Covid-19 : la pandémie a rebattu les motivations de la réticence à la vaccination et le nouveau critère clé en est…<!-- --> | Atlantico.fr
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Le Premier ministre britannique Boris Johnson reçoit sa première dose du vaccin AstraZeneca au centre de vaccination de l'hôpital St Thomas de Londres, le 19 mars 2021.
Le Premier ministre britannique Boris Johnson reçoit sa première dose du vaccin AstraZeneca au centre de vaccination de l'hôpital St Thomas de Londres, le 19 mars 2021.
©Frank Augstein / POOL / AFP

Campagne vaccinale

Alors que les campagnes de vaccination contre la Covid-19 s'accélèrent à travers la planète, les réticences vis-à-vis de la vaccination chez une partie de la population restent un défi majeur. Une nouvelle étude s'est interrogée sur la relation entre la capacité des unités de soins intensifs avant la pandémie, les politiques de santé publique et leurs impacts sur le scepticisme envers le vaccin contre la Covid-19 au Royaume-Uni.

Dominic Rohner

Dominic Rohner

Dominic Rohner est professeur d'économie à la Faculté des sciences économiques et commerciales (HEC) de l'Université de Lausanne. Il est chercheur au CEPR, CESifo, OxCarre et HiCN. Ses recherches portent sur l'économie politique et du développement et ont remporté plusieurs prix, comme par exemple le KfW Development Bank Excellence Award ou le SNIS International Geneva Award. Il est rédacteur en chef associé à l' Economic Journal. Il est également le leader du Réseau de recherche et de politique du CEPR (RPN) sur la prévention des conflits. Il a publié des articles dans diverses revues internationales, notamment :  American Economic ReviewEconometrica , Journal of Political Economy , Quarterly Journal of Economics , Review of Economic Studies.

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Atlantico : Vous avez étudié le lien entre l'échec du système de santé publique et en particulier les systèmes de soins d'urgence au Royaume-Uni et le scepticisme envers la vaccination. Comment se déroule exactement la corrélation ? Quelles sont les conclusions de votre étude ("De la tragédie à l'hésitation : comment les échecs de la santé publique ont stimulé le scepticisme face aux vaccins contre la Covid-19") ?

Dominic Rohner : Nous constatons dans nos données que la plus grande proportion de personnes interrogées ne souhaitant pas se faire vacciner vivaient dans des zones où les unités de soins intensifs (USI) étaient proches de leur capacité maximale et de la saturation à la fin février, juste avant que la crise du Covid-19 ne frappe le Royaume-Uni. Étonnamment, cet effet était indépendant des attitudes préexistantes à l'égard de la vaccination - les sceptiques et les partisans de la vaccination ont montré des taux de soutien plus élevés pour la vaccination contre le Covid-19 où le National Health Service (NHS) en Angleterre disposait de suffisamment de capacités de soins intensifs disponibles et libres. Ces résultats sont solides et résistent au contrôle de l'âge, du statut socio-économique, de l'éducation, du sexe, de l'état matrimonial et des caractéristiques régionales.

Comment expliquez-vous que les défaillances du système de santé impactent la confiance dans le vaccin ? Est-ce propre à la pandémie de coronavirus ?

En fait, nous avons constaté que la disponibilité dans les services soins intensifs juste avant l'épidémie de Covid-19 était également un indicateur important de la confiance dans la science et envers le personnel soignant : là où le NHS a manqué de capacité en soins intensifs pendant la crise du Covid-19, la confiance dans la science et les experts médicaux était nettement inférieure ! Cette confiance dans la science et les experts médicaux pourrait bien être un aspect clé de la volonté de se faire vacciner plus généralement, au-delà de la vaccination contre le Covid-19.

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La corrélation que vous avez établie entre l'échec du système de santé publique au Royaume-Uni et le scepticisme à l'égard de la vaccination pourrait-elle être étendue à d'autres pays ? A-t-on le droit de croire que c'est vrai ailleurs ?

C'est une très bonne question. Nos données ne nous permettent pas d'extrapoler au-delà du Royaume-Uni, mais il serait sûrement extrêmement intéressant d'étudier cela dans divers contextes.

Vos conclusions devraient-elles motiver les gouvernements à prêter attention aux zones défavorisées en termes de service de santé publique, afin d'éviter la méfiance lors de l'éclosion de pandémies ?

À mon avis, au-delà des résultats spécifiques de notre étude, une priorité clé pour chaque société est que chaque personne puisse avoir accès à des médicaments de haute qualité et qu'il y ait suffisamment de lits de soins intensifs disponibles partout pour les urgences imprévues et les pandémies. Il existe en effet un risque de cercle vicieux, où les attitudes négatives envers la vaccination entraînent une baisse des taux de vaccination, un plus grand nombre de patients gravement malades en temps de crise, une pression accrue sur les unités de soins intensifs et, par conséquent, une confiance moindre envers le personnel soignant et la science. Nos résultats mettent en évidence une synergie importante entre la performance du système de santé publique et le soutien de la population vis-à-vis des mesures de santé publique comme la vaccination à grande échelle.

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