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Confusion idéologique à tous les étages : Occident cherche âme perdue post fin de l’histoire
©STR / AFP

SOS de terriens en détresse

Du refus d’un néo-colonialisme à l’invocation de la mission humanitaire à visée universelle de l’Occident en passant par le constat que nous n’avons plus les moyens de protéger ou d’accueillir tous les civils qui le voudraient contre l’obscurantisme, la débâcle afghane produit un séisme idéologique qui bouleverse toutes les familles politiques.

Bertrand Vergely

Bertrand Vergely

Bertrand Vergely est philosophe et théologien.

Il est l'auteur de plusieurs livres dont La Mort interdite (J.-C. Lattès, 2001) ou Une vie pour se mettre au monde (Carnet Nord, 2010), La tentation de l'Homme-Dieu (Le Passeur Editeur, 2015).

 

 

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Edouard Husson

Edouard Husson

Universitaire, Edouard Husson a dirigé ESCP Europe Business School de 2012 à 2014 puis a été vice-président de l’Université Paris Sciences & Lettres (PSL). Il est actuellement professeur à l’Institut Franco-Allemand d’Etudes Européennes (à l’Université de Cergy-Pontoise). Spécialiste de l’histoire de l’Allemagne et de l’Europe, il travaille en particulier sur la modernisation politique des sociétés depuis la Révolution française. Il est l’auteur d’ouvrages et de nombreux articles sur l’histoire de l’Allemagne depuis la Révolution française, l’histoire des mondialisations, l’histoire de la monnaie, l’histoire du nazisme et des autres violences de masse au XXème siècle  ou l’histoire des relations internationales et des conflits contemporains. Il écrit en ce moment une biographie de Benjamin Disraëli. 

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Atlantico :  La prise de Kaboul donne lieu à de nombreux commentaires. Beaucoup d’entre eux semblent témoigner d’une certaine confusion idéologique. Tout le monde est-il sous le choc ?
Edouard Husson : Selon une célèbre formule, qui est un détournement de Bossuet: "Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes". A court terme, tout l'establishment occidental ou presque a souhaité avoir Joseph Biden à la Maison Blanche. La décision du retrait d'Afghanistan avait mûri d'Obama à Trump. Il restait à l'appliquer; mais les Etats-Unis ont installé à la Maison Blanche un individu dont les capacités cognitives sont profondément diminuées et qui ne gouverne pas. Or les institutions ne peuvent pas être tordues à volonté. On ne peut pas se substituer au commandant suprême depuis la vice-présidence ou la Chambre des Représentants. A long terme, l'échec des Américains en Afghanistan était prévisible dès le lancement de l'opération il y a vingt ans. Pourquoi les Américains auraient-ils réussi à conquérir l'Afghanistan là où tous leurs prédécesseurs ont échoué? Rappelons-nous que George W. Bush avait lancé cette guerre pour punir les Talibans d'avoir hébergé Oussama Ben Laden. Mais on ne gagne pas une guerre que l'on a engagée pour un mauvais motif. La guerre d'Afghanistan a toujours été profondément impopulaire aux USA. Et elle se finit par un désastre qui rappelle irrésistiblement l'abandon de la péninsule indochinoise dans la panique en 1975. Nos gouvernants, nos journalistes, nos intellectuels ont la mémoire courte. La Guerre de Vingt Ans a permis aux talibans de retrouver une légitimité, qu'ils avaient perdue en exerçant le pouvoir à la fin des années 1990. Et nous allons revoir les mêmes scènes qu'il y a vingt cinq ans: voilement total des femmes, application littérale de la loi islamique, iconoclasme fanatique. Le choc dont vous parlez est celui de décideurs et influenceurs occidentaux qui n'ont plus de mémoire historique et dont les capacités d'analyse sont paralysées par la crise terminale du mondialisme.  

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Bertrand. Vergely :

La prise de Kaboul par les talibans est un événement très grave. Il y a quatre raisons faisant qu’il est difficile de parler de cette catastrophe : l’échec qu’il signifie, la rupture qu’elle implique, la violence de ses auteurs  et le message qui est lancé. 

S’agissant de l’échec, l’Occident a été en guerre contre les talibans durant 20 ans. Le but de cette guerre était de faire échec aux talibans et à l’islamisme. Ce but n’a pas été atteint. Les talibans ont gagné. Sortant vainqueurs de cette guerre, tout ce qui a été fait et dépensé durant vingt ans n’a servi à rien. Dans cette défaite cinglante, l’effondrement moral de l’Occident  est sans conteste ce qu’il y a de plus préoccupant. Les Américains expliquant il y a peu encore que jamais les talibans ne rentreront dans Kaboul, la fuite du président afghan à l’étranger, la déroute de l’armée afghane fuyant en Ouzbékistan au lieu de combattre,  l’incapacité de Joe Biden d’avouer cet échec, sa façon de le noyer en disant que les objectifs américains ont été atteints : tout cela étant  pathétique, pitoyable et  honteux, il est normal que l’on ait du mal à parler. Que dire ? 

S’agissant de la rupture, quand l’Amérique a perdu la guerre du Vietnam et que les communistes vietnamiens ont gagné, il y avait certes défaite de l’Amérique, mais  malgré tout il y avait avec le communisme des liens possibles. Les communistes étaient pour une camaraderie universelle. La France et les États-Unis étaient pour une fraternité universelle. Entre frères et camarades on peut s’entendre. Avec les talibans, leur but étant l’islam et rien d’autre, il n’est pas question de camaraderie ni de fraternité. Aucune valeur commune n’existant, on ne voit pas comment il sera possible de s’entendre avec eux. Ne voyant aucune issue, l’angoisse face à l’avenir devient le seul horizon. D’où la difficulté de dire quelque chose d’intelligent. Quand on est angoissé, on a toujours du mal à parler. 

S’agissant de la violence, du fait de sa cruauté effroyable Daech a été l’image du cauchemar. Avec sa défaite, on espérait en être délivré.  Avec la victoire des talibans, il apparaît que le cauchemar non seulement n’est pas fini mais ne va pas finir.  Il va recommencer sous des formes nouvelles et peut être même s’amplifier. Quand on veut chasser un cauchemar, à part « Non », on ne sait pas dire autre chose. On n’a pas envie de dire autre chose.

Enfin, s’agissant du message qui est lancé, il importe d’ouvrir les yeux. Il y a quelques années, le maire musulman d’une ville  belge a clairement expliqué devant les caméras que cela prendrait le temps que cela allait prendre mais au bout du compte l’islam allait prendre le pouvoir. « S’il faut cent ans, nous saurons attendre cent ans », n’a pas hésité à dire ce maire. L’Occident a commencé par faire mine de ne pas entendre. Puis, quand ce propos est revenu sur le devant de la scène, ceux qui le tenaient ont été traité de complotistes, d’islamophobes, de complices nauséabonds de l’extrême droite. Dans cet élan de tolérance envers l’islamisme, certaines militantes féministes d’extrême gauche ont été même jusqu’à défendre le voile islamique au nom de la liberté de la femme musulmane. Au point qu’ Elisabeth Badinter a pris la plume afin de leur rappeler la violence qui se cache derrière le voile.  Aujourd’hui, avec la prise de Kaboul,  le message lancé par le maire belge musulman est en train de se réaliser.  Les islamistes en Afghanistan ont commencé leur guerre un peu avant 1979, date de l’intervention soviétique afin de soutenir le régime afghan  procommuniste de l’époque. Ils ont continué à faire la guerre à l’occasion de l’intervention américaine de 2001. Aujourd’hui après 42 ans de guerre, leur acharnement a payé. Ils ont gagné. Ils ont compris que l’on gagne à l’usure. Pour l’Occident, le message est clair. L’islamisme triomphera à l’usure. Les Américains veulent bien faire la guerre. Ils ne veulent pas la faire 21 ans. Trump a ouvert la voie de la lassitude en commençant à retirer les troupes américaines d’Afghanistan. Biden est allé au bout de cette voie en retirant toutes les troupes.  Quand on se sent en sécurité, on a de l’énergie et des idées. Quand on ne se sent plus en sécurité, on n’en a plus. En rentrant à Kaboul, les talibans ont mis fin au sentiment de sécurité de l’Occident avec un message clair : « Regardez nous bien. Les prochains que nous aurons à l’usure, ce sera vous ».


Atlantico : Après la chute de l’URSS, Fukuyama parlait de la « fin de l’histoire ». Cette certitude que la superpuissance américaine avait triomphé et avec elle ses valeurs démocratiques et libérales et la place de l’Occident dans le monde. Le 11 septembre avait déjà remis cette idée en cause. La reprise de Kaboul par les talibans marque-t-elle la fin définitive de cette idée ?
Edouard Husson : De 1990 à 1999, les Occidentaux ont pu croire que cette "fin de l'histoire" diagnostiquée par Fukuyama (de manière plus subtile que la plupart de ses commentateurs) était réalisée. La guerre du Kosovo représenta cependant le premier avertissement. Les Etats-Unis ont ressenti le besoin de réaffirmer leur leadership parce qu'ils trouvaient les Allemands, les islamistes et la Chine un peu trop actifs dans les Balkans. Puis est venu le choc du 11 septembre 2001. Mais vous remarquerez que les Etats-Unis ont fait la guerre pour autre chose que pour venger les 3500 victimes du World Trade Center. Ils l'ont faite pour faire triompher la démocratie progressiste au Moyen-Orient; ils l'ont faite aussi pour conserver le contrôle des flux pétroliers et pour conforter le dollar (Saddam Hussein avait commencé à effectuer des transactions pétrolières en euro). En fait, la fin de la "fin de l'histoire" est vraiment survenue en 2007. En février de cette année-là, Vladimir a signifié la fin de "l'hyperpuissance américaine" en annonçant que la Russie souhaitait un monde fondé sur l'équilibre des puissances. Et, en août de cette même année 2007, la crise des subprimes a commencé. Evidemment, toutes les forces qui avaient construit la "mondialisation heureuse", le monde des peuples qui n'ont prétendument pas d'histoire, ont essayé de maintenir leur modèle en déversant régulièrement ce que Ben Bernanke appelait l' "helicopter money": des milliers de milliards de dollars ont été déversés pour financer la guerre en Afghanistan et en Irak, pour relancer l'économie américaine et mondiale, pour financer de grands programmes destinés à mettre en place une gouvernance mondiale de plus en plus idéologique. Ce système est de plus en plus à bout de souffle, il est devenu le "fascisme gris" - symbolisé par Joseph Biden - qui s'est mis en place à l'occasion de la pandémie, avec un ordre sanitaire qui relève plus de la magie que de la médecine mais qui permet de tenir sous le boisseau des peuples dont on n'aime pas les aspirations à une démocratie authentique. Je n'aime pas la notion de démocratie libérale: une démocratie équilibrée organise le débat entre des conservateurs, des sociaux-démocrates et des libéraux. Mais il n'y a plus de sociaux-démocrates, les libéraux sont, sauf exception du côté du "fascisme gris" si magnifiquement analysé par Jonak Goldberg, en 2008 (dans un ouvrage intitulé Liberal fascism) et les conservateurs ont du mal à se constituer en force organisée. Dans le monde entier, les peuples aspirent à la démocratie. mais ils sont mis sous le boisseau, outre le fascisme gris, par le néo-maoïsme d'un Xi Jingping ou l'islamisme radical qui domine une partie du monde et dont les Talibans ne sont qu'un échantillon.    

Bertrand Vergely : 

L’histoire comporte des éléments matériels et économiques, des éléments humains et psychologiques et des éléments moraux et spirituels. On est dans l’histoire quand on combine tous ces éléments pour aboutir à ce qui fait une histoire à savoir le fait que les hommes vivent quelque chose de génial. L’histoire réelle de l’humanité commence alors parce que l’humanité géniale se manifeste en se libérant. En parlant de fin de l’histoire parce que le libéralisme a triomphé du communisme, Fukuyama s’est trompé.  Ne croyant que dans la détermination économique, omettant les aspects humains, moraux et spirituels qui modifient en permanence les bases matérielles, ne disant rien de la libération du génie humain, il n’a pas vu que l’histoire est loin d’être finie. Marx en a eu l’intuition  quand il a émis l’idée que nous ne sommes pas encore dans l’histoire véritable. Il a pensé que viendrait un jour où l’humanité pourrait ne plus être soumise au déterminant économique. Le libéralisme aurait pu incarner la fin de l’histoire, s’il avait fait du libéralisme ce qui se libère du déterminisme économique. Ne pensant qu’en termes économiques, il est resté en dehors d’une pensée sérieuse de l’histoire.  Pendant longtemps, le monde a cru que la liberté de l’Amérique signifiait la liberté du monde. L’Amérique a libéré le monde quand, s’engageant contre le nazisme, elle a triomphé de celui-ci. Avec sa défaite au Vietnam, elle a commencé à cesser de libérer le monde. Avec son retrait d’Afghanistan, elle a achevé d’avoir ce rôle libérateur.  La raison de cet échec réside dans le cynisme américain, la politique catastrophique résultant de  ce cynisme et  le poids de la politique intérieure. Les Américains sont comme les Chinois. Seule la Chine intéresse les Chinois. Seule l’Amérique intéresse l’Amérique. Trump a eu comme slogan America first. N’osant aller contre ce slogan très populaire, Biden l’a repris. Ce slogan éclaire la politique américaine. L’Amérique est libérale parce que le libéralisme est américain. Elle est cynique parce qu’elle est libérale et américaine sans aucun état d’âme. D’où une politique étrangère catastrophique. En  1979, quand l’URSS envahit l’Afghanistan, l’Amérique soutient les talibans contre les russes. Puis, quand les talibans gagnent, elle s’oppose à eux. D’où la haine de Ben Laden, ex taliban,  envers les Américains et les attentats de New York en 2001. Si les talibans sont aujourd’hui au pouvoir, l’Amérique en est responsable. Si celle-ci n’avait pas soutenu les talibans, le monde n’en serait pas là.  Aujourd’hui, elle retire ses troupes d’Afghanistan. Elle le fait pour des raisons de politique intérieure. L’Amérique moyenne ne supporte plus de payer pour que ses boys aillent faire la guerre chez les autres et pour les autres. Aussi cessons de rêver en croyant que l’Amérique est un rêve voire le rêve et que ce rêve. L’Amérique est cynique. Elle ne pense qu’à l’Amérique.  Elle a mené une politique désastreuse en Afghanistan. Elle est largement responsable de la montée de l’islamisme et de la victoire des talibans. Après avoir gangréné la planète, elle continue de semer la pagaille en se retirant comme elle le fait du chaos qu’elle a installé.

Atlantico : L’Occident est-il en train de réaliser que les valeurs sur lesquelles il se reposait, celles notamment qui revendiquaient l’universalisme, ne sont pas aussi universelles qu’il y paraît ?
Edouard Husson : L'Occident, c'est le judéo-christianisme, c'est la religion d'Isaïe qui a conquis l'empire romain et s'analyse elle-même dans les termes de la pensée grecque. C'est la synthèse heureuse entre Jérusalem, Athènes et Rome. Comme ne cessent de le répéter les prophètes hébreux, la liberté, l'égalité et la fraternité entre les hommes ne peuvent pas s'imposer par la violence. La chute du communisme fut une victoire de l'Occident. Et depuis, ce dernier n'a cessé de trahir sa vocation à faire triompher pacifiquement la paix, la liberté, la prospérité dans le monde entier. Le problème du monde actuellement, c'est qu'il a perdu sa boussole occidentale. On a donc un peu partout soit des replis identitaires (comme en Inde) soit des fuites dans l'idéologie (comme en Chine ou dans le monde musulman).    

Bertrand Vergely : Avec l’entrée des talibans à Kaboul, ce n’est pas l’universalisme qui s’écroule. L’Occident le sait très bien. L’universalisme n’est pas universel. C’est la raison pour laquelle il importe de le défendre. Le monde est dévoré par les particularismes aveugles. L’universel consistant à voir l’humanité comme un tout en s’adressant à l’esprit de ce tout, le monde est loin d’avoir cette idée de l’humanité. D’où la nécessité de défendre une telle vision. En revanche, une chose est certaine : les femmes vont souffrir parce que la loi qui va rentrer en vigueur, la Charia, va les  faire souffrir. Le monde va de ce fait connaître une terrible régression. À ce titre, ce n’est pas tant l’universalisme qui va s’écrouler que l’obscurantisme qui va s’installer avec le soutien d’une partie de la population afghane, des musulmans et de la reconnaissance des talibans de Kaboul par certains gouvernements. On parle de négociations en cours entre Kaboul et la Russie, Kaboul et la Chine. L’universalisme n’est pas universel parce que le cynisme l’est. Là est le drame.

Atlantico :Après le choc, va-t-il falloir chercher de nouvelles réponses, moins évidentes, aux questions fondamentales telles que le rôle de l’occident, la lutte pour les libertés, et tant d’autres ? 
Edouard Husson : Avec la crise dite sanitaire, le système mondialiste est entré dans sa crise terminale. Mais les points de repère sont trop peu nombreux - et fragiles. Vladimir Poutine a mis en place une sorte de bonapartisme russe qui est trop spécifique, lié à la taille du pays, à sa situation géopolitique. Nous avons besoin de revenir à la démocratie. mais on voit bien comment l'establishment britannique s'est emparé de la crise du COVID pour neutraliser Boris Johnson. La popularité et la réussite économique de Donald Trump représentaient un tel danger qu'il a suscité contre lui une coalition de tous les intérêts établis pour empêcher sa réélection. Dans l'Union européenne, la Scandinavie et l'Europe centrale défendent les couleurs de la démocratie mais l'Europe du Sud est très malmenée économiquement et le Marché Commun historique est, comme l'Amérique du Nord ou l'Australie la proie du "fascisme gris". Et la confusion des valeurs révélée régulièrement par l'incapacité de la gauche à dénoncer l'islam fondamentaliste ne présage rien de bon en cas de nouvel afflux migratoire lié à la crise d'Afghanistan. Au milieu de cette confusion, les peuples tâtonnent pour inventer la démocratie de 2030. Nous sommes bien entrés dans ce que Michel Maffesoli appelle "l'ère des soulèvements". 

Bertrand Vergely : Les discours à propos de la victoire des talibans sont confus parce que nous ne savons pas faire autre chose que de répéter en boucle le terme Droits de l’homme sur un mode incantatoire. Ce vide n’est pas un hasard. On a des valeurs parce que l’on a des principes derrière ces valeurs et non parce que l’on s’adapte à l’actualité. Nous faisons l’inverse. Au lieu d’avoir des principes nous nous adaptons à l’actualité. Les talibans ont des principes. Ces principes sont ce qu’ils sont. Néanmoins, ils existent. Nous n’avons pas de principes ou si peu ou si mal. Quand Emmanuel Macron parle de valeurs il entend par là de droit d’aimer comme on veut et de penser ce que l’on veut. Concrètement, cela donne la PMA et le droit au blasphème. Il pense défendre la liberté en défendant le droit au blasphème àç travers la caricature de Mahomet. Il ne voit pas que la valeur de la caricature a comme conséquence la caricature de la valeur. Le monde occidental est devenu un ponde décadent qui ne pense qu’à son confort. Alors qu’il est fatigué de se battre, il a face à lui une horde de tueurs qui sont prêtes à se battre sans relâche. Si nous voulons pu voir avoir affaire au défi auquel nous allons être confrontés il va falloir se réveiller en ayant non pas des valeurs mais du sérieux, de la rigueur et de l’exigence. À cet égard, avant d’aller chercher de nouvelles valeurs, il sera bon que l’on s’emploie à avoir celles que l’on prétend avoir. La morale se fonde sur la force morale et la force morale se travaille. Travaille-t-on notre force morale ? Non. Ce n’est pas étonnant. On ne sait plus ce qu’est la morale. Devenue un mot honteux, nous l’avons remplacée par celui d’éthique. Résultat : au lieu de nous construire intérieurement, nous passons notre temps à discutailler à propos de tout. Là où il conviendrait d’être ferme, c’est le bavardage qui domine.  On croit que la liberté consiste à avoir des droits. On pense la liberté en termes d’égoïsme. Il ne vient pas à l’esprit que la liberté puisse consister à avoir une pensée. Il n’y a pas plus beau que la liberté. Celle ci est l’essence du monde, être libre se passant quand on est ce que l’on est. Cela implique d’être, être consistant à exister totalement.  Quand nous aurons comme idée de la liberté non pas la vision libérale consistant à faire ce que l’on veut  mais à être en se tenant dans l’exigence de l’être, nous aurons les moyens de faire face à la méchanceté religieuse et au libéralisme cynique. Les valeurs qui sont des manières d’exister s’enracinent dans cette valeur au-delà de toute valeur qu’est l’être. Quand nous aurons compris cela nous aurons de vraies valeurs.  Nous serons alors en mesure de faire face au chaos du monde.

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