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Ces éléments qui viennent perturber l'idée que le chômage serait revenu à son plus bas niveau depuis 10 ans
©Reuters

Perspective

Selon les derniers chiffres de l'INSEE, le taux de chômage du pays a baissé de 0.3 point pour se tenir à un niveau de 8.5% pour la fin de l'année 2018.

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Atlantico: Selon les derniers chiffres de l'INSEE, le taux de chômage du pays a baissé de 0.3 point pour se tenir à un niveau de 8.5% pour la fin de l'année 2018. Alors que les chiffres de la croissance pour l'année 2018 ont été abaissés à plusieurs reprises, comment expliquer ce chiffre ?

Nicolas Goetzmann: Selon les chiffres de l'INSEE, le nombre de chômeurs a chuté de 90 000 personnes pour ce dernier trimestre 2018, mais, toujours selon l'INSEE, le nombre d'emplois créés pendant ce même trimestre est de 16 200, soit le plus mauvais chiffre depuis le T1 2015, soit depuis près de quatre ans. Dans le même temps, les chiffres publiés pour ce même T4 2018 par la DARES - se basant sur les inscriptions au pôle emploi – constataient une baisse du nombre de personnes au chômage, catégorie A, de 38 000 personnes.

Ce que l'on constate dans les chiffres INSEE, c'est que la baisse de 90 000 s'expliquer également par une hausse de la population inactive dans le halo autour du chômage des plus de 50 ans, soit 34 000 personnes. Cette catégorie atteint ici son plus haut historique, soit 420 000 d'inactifs de plus de 50 ans dans le halo autour du chômage, pour une catégorie qui totalise 1,499 million de personnes au total, ici encore un plus haut historique.

Le reste de l'écart entre la baisse du chômage et le nombre d'emplois créés doit ensuite pouvoir s'expliquer par un chiffre particulier. Selon le document INSEE, la baisse du nombre de chômeurs de 15-24 ans a baissé de 60 000 personnes (plus de 5 fois l'écart moyen des 175 trimestres précédents) sur le dernier trimestre, soit la baisse la plus importante (de très loin) de l'intégralité de la série présentée par l'INSEE, qui offre plus de 40 années de données trimestrielles. Cela voudrait dire que le nombre de chômeurs de 15-24 ans a baissé de 17% en une trimestre et serait revenu à un total équivalent à l'année 2008. Mais puisque les créations d'emplois ne peuvent expliquer ce chiffre, il doit exister une explication statistique.

Ce chiffre du chômage de 8.5% est annoncé comme le plus bas depuis 2009, soit depuis 10 ans. Quels sont les chiffres concernant le nombre de chômeurs ?

Si l'on veut s'en tenir aux chiffres d'avant crise, le "meilleur" chiffre a présenté est celui du premier trimestre 2018, avec 6.8%, ce qui représente encore un écart de 1.7 point avec le niveau actuel. Mais en effet, le taux de chômage masque le nombre global des chômeurs, pour les catégories. Si l'on compare sur une période de 10 ans, du T4 2008 au T4 2018, on constate une hausse de 57% des chômeurs de catégorie A, soit 1.340 millions de chômeurs de plus, et si l'on prend l'ensemble des catégories, on constate une hausse de 75% soit 2.407 millions de personnes en plus pour les catégories A ; B; et C. Dans ces conditions, il est compliqué d'imaginer que nous serions revenus "au niveau de chômage d'il y a 10 ans), alors que nous sommes encore clairement dans une situation de chômage de masse. Si l'on cherche à comparer la situation en termes d'emplois disponibles, et en prenant les données INSEE disponible concernant les emplois dans la construction, l'industrie, et le tertiaire marchand, l'augmentation de l'emploi entre le T1 2008 et le T4 2018 est de 0.63%. Aux Etats-Unis, depuis le plus de l'emploi à la fin 2007 et le niveau actuel, la progression est de 8.8%, ce qui signifie que  depuis le plus haut de 2008, les Etats-Unis ont comparativement créé 14 fois plus d'emplois que la France. Il n'est pas temps de tomber dans l'autosatisfaction. 

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