CO2, radioscopie 2022 : qui a émis quoi et comment (et qui a progressé ou non…) ?<!-- --> | Atlantico.fr
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La pollution est un des gros problèmes à gérer pour la Chine.
La pollution est un des gros problèmes à gérer pour la Chine.
©GREG BAKER / AFP

ATLANTICO GREEN

Des records d'émissions de CO2 ont été observés.

Florian  Pollet

Florian Pollet

Florian Pollet parle d’actualités climatiques et énergétiques sur Twitter sous le nom d’"Echanges climatiques". 

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Atlantico : Qu’est-ce qui explique le nouveau record d’émissions de CO2 et qui est responsable de cette hausse ?

Florian Pollet : Il y a des records d’émissions de CO2 mais cela correspond à la combustion des énergies fossiles. Si on prend en compte le CO2 qui s’échappe lors de la déforestation, nous ne sommes pas au niveau du record. Il y a de plus en plus d’efforts de reforestations. Et la déforestation stagne ou a tendance à diminuer. Il est très pertinent de ne prendre que la combustion des énergies fossiles car cela est symptomatique de notre dépendance aux énergies fossiles qui ne baissent pas. Lorsqu’on regarde la consommation pour se chauffer, pour tout ce qui est lié aux énergies fossiles, il n’y a pas d’améliorations.

Cette hausse est supérieure à 2019. Des efforts ont été menés en Europe et aux Etats-Unis pour sortir du charbon qui émet plus de CO2 pour la même quantité d’électricité que l’on gagnerait à brûler du gaz. Depuis 2021 et 2022, la guerre en Ukraine a contraint l’Europe à se passer de gaz. Du charbon est utilisé à la place. L’Allemagne et la Pologne sont les pays au sein de l’Union européenne qui brûlent le plus de charbon. Nous sommes aussi en France à l’origine d’émission de CO2 par la combustion du charbon puisque nous n’avons pas obtenu d’électricité de la part de l’Allemagne.

Il y avait une tendance à sortir du charbon en Europe grâce au gaz.

La hausse est aussi induite par le fait qu’il y ait un essor des classes moyennes dans de très nombreux pays en développement. La classe moyenne est en pleine expansion en Inde. Elle a accès à de très nombreux biens et services. La réalité était tout autre il y a vingt ans.  

Dans le reste du monde, des hausses sont aussi constatées même si les données comptabilisent les transports comme le fret maritime et l’aviation. La filière de l’aérien connaît une activité proche de la période avant la pandémie de Covid-19. Cela entraîne donc une hausse des émissions également.

Est-il possible de dire et de définir s’il y a de bons ou de mauvais élèves ?

Il n’y a pas de bons élèves malheureusement. Si nous devions relativiser, un certain nombre de pays expérimentent un découplage CO2 et PIB en Europe. Plus d’actions et de mesures pourraient être prises. Les Etats-Unis, l’Allemagne et la France font tout pour baisser leurs émissions. Des améliorations sont faites du côté de l’Europe et de l’Amérique du Nord. Le pétrole a fait un rebond après la levée des restrictions liées à la pandémie de Covid-19. Les Etats-Unis ont connu une hausse de 1,5% à cause des émissions de gaz et des émissions de pétrole.

Quant à la Chine, elle consomme énormément d’énergie à titre de comparaison avec les autres pays à l’échelle mondiale. Les Chinois installent énormément de capacité de production électrique carbonée. La baisse des émissions en Chine est conjoncturelle avec la crise du marché de l’immobilier. Le régime pousse les Chinois à acheter plusieurs logements pour générer de la croissance. Mais la bulle a explosé. Une grosse partie de la baisse des émissions de CO2 cette année en Chine est liée à la baisse des émissions liées au ciment.

Les pays en développement comme l’Inde risquent d’être très consommateurs dans les années à venir avec l’essor de la classe moyenne.

L’intérêt à terme n’est-il pas que le découplage n’arrive que dans les pays développés ?

Les pays développés pourraient financer ou donner leurs technologies aux pays en développement comme la Chine ou l’Afrique du Sud. Le développement de la filière nucléaire nécessite par exemple énormément d’aides sur le plan financier.

Vous avez évoqué sur Twitter la réalité des émissions liées au changement de l’utilisation des sols. A quoi cela correspond-il ?

Cela est lié à la déforestation. Une forêt est un puits de carbone. Lorsque l’on coupe les arbres, la valeur du bois va être utilisée. En le brûlant, cela va relever le niveau de CO2.

L’Indonésie, avec l’huile de palme, et le Brésil, avec le soja, sont à l’origine d’une grande partie de la déforestation, notamment pour l’agriculture.

La déforestation s’est stabilisée et est même en baisse dans certaines régions. La tendance d’évolution d’années en années semble être à la baisse et l’augmentation paraît plus mesurée qu’avant sur les émissions de carbone…

Un recul de l’augmentation a été constaté. Cela veut-il signifier que nous approchons d’un pic ? Ou que nous avons passé le pic ?

Le taux de croissance de certains pays en développement comme la Chine a fortement évolué. Mais le baisse ne semble que conjoncturelle, et les émissions devraient repartir à la hausse en 2023 en Chine. Dans le même temps, l’Europe a entamé un découplage, tandis que les Etats-Unis sortent aussi progressivement du charbon. Tous ces éléments ont renforcé cette tendance baissière.

A la lecture de ces données et de ces constats, quels sont les enseignements à tirer ? Quelles sont les actions qui devraient être menées suite à ce constat ?

Un transfert technologique des pays développés vers les pays du Sud est nécessaire. Des prêts pour décarboner doivent être massifs. Les pays du Nord doivent aussi investir massivement dans l’électrification des usages et dans les moyens de production bas carbone de l’électricité.

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