Cette surprenante hypothèse sur l’origine de la maladie d’Alzheimer que des chercheurs jugent de plus en plus plausible…<!-- --> | Atlantico.fr
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La recherche progresse lentement pour les 900 000 Français atteints par la maladie d'Alzheimer, lesquels seront probablement 1,3 million en 2020, compte tenu de la hausse de l’espérance de vie.
La recherche progresse lentement pour les 900 000 Français atteints par la maladie d'Alzheimer, lesquels seront probablement 1,3 million en 2020, compte tenu de la hausse de l’espérance de vie.
©Pixabay

MST et maladies neurodégénératives

Une trentaine de chercheurs pointent la corrélation entre le virus de l’herpès et la maladie d’Alzheimer. Selon eux, le sujet serait tabou et mériterait plus ample recherche.

La maladie d’Alzheimer est la démence qui a la plus forte prévalence. L’âge est son principal facteur de risque ; elle s’accompagne d’une lente dégénérescence des neurones. L’Université de McGill en propose une explication accessible à tous.

Pourtant, les causes de la maladie d’Alzheimer ne font pas l’unanimité. La seule chose qui soit certaine, ce sont les échecs des essais cliniques : sur les 413 conduits entre 2002 et 2012, 99,6% ont échoué. C’est la raison pour laquelle le récent éditorial du Journal of Alzheimer’s Disease a fait l’effet d’une petite bombe : près d’une trentaine de chercheurs signent une suggestion dont ils considèrent qu’elle a été « trop longtemps ignorée ».

Ils avancent que l’origine de la maladie pourrait être virale ou bactérienne, plutôt que le fruit d’une immunodéficience sui generis. En cause, particulièrement, le virus de l’herpès ou la bactérie chlamydia, toutes deux des infections sexuellement transmissibles (IST). Ce sont eux qui seraient responsables de l’accumulation des plaques amiloïdes « collantes » et du mauvais repliement des protéines tau dans le cerveau humain.

L’hypothèse selon laquelle cette accumulation joue un rôle dans le développement de la maladie est, pour l’instant, la plus probante. Ce dysfonctionnement empêcherait effectivement la communication inter-neuronale, conduisant à des pertes de mémoire et à un déclin cognitif. Mais l’angle de l’éditorial réside en ceci : plutôt que de lutter contre l’agglutinement des plaques amiloïdes, il serait plus efficace de mettre au point des antibiotiques ciblant précisément les infections virales ou bactériennes, lesquels pourraient « ralentir, voire stopper la progression d’Alzheimer », soutient l’éditorial.

 « Une composante microbienne dormante »

Le professeur Douglas Kelly, de l’université de Manchester, affirme « qu’il y a des preuves irréfutables que la maladie d’Alzheimer possède une composante microbienne dormante », et « qu’on ne peut plus [les] ignorer » ; ses propos sont rapportés par le Telegraph. Ces virus ou ces bactéries se trouvent fréquemment dans le cerveau des personnes âgées, et ils peuvent être « réveillés » par le stress, ou par une faiblesse du système immunitaire.

Le fait est que, d’après les chiffres de l’OMS, près de deux tiers des personnes de moins de 50 ans sont affectées par le virus Herpes simplex de type 1 (communément associé aux boutons de fièvre), qu’elles contractent pendant leur jeunesse, parfois par simple contact cutané avec une personne porteuse du virus. Cette forme d’herpès ne conduit pas nécessairement au développement de symptômes, ce qui permet d’expliquer la taille de la population infectée ; en revanche, le virus Herpes simplex de type 2 est typiquement répandu par contact sexuel.

Le virus est connu pour endommager le système nerveux central, lequel peut causer un déclin mental, et le système limbique du cerveau, c’est-à-dire l’ensemble des structures jouant un rôle très important dans la régulation de l’humeur et des émotions. En somme, les zones touchées sont les mêmes que celles des patients souffrant de la maladie d’Alzheimer.

Ainsi, le fait de constater que le virus de l’herpès est plus fréquent dans le cerveau des patients atteints d’Alzheimer est une corrélation qui devrait être creusée : c’est ce que soutiennent les chercheurs.

Corrélation n’est pas causalité

Cependant, cette tribune, qui n’est pas une nouvelle étude mais bien plutôt une lettre ouverte à la communauté scientifique, n’apporte pas de preuve supplémentaire. C’est ce qui fait dire à John Hardy, cité par le Telegraph : « Tout ceci n’est qu’une opinion minoritaire dans la recherche sur Alzheimer. Il nous faut rester attentifs, mais cette piste virale ou bactérienne ne reflète pas les vues de la majorité des chercheurs ».

Un article du Washington Post avance même l’idée suivante : soit la corrélation est une pure coïncidence, vu la proportion d’adultes ayant la maladie d’Alzheimer et ceux ayant le virus de l’herpès de type 1 ; soit la relation est inverse, et un processus morbide relié à Alzheimer conduirait les patients infectés du virus à développer leurs symptômes communs plus activement.

Cela signifie donc que la recherche progresse lentement pour les 900 000 Français atteints par la maladie d'Alzheimer, lesquels seront probablement 1,3 million en 2020, compte tenu de la hausse de l’espérance de vie. 

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