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Mais qui sont les indécis qui pourraient faire basculer l’élection ?
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Casse-tête électoral

Une étude Ifop-Fiducial pour Paris Match publiée cette semaine s’intéresse notamment à la part des électeurs qui ne sont pas encore sûrs de leur vote. Enseignement principal : ceux qui affirment vouloir voter François Bayrou pourraient se reporter au final sur un autre candidat.

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet

Jérôme Fourquet est directeur du Département opinion publique à l’Ifop.

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Atlantico : Une Etude Ifop-Fiducial pour Paris Match publiée cette semaine s'intéresse, entre autres, au vote des indécis, ces électeurs qui ont opté pour un candidat mais sont encore susceptibles de changer d'avis. Sont-ils plus ou moins nombreux que lors de la présidentielle précédente, au cours de cette même période de mi-février ?  

Jérôme Fourquet : Si l'on compare la période actuelle avec la situation de l’élection précédente à la mi-février 2007, on s’aperçoit que le nombre d’électeurs sûrs de leur choix était à l'époque 10 points moins élevés. Il s’agit d’un écart relativement important (62% des électeurs sont sûrs de leur choix en février 2012, contre 52 % en février 2007).

Comment peut-on interpréter un tel écart ?

Lors de cette campagne présidentielle de 2012, on assiste à une bipolarisation plus importante. Le match Sarkozy-Hollande est plus prégnant que ne l’était le duel  Sarkozy- Royal. En 2007, on avait trois principaux candidats, le troisième étant François Bayrou.

Vu son positionnement central et centriste, FrançoisBayrou bénéficie aujourd'hui d’un « taux de sureté du choix », qui est plus faible que chez les autres candidats : ceux qui indiquent vouloir voter pour lui ne sont que 45% à en être « sûrs », contre 72% pour les partisans de Nicolas Sarkozy et de François Hollande. Il existe donc un plus grand éparpillement possible dans l’électorat de François Bayrou. Cette indécision peut s’expliquer par le fait que ses électeurs rejettent le clivage gauche-droite et optent pour sa candidature à défaut d’autre chose. Ils hésitent avec François Hollande quand ils sont au centre gauche, ou avec Nicolas Sarkozy quand ils se situent au centre droit.

En 2007, le candidat Modem se trouvait, à la mi-février, à un niveau d’intention de vote bien plus élevé qu’il ne l’est aujourd’hui (18% en 2007, contre 12% dans notre étude d'aujourd'hui). La raison ? François Hollande a su fidéliser une bonne partie du centre gauche, ce que n’avait pas su faire Ségolène Royal en 2007.

Notre étude montre donc que la configuration politique actuelle est sensiblement différente par rapport à celle de 2007. François Bayrou semble beaucoup moins fort qu’il y a cinq ans, et Marine Le Pen plus forte que celle de son père à l’époque.

Les électeurs de Marine Le Pen sont-ils indécis ?

Pas vraiment. Ses électeurs affirment être sûrs de voter pour elle à près de 80%. Son père se situait à peu près au même niveau. Mais ce qui est intéressant c’est que la part des électeurs certains de voter pour Marine Le Pen est passée de 66% fin-janvier à 79% mi-février. Cette progression s’explique par la baisse de son score (17,5% aujourd’hui contre 19% fin-janvier) : en fait, la candidate FN garde le noyau dur de son électorat, mais sa part fluctuante s’est un peu érodée.

Si 79% des électeurs de Marine Le Pen sont sûrs de leur choix, à l’autre extrême, Jean-Luc Mélenchon compte 63 % de ses électeurs sûrs de voter pour lui...

Le plus important en ce qui concerne Jean-Luc Mélenchon, c’est la double dynamique qui est à l’œuvre : il touche de plus en plus d’électeurs (8,5% aujourd’hui contre 7,5% fin janvier), et parmi ceux qui décident de voter pour lui, il y en a de plus en plus qui sont certains de leur choix.

Où Nicolas Sarkozy peut-il donc espérer aller chercher des voix, maintenant qu’il s’apprête à entrer en campagne ?

Aujourd’hui, on s’aperçoit que la baisse de Marine Le Pen est en « trompe l’œil » car la proportion des électeurs qui se dit sûr de voter pour elle ne cesse d’augmenter. En outre, selon notre étude, parmi les 21% qui affirment vouloir voter pour elle mais n’en sont pas sûrs, seuls 2% se disent prêt à se reporter sur Nicolas Sarkozy.

Par conséquent, la marche de progression du président de la République est assez faible du côté de l’électorat frontiste qui semble très sûr de son choix, et qui ne devrait pas se diriger en priorité vers Nicolas Sarkozy.

Par contre, 10% des électeurs qui affirment vouloir voter François Bayrou sans en être sûrs affirment songer à Nicolas Sarkozy en second choix. Il existe donc peut-être un espace politique de ce côté-là.

Nicolas Sarkozy semble pourtant se déporter plus à droite qu’au centre…

Disons que la stratégie adoptée a contribué à faire diminuer les intentions de vote pour Marine Le Pen, et à creuser l’écart entre Sarkozy et Le Pen.  Le but est peut-être dans un premier temps de ratisser le plus possible au sein des électeurs du FN, puis par la suite se concentrer sur Bayrou.

Quoi qu’il en soit, le match n’est pas joué. Mais le rôle central et perturbateur de François Bayrou est nettement moins affirmé qu’en 2007.

NB : L'étude IFOP/Fiducial pour Paris Match.

Propos recueillis par Aymeric Goetschy

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