Comment adapter le jardinage de printemps à l’absence d’hiver<!-- --> | Atlantico.fr
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Suite à la douceur de l'hiver, les végétaux bourgeonnent précocement.
Suite à la douceur de l'hiver, les végétaux bourgeonnent précocement.
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La main verte

L’hiver 2013-2014 est le deuxième plus doux depuis 1900, avec, en moyenne, une température supérieure de 1,8° C à la normale. En conséquence, les végétaux bourgeonnent précocement, avec un certain nombre de risques... Que les jardiniers doivent prendre en compte.

Jack Guyon

Jack Guyon

Jacky Guyon a passé une grande partie de sa carrière en tant que journaliste au Parisien où il a dirigé plusieurs éditions régionales. Il a ensuite fait partie de l’équipe qui a développé Le Parisien.fr en qualité de chef de service. En plus de ces activités il avait la casquette de M. Jardinage du Parisien, tant pour le papier que pour le site internet sur lequel il animait un blog jardinage.
 
Aujourd’hui en pré-retraite, il a créé le site Jacky la main verte sur le jardin et la cuisine et il va reprendre la rubrique jardin du Parisien dans son édition papier du dimanche. Passionné d’écriture, de nature, de jardin il donne conseils et astuces de jardinage via ce site en essayant de réapprendre les bons gestes aux néo-jardiniers, sans oublier que le jardinage peut être source d’économies, un élément important en période de crise.
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Atlantico : L’hiver 2013-2014 est le deuxième plus doux depuis 1900, avec, en moyenne, une température supérieure de 1,8° Celsius à la normale. Les températures hivernales impactent-elles les cultures printanières de plantes et de fleurs ?

Jacky Guyon : Le problème de cet hiver très doux se pose pour les plantes qui sont déjà en place et qui, du coup, sont en avance dans leur développement. Je pense en particulier aux arbres fruitiers dont les bourgeons sont sur le point d’éclore, alors que nous ne sommes pas à l’abri d’une gelée matinale qui pourrait « brûler » ces bourgeons et donc causer de gros dégâts à la production fruitière. Il en va de même pour les fleurs, même si c’est moins crucial.

Faut-ils alors, de façon générale, adapter son jardinage de printemps à l’absence d’hiver ?

Bien sûr, quand on jardine il faut s’adapter en permanence, mais aussi avoir un peu d’intuition. Il y a d’abord un certain nombre de travaux à effectuer en urgence. Je pense notamment à la taille des arbres fruitiers. Un dicton dit « taille tôt ou taille tard mais taille en mars ». En clair, nous avons en principe jusqu’au 30 mars pour procéder à cette opération indispensable pour améliorer la production fruitière en quantité et en qualité. Compte tenu de l’avance de la saison et de la sève qui monte déjà, il faut le faire dès maintenant. Pour moi, c’est le chantier du week-end.

La saison 2014 sera-elle, in fine, fondamentalement différente des saisons précédentes ? Les jardiniers vont-ils devoir s’adapter au printemps ?

Il faut éviter de tirer des leçons définitives d’une situation qui reste exceptionnelle. Souvenez-vous que l’an dernier le printemps avait été très humide et froid et cela, selon les régions, jusqu’au mois de juin. L’an dernier les récoltes avaient trois semaines de retard, cette année, elles sont en avance. Mais oui, cette saison ne ressemblera pas aux autres. C’est d’ailleurs le problème général auquel les jardiniers sont soumis depuis quelques années, celui du dérèglement des saisons. Et la difficulté, c’est que nous ne pouvons pas savoir quelle sera l’évolution du temps ces prochaines semaines. Là encore souvenons-nous que l’an dernier après un printemps catastrophique, nous avons basculé du jour au lendemain dans un été chaud, sans pluie. Au printemps, on pouvait penser que les récoltes de tomates seraient affectées par le mildiou, cette terrible maladie provoquée par l’humidité. Or, en raison du renversement de situation et d’un été exceptionnel nous avons eu les plus belles récoltes de tomates depuis des années.

La pluviométrie a, quant à elle, été supérieure à la normale de près de 40% sur l'ensemble du pays. La trop forte concentration en eau des sols peut-elle perturber la croissance des plantes et des fleurs au printemps ?

Il faut d’abord avoir la "pensée positive ». Nous avions traversé plusieurs années pendant lesquelles la pluviométrie avait été inférieure aux normales et les nappes phréatiques n’arrivaient pas à retrouver un niveau correct. Aujourd’hui, elles ont rattrapé leur retard. Le problème de cette pluviométrie exceptionnelle, c’est qu’elle empêche de travailler le sol qui est beaucoup trop humide. Mais si les prévisions météo se confirment pour les jours à venir, les sols vont s’assécher. Quant aux fleurs et aux plantes, elles ne souffriront pas de cet excès d’eau, en tout cas si on en reste là. N’oubliez pas que lorsque vous plantez un arbre, il est nécessaire de l’arrosez très souvent -même s’il pleut- pour qu’il s’enracine bien. Mais il ne faudrait pas que l’on traverse une nouvelle période de pluie aussi intense au cours des prochains mois qui pourrait là, avoir des conséquences néfastes, notamment en facilitant le développement des maladies ou en faisant pourrir les végétaux.

Malgré la douceur de l’hiver, peut-on encore craindre les giboulées de mars ? De ce fait, y a-t-il une attitude à adopter dès à présent pour bien préparer son jardinage de printemps ?

Les giboulées de mars, c’est un phénomène connu depuis toujours. Or, avec le dérèglement climatique, elles ont tendance à se faire plus rares ou alors à se produire, un peu n’importe quand. Non, le vrai risque c’est que nous connaissions c’est une période de froid qui reste possible jusqu’au mois de mai. Là encore, n’oublions pas la fameuse période des Saints-de-Glace, à la mi-mai, réputée être le moment à partir duquel on peut tout planter dehors en plein air, sans protection. C’est un repère qu’il faut garder en mémoire.

En fait, le plus gros risque, c’est l’impatience des jardiniers qui pourraient être tentés de planter, semer dès maintenant. D’autant que les jardineries leur proposent déjà bien des fleurs tentantes. Permettez-moi de leur rappeler une règle fondamentale : "il vaut mieux semer tard dans une terre chaude que tôt dans une terre froide ». Ceci dit, je crois aussi que face à ces changements climatiques il faut aussi savoir être « joueur ». Je vais semer dès maintenant des graines de salades et de radis, mais que je vais mettre à l’abri d’un châssis froid. J’utilise ainsi des fonds de sachets de l’an dernier, pour minimiser les risques. Mais en général, ça fonctionne plutôt bien. Si vraiment vous voulez planter, semer, il est nécessaire d’utiliser quelques outils tels que des tunnels de forçage. Ce sont des arceaux que l’on plante dans le sol au-dessus d’une petite parcelle et que l’on recouvre de film plastique (on trouve des kits complets dans le commerce). Grâce à l’effet de serre, vos plantations se développeront normalement. N’oubliez pas non plus le paillage du sol qui peut vous permettre de réaliser des économies d’eau cet été. Cette technique permet en effet de maintenir l’humidité nécessaire au bon développement des plantes, de réchauffer le sol et d’empêcher les mauvaises herbes de pousser.

Propos recueillis par Marianne Murat

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