérie des villes ; l'intérieur des villes, les métropoles et les villes moyennes étant sur le contrôle de la police. 

Le rôle de la gendarmerie, en ce qui concerne la défense du territoire, est donc tout à fait crucial. C'est pour ça qu'il faut être vigilant au regard de l'état des gendarmes, d'autant plus en cette période durant laquelle on leur demande beaucoup d'effort, sans effectivement leur fournir le matériel minimum et réglementaire. D'autre part, les gendarmes étant des militaires, ils vivent dans des casernes où, en plus de vivre avec leur famille,  ils sont quelque peu les sur les autres, de ce fait s'ils venaient à être contaminé par le virus lors d'un contrôle où ils n'avaient pas eu la possibilité de se munir de gans et de masques ils contamineraient à leur tour non seulement leurs proches mais aussi leur collègues. 

Un tel scénario étant possible et ayant même déjà eu lieu de nombreuses fois en raison du manque de matériel qui leur est donné, cela explique donc que la colère monte au sein de leur rang. D'autant plus, qu'en plus de contaminer leurs proches, collègues... ils risqueraient aussi de contaminer les individus qu'ils contrôlent. Une possibilité qu'ils redoutent et qui, en raison de la confiance qui leur ai accordé par la population, pourrait s'avérer désastreuse pour leur réputation. D'autant que si cette confiance se transformait en méfiance cela jouerait un rôle désastreux dans la transmission des informations et de facto dans la lutte contre la propagation du Covid-19.

Comment expliquer qu'ils ne bénéficient pas du matériel de protection réglementaire alors que leur travail est essentiel ? 

L'appareil d'Etat est actuellement pris à la gorge entre des considérations contradictoires. Comme tout le monde exige tout au même moment, l'Etat est contraint de faire des arbitrages et va plus facilement octroyer davantage de moyens à ceux qui sont parvenus à faire entendre leur colère haut et fort.  

Une logique qui dans le cas des gendarmes, paraît à la fois lâche et cynique, puisque les gendarmes étant des militaires, ils n'ont pas de syndicat et n'ont d'autre possibilité que de se mettre aux gardes-à-vous et d'appliquer les règles sans broncher. 

Cependant, ce choix effectué par le gouvernement de privilégier d'autre corps de métier plutôt que la gendarmerie apparaît comme court-termiste puisqu'ils devront en répondre une fois la crise sanitaire derrière nous et que cela pourrait leur coûter cher. En outre, étant donné que les gendarmes sont proches des Français, bien souvent très appréciés et au coeur de la vie du pays, les "sacrifier" est un choix qui pourraient leur coûter cher dans les urnes. 

En effet, actuellement l'heure est à l'unité et à l'entraide mais une fois le gros de la crise sanitaire derrière nous, le gouvernement devra rendre des comptes.En outre, comme le remarquait déjà Tocqueville au 19ème siècle, les Français ne râlent pas lorsque la crise est en cours, mais la colère monte dès lors que les choses s'améliorent. Dans ce cas précis, le gouvernement devra donc répondre de ses heures probablement à la fin du printemps et durant l'été. 

Certains menacent d'utiliser leur droit de retrait. Peuvent-ils réellement l'actionner ? 

Il est fort possible qu'ils mettent en application leur droit de retrait même s'il est aussi très probable qu'ils brandissent l'idée comme menace afin d'obtenir ce qu'ils devraient déjà avoir c'est-à-dire des masques, des gans, du gel hydroalcoolique... Et si les gendarmes n'ont, comme nous l'avons dit plus haut, pas le droit de protester -soit ils suivent le rythme, soit ils démissionnent- il apparaît clair qu'ils ont compris qu'ils devaient utiliser, comme tout le monde, les outils à leur disposition que sont les réseaux sociaux.  

Ainsi, à l'heure actuelle s'ils brandissent davantage la possibilité d'utiliser le droit de retrait comme une menace, si rien n'était et qu'aucun matériel supplémentaire ne leur été donné ils, et c'est sûr, passeraient à l'acte. 

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !