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Ces derniers jours, plusieurs viols de femmes âgées ont été médiatisés. Le dernier en date : une femme de 75 ans a été victime d'un viol à son domicile d'Ozoir-la-Ferrière en Seine-et-Marne.
Ces derniers jours, plusieurs viols de femmes âgées ont été médiatisés. Le dernier en date : une femme de 75 ans a été victime d'un viol à son domicile d'Ozoir-la-Ferrière en Seine-et-Marne.
©Flickr/Su morais

Dramatique série

Ces derniers mois, plusieurs viols de femmes âgées ont été médiatisés. Le dernier en date : le 1er janvier, une femme de 75 ans a été victime d'un viol à son domicile d'Ozoir-la-Ferrière en Seine-et-Marne.

Xavier Raufer

Xavier Raufer

Xavier Raufer est un criminologue français, directeur des études au Département de recherches sur les menaces criminelles contemporaines à l'Université Paris II, et auteur de nombreux ouvrages sur le sujet. Dernier en date:  La criminalité organisée dans le chaos mondial : mafias, triades, cartels, clans. Il est directeur d'études, pôle sécurité-défense-criminologie du Conservatoire National des Arts et Métiers. 

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Pascal Neveu

Pascal Neveu

Pascal Neveu est directeur de l'Institut Français de la Psychanalyse Active (IFPA) et secrétaire général du Conseil Supérieur de la Psychanalyse Active (CSDPA). Il est responsable national de la cellule de soutien psychologique au sein de l’Œuvre des Pupilles Orphelins des Sapeurs-Pompiers de France (ODP).

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Atlantico : Le viol de femmes âgées, est-ce un phénomène nouveau ? 

Xavier Raufer : Ce qui est nouveau, c'est leur multiplication. Classiquement, on avait quelques affaires par an, dont les coupables étaient des pervers, au sens psychiatrique : individus jouissant d'infliger de la souffrance à autrui - le langage courant dit, des "sadiques" ; aussi, de rares ivrognes. Là on en est à plusieurs de ces viols/agressions par mois ; la plupart commis par des individus bien sûr égarés par leur frustration sexuelle et aussi, issus de pays dans lesquels, se­lon des cultures tribales-ancestrales, ou religieuses, la femme doit se plier au désir des hommes, on y revien­dra plus bas.

Comment expliquer la multiplication de ce type de violences ? Que disent les chiffres ?

Xavier Raufer : On aimerait le savoir, tant en France, le système de comptage des infractions est antédiluvien. Précisément, il remonte à 1972 et dans les index du registre nommé État 4001, les viols et agressions sexuelles sont depuis lors ainsi enregistrés :

Cela, le site du ministère de l'Intérieur le reconnait volontiers : voilà ce qu'il dit de l’État 4001 : il "ne suffit pas à répondre aux besoins d’information statistique sur la délinquance. La nomen­clature des index, très ancienne, ne permet pas d’identifier certaines catégories de délinquance apparues récemment, ou que l’on souhaite davantage appréhender aujourd’hui : la cybercrimi­nalité, les violences conjugales, les atteintes du type crimes de haine (racistes, xénophobes, an­tireligieux, anti LGBT, sexistes, etc.). Ces crimes et délits se retrouvent répartis dans divers index (escroqueries, coups et blessures volontaires, menaces ou chantage, etc.) mais ne peuvent être isolés pour être quantifiés séparément, etc."

Depuis, un autre classement par "nature d'infractions" précise un peu l'âge des malfaiteurs ou victimes des infractions sexuelles et leur répartition géographique grossière. Mais, sauf à de­mander à la police/gendarmerie/justice de chaque département ou ressort judiciaire (calcu­lant chacun différemment, sur des territoires hétérogènes...) de chercher sur dossier les cas commis dans l'année X ou Y ; de :

a) femmes,

b) ayant tel âge,

c) violées ou

d), agressées sexuellement, par

e) des hommes,

f) de quelle nationalité ou origine ; enfin

g) le sort ultérieur des victimes ou coupables.

Après, de collationner le tout à l'échelle nationale, nul ne peut répondre sérieusement à votre question ; même pour le système statistique de l'Intérieur, cela représenterait un gros travail.

Pascal Neveu : J’invite le Garde des Sceaux à repenser la loi et le code Pénal. Depuis des années, nous avons des délinquants et des criminels au sens légal qui doivent être fermement condamnés, suivis de manière stricte et sur un plan psy plutôt qu’un suivi judiciaire où les délinquants ne viennent que chercher une attestation, durant 5 minutes de consultation, mais hélas après passage à l’acte. Je connais des magistrats extrêmement fermes, mais nous avons un souci en terme de nouvelles implantations de prisons au sein de communes, même si nous avons eu une augmentation de détenus cette année.

D’autre part, nous observons ces comportements « primitifs », qui pour certains relèvent de la gérontophilie, mais d’autres qui sont du registre de seulement avoir un organe masturbatoire plutôt que se « s’auto-satisfaire » devant un film X facilement accessible.

Et enfin, comment cette jeunesse, d’une vingtaine d’année, peut-elle profiter et jouir avec une pauvre dame de 75 ans, et son mari souffrant de handicap... qui assiste à la scène, ne pouvant pas réagir ? Quels traumatismes pour ce couple, qui, pardonnez-moi, est quasiment sur sa fin de vie, et subit la libido d’un frustré sexuel qui a repéré sa proie.

Depuis 10 ans, des études soulèvent plus de 100 agressions impliquant du personnel hospitalier mais aussi des jeunes qui n’hésitent pas à gravir les murs d’Ehpad et violer des personnes vulnérables. Une enquête fait état d'agressions survenues dans des maisons de retraite situées dans l'Ain, les Yvelines, les Bouches-du-Rhône, le Tarn, la Creuse, l'Hérault, les Deux-Sèvres, en Martinique, en Isère, en Loire-Atlantique. Des faits ont été jugés, d'autres vont l'être prochainement. Des établissements et des individus (dont certains ont écopé de peines de prison fermes), ont été condamnés

Un homme de 29 ans a été interpellé, après le viol, la veille, d’une femme de 83 ans, handicapée, à son domicile de La Courneuve. Autre cas rapporté. Une femme de 95 ans soignée au service gériatrie de l’hôpital d’Argenteuil est décédée le 18 octobre 2023 des suites de problèmes respiratoires. Elle avait dénoncé un viol et une agression sexuelle survenus au sein de l’établissement quatre jours plus tôt. Cette femme avait raconté qu’un individu s’était « fait plaisir » tout en la violant. Le suspect, âgé de 44 ans, avait attiré l’attention des agents de sécurité de l’hôpital. Les forces de l’ordre avaient procédé à son interpellation. Il a ensuite été placé sous contrôle judiciaire. L’homme, récidiviste, est suspecté d’avoir sexuellement agressé une autre femme hospitalisée dans le même service, âgée de 93 ans. Cette dernière est décédée quelques heures après. Mais aucun rapport n’a dans un premier temps été établi entre les violences qu’aurait subies la patiente et sa mort.

Tout a commencé avec l’histoire de cette dame résidente, découverte inconsciente, le visage tuméfié de sang et sa protection hygiénique abaissée. Un médecin légiste lèvera ainsi le voile sur un sujet presque impensable: elle a été victime d’une agression sexuelle, en plus d’un traumatisme facial avec fracture.

Ces viols au sein même d’un établissement pour personnes âgées montrent à quel point celles-ci sont des proies faciles pour les agresseurs qui, des enquêtes le prouvent, ne risquent finalement pas grand-chose. Pour cette femme, par exemple, le personnel avait déjà fait le ménage sur le lieu de la chute avant d’appeler la police, une heure et demie après avoir retrouvé la victime. Ils pensaient qu’il s’agissait d’une simple chute. Autre élément qui explique que des agresseurs commettent de tel crime sans s’en sentir inquiété? L’âge des victimes et leur décès arrivant souvent peu de temps après l’agression, à cause du traumatisme psychique et physique. Cette femme est décédée un an après ce viol. Elle souffrait, d’après l’expertise médicale, « d’un déficit fonctionnel temporaire total de 100 %, de séquelles immédiates engendrées sur le plan neurologique et psychique et d’une aggravation de la perte d’autonomie ». En fait, elle s’est laissée mourir. L’état des patientes mais aussi patients à cet âge avancé et la lenteur de la justice sont deux des nombreux éléments qui empêchent les victimes d’obtenir justice, mais aussi simplement de se rendre à l’audience pour témoigner.

On observe que les personnes ayant un passé criminel en matière de violences sexuelles vieillissent elles-aussi et peuvent se retrouver en présence d’opportunités et ainsi récidiver. Parfois cela entraîne le personnel des maisons de repos à ressentir de la pitié pour ces violeurs, certes âgés.

En Belgique, une enquête sur le sujet avait été réalisée en 2021: elle dévoilait que 44 % des personnes âgées de plus de 70 ans ont subi au moins un type de violences sexuelles au cours de leur vie. Et une sur 12 déclare en avoir été victime au cours des 12 derniers mois. 60 % n’ont jamais divulgué les faits et 94 % n’ont jamais demandé de l’aide. 

Il existe une problématique des violences sexuelles sur les personnes âgées. La prévention des abus sexuels est très difficile à mettre en place chez les personnes âgées, en grande partie parce qu’elles sont parfois involontairement facilitatrices de l’agression, ouvrant la porte à un agresseur, ou trop confuses pour se rendre compte des conséquences de leurs actes. De plus, même conscientes, elles ne portent pas suffisamment plainte contre ceux qui les ont agressées, pouvant ainsi faciliter parfois une récidive. 

Dans les Ehpad et dans les établissements de santé, les portes des chambres pourraient disposer de poignée à l’intérieur et ne s’ouvrir de l’extérieur qu’avec une clé disponible pour les malades ou les résidents capables de l’utiliser, et un passe-partout à la disposition des soignants.

Des études révèlent des éléments abjects, qui dépassent les limites de l’entendement, prouvant que les violences sexuelles sont un phénomène qui touche toutes les couches de la population, peu importe l’âge ou la classe sociale. Un âge élevé n’est pas une protection contre le comportement des violeurs.

Que sait-on du profil des agresseurs ? Que sait-on de la psychologie de ce type de viols ? 

Xavier Raufer : La criminologie ne peut jamais connaître TOUS les auteurs de TOUTES les infractions - même des crimes les plus graves, homicides, etc. En revanche on sait assez bien qui est mis en cause, puis condamné, pour telle infraction. Même en se bornant à collationner les prénoms - ce dont bien sûr, la médiasphère bobo-gauchiste a horreur, comme de tout ce qui expose le réel criminel - on constate en effet la surabondance dans les affaires d'agressions sexuelles, de pré­noms étrangers au calendrier grégorien.

Comment s'en étonner ? On laisse chaque année s'incruster sur le territoire national des di­zaines de milliers de jeunes hommes, souvent incapables d'occuper un emploi, même peu qualifié - faute de pratiquer la langue du pays. N'ayant dès lors nul moyen de subsis­ter ou d'of­frir à une compagne un peu de stabilité, ils survivent d'ex­pédients et, on le voit, en viennent même à agresser sexuellement quiconque passe à leur portée, fillettes, dames âgées, parfois.

Notons enfin que les féministes-Gucci méprisent et ignorent ces pitoyables victimes fémi­nines et cherchent bien plutôt leurs cibles et victimes dans la presse people. Et celles de la po­pula­tion modeste ? Pouah, ma chère, pas de populisme chez nous.

Pascal Neveu : Les enquêtes et études sont consternantes. Chiffre affolant : on montre que 46% du personnel soignant violent des personnes fragilisées, souffrant de troubles cognitifs, d’Alzheimer…

Je peux évoquer la gérontophilie, cette paraphilie questionnante. Mais nous avons eu des cas comme dernièrement des faits effroyables que l’on peut qualifier de sauvagerie sans rentrer dans les détails. Une résidante, âgée de plus de 90 ans, a été sauvagement violée dans sa chambre, par un autre résidant âgé lui aussi de plus de 90 ans.

Il n’y a donc pas d’âge, même si des jeunes de 19-21 ans, issus d’une migration, ont pénétré des établissements et violé des personnes vulnérables. Et je ne tiens aucunement à placer le focus sur cette tranche de la population, mais vous voyez déjà que le personnel souffre déjà de cette pathologie.

Combien d’actes de ce type en France, chaque année ? Impossible à dire. Les chiffres consultables de l’INSEE sur les viols ne fournissent pas de données spécifiques pour cette classe d’âge. Le 16 mai à Quimpe, une octogénaire qui rentrait chez elle a été victime d’une tentative de viol par un homme de 24 ans déjà connu des services de police. En octobre, à Alès, une femme de 83 ans atteinte de la maladie d’Alzheimer a été violée dans l’unité psychiatrique de l’hôpital par un homme de 23 ans, lui aussi hospitalisé.  Encore en juillet, deux patientes Alzheimer septuagénaires ont été violées tour à tour dans un hôpital de Nanterre par un SDF congolais de 27 ans. 

Tous ces violeurs étaient connus des services de police et migratoire : tous les mis en cause pour viol, bien sûr, ne sont pas étrangers, loin s'en faut, mais ceux-ci sont surreprésentés (20 % des viols sur majeurs pour 7 % d’étrangers en France, selon une étude de l’INSEE de décembre 2021, soit quasiment un rapport de un à trois). 

Frustrations sexuelles ? Facilité face à des personnes vulnérables ? Ou trouble psychiatrique ?

Certaines personnes éprouvent une attirance envers des partenaires beaucoup plus âgés qu'eux. Une forme d’aspect rassurant et initiateur de la personne âgée est souvent déterminant. La gérontophilie peut aussi dériver de l'intelligence, de l'expérience, du calme de personnes ayant eu le temps de vivre et se trouvant disponibles, prêtes à écouter les autres. Sauf que les cas criminels démontrent une fragilité psychologique de la personne âgée et une domination du violeur.

Il n'y a, en France, pas d'interdiction aux relations sexuelles entre personnes ayant une grande différence d'âge. Le mariage n'est  d’ailleurs pas interdit. Mais les agressions sexuelles envers des personnes âgées sont punies comme les autres agressions sexuelles. Cependant, ces situations se soldent heureusement par des circonstances aggravantes lors des procès, de par la plus grande vulnérabilité supposée ou avérée des personnes âgées (dixit le code pénal).

Car la personne âgée n’a pas forcément conscience de l’acte. De très nombreux ouvrages, mais aussi films, abordent ce sujet délicat et je pense pathologique et condamnable. Je ne les citerai pas. Mais quand un garçon de 19 ans, certes en prise à l’alcool et la drogue est capable de franchir 3 étages d’un Ehpad, violer une octogénaire…  Comme l’écrivait Michel Foucault dans « Surveiller et punir »… quelle société et quels criminels avons nous créé et dont finalement nous sommes responsables de leurs actes, et de la non réponse à leurs troubles ?

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