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Communication politique, 
piège à cons
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Pop com'

La guerre des vidéos de campagne a déjà commencé. Pour convaincre les électeurs, tout est permis, même le plus ridicule. Mais entre le communicant, le politique et l'électeur, qui passe le plus pour un imbécile ?

Hash H16

Hash H16

H16 tient le blog Hashtable.

Il tient à son anonymat. Tout juste sait-on, qu'à 37 ans, cet informaticien à l'humour acerbe habite en Belgique et travaille pour "une grosse boutique qui produit, gère et manipule beaucoup, beaucoup de documents".

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Les élections présidentielles approchent et avec elles leur lot de campagnes d'affichages et de clips vidéos en pleine préparation dans des agences de communication, déjà effervescentes à l'idée de montrer que Hollande lave plus rose ou Sarkozy nettoie même les taches incrustées.

Hollande, qui, au passage, vient de nous gratifier d'un spot terrifiant  dans lequel une avalanche de chiffres noie sans pitié le spectateur avant de lui balancer, haletant, un slogan qui sent bon la Sarah Connor de Terminator : « Nous avons un avenir à changer. » Pas de doute, cette période avant le déferlement est le moment propice de savoir si ces productions ne sont pas contre-productives.


La question est provocatrice, mais lorsqu'on regarde les derniers exemples, on arrive à l'alternative suivante : les politiciens ont-ils complètement claqué les élastiques et lâché toute prise avec la réalité, ou sont-ce les communicants qui ont perdu pied et ne produisent plus qu'échecs cuisants sur bides retentissants ?

On peut se dire que la question est épidermique, ou simplement consécutive à la dernière production du Parti Socialiste, un mouvement de rejet, un agacement passager. Il y a de quoi lorsqu'on écoute le puissant Niagara de niaiseries consternantes que les jeunes du PS ont produit récemment, ritournelle entêtante qui n'aura de succès qu'aux primaires (les classes d'école, pas les élections). 

Mais ce n'est pas un cas isolé. C'est même devenu une habitude de nos gros partis de choisir cette méthode pour faire passer un message souvent confus. Pour le PS, quand ce n'est pas de la chansonnette dégoulinante, c'est du bon gros rap qui tache.



Évidemment, l'UMP n'est pas en reste, avec la contre-performance artistique lacrymogène de son lipdub qui aura provoqué plus de crampes abdominales que toute autre production d'un Barbelivien sous Prozac, dans laquelle on apercevait les éléphants du parti marmonner vaguement qu'ils voulaient changer le môôôôôôônde, probablement en nous rendant sourds, muets et prostrés.

Là encore, on trouvera une version moins chansonnette et plus bondissante dans le magnifique Sarko-oh-oh, monument de symphonie finement ouvragée à côté de laquelle les Nocturnes de Chopin évoquent irrésistiblement un petit bonhomme en mousse version techno.



Malheureusement, le constat ne s'arrête pas à ces productions catastrophiques ; les politiciens se caractérisent par le désir toujours inassouvi de se mêler d'absolument tout et surtout de ce qu'ils ne comprennent pas, comme Internet, qu'ils auront investi avec la délicatesse d'un troupeau de pachydermes fuyant un incendie.

Ici, on se remémorera l'aventure de Ségolène Royal dans les terres vierges du Numérique 0.2, avec le site Désir d'Infographie qui , en septembre 2009, pyrograva les esprits par son aspect décalé pour ne pas dire pourri, obscènement sans rapport avec les sommes que son équipe avait dépensées. À tel point que de multiples sites web s'en souviennent encore.

Et le syndrome du ratage politique mémorable s'étend aux sites institutionnels, comme par exemple France.fr  qui coûte un pont à maintenir, a provoqué plusieurs fois l'hilarité, et n'arrive pas à trouver son public.



On peut parier sans risque que pas un touriste ni un électeur de plus n'auront été influencés par le site coûteux ou les pathétiques clips de campagne. Dire que la communication politique est contre-productive n'est pas exagérer : un électeur moyen, au vu de ces clips, aura tôt fait d'abandonner toute revendication d'appartenance à ces partis de peur de se retrouver ringardisé jusqu'à l'os.

Il y aurait un bémol : lorsque la personne qui communique le fait en son nom propre, de façon régulière, et en ayant pris le temps de maîtriser l'outil, "une autre politique est possible". On peut citer le blog de Mélenchon (je ne partage pas ses délires, mais la tenue de son blog est supérieure à celle d'autres candidats moins anecdotiques) ou l'implication du sénateur Alain Lambert sur Twitter.

Mais comme on peut s'en douter, on est ici à des millions d'années-lumières des démarches "communicantes" d'un Sarkozy ou d'une Aubry...



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