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Brexit ou Bremain : les 2 faces d’un même électrochoc
©DR

Tribune

Le référendum du Royaume-Uni est en soi un choc majeur pour l’Union européenne. Le meurtre de la députée Jo Cox ne le rend que plus dramatique. Ce référendum n’est pas un choc parce qu’un pays décide de consulter son peuple. Cette démarche-là est une réponse démocratique aux doutes qui secouent le Royaume-Uni depuis longtemps.

Salima Saa

Salima Saa

Salima Saa est une entrepreneur et femme politique.

Elle a présidé le conseil d’administration de l'Agence nationale pour la cohésion sociale et l'égalité des chances (Acséde février 2011 à juillet 2012.

Elle est actuellement Secrétaire nationale les Républicains.

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Aucune des réponses ne peut, en soi, réparer l’Europe

Le référendum est un électrochoc parce qu’aucune des réponses ne peut, en soi, réparer l’Europe. Le Brexit sonne le glas de l’Europe telle que nous l’avons toujours connue. Il sonne le glas de l’Europe des fondateurs et de cette grande volonté de paix et d’union d’après-guerre. Le Brexit reflète, comme le dit le Financial Times, un "nationalisme coincé". Il est la voix de la peur et du repli. Il est le contre-pied total de la volonté d’Europe.

Quant au Bremain qui s’impose comme la réponse des Euro-convaincus, il nous rassurerait. Et pourtant, l’accord signé en février entre l’Europe et David Cameron doit attirer notre attention. Il a obtenu auprès des 28 des restrictions sur les aides sociales aux migrants, il a également convenu que le pays ne payerait pas pour les crises de l’Euro, ainsi que des dispositions comme le carton rouge pour préserver la souveraineté britannique. Cette législation d’exception, en cas de Bremain, constituerait sans nul doute un précédent. Ce précédent pourrait être activé non seulement par d’autres pays de plus en plus Eurosceptique, comme les Pays-Bas. Mais il pourrait également servir de précédent pour le Royaume-Uni lui-même qui cherchera certainement, en appui aux tenants du Non, à creuser encore les différences de traitement. Le Bremain, et c’est contre-intuitif, ne sert pas l’idée d’une Europe unie.

Vu d’Europe, nous ne pouvons souhaiter qu’un maintien du Royaume-Uni dans l’Europe. Nous ne pouvons qu’être attristés de voir les frontières de l’Europe se rétracter. Attristés de voir le repli et le nationalisme reprendre du terrain, face à une histoire dont nous sentons tous le poids et les leçons. Attristés enfin pour nos nombreux compatriotes qui vivent au Royaume-Uni et qui doivent, avec le risque de voir le projet européen se retirer du sol anglais, se sentir plus seuls et plus inquiets.

Electrochoc : comment retirer les doigts de la prise du nationalisme ?

Le sort du référendum est entre les mains des Britanniques. Leur vote décidera de la présence du Royaume-Uni. Mais au fond, l’essentiel n’est pas là. L’essentiel, c’est la manière dont nous déciderons de réagir à cet électrochoc.

Serons-nous, comme dans Vol au-dessus d’un Nid de Coucous, totalement apathiques ? Incapables de faire autrement que de continuer comme avant, de nous laisser dicter l’Europe par ceux qui sont bilingues avec la technocratie ? Serons-nous incapables de redonner à l’Europe la force d’agir ensemble pour affronter la vague des migrants et les défis de la croissance et du chômage ? Serons-nous des Européens zombies qui s’accommodent d’une Europe permissive pour certains, contraignantes pour d’autres ?

Ou au contraire, saurons-nous retirer les doigts de la prise et prendre du recul ? Qu’il pousse à la sortie ou à créer des régimes d’exception, le nationalisme est une impasse. Mais l’Euro-angélisme aussi. Après l’électrochoc, il nous faut reconstruire une Europe plus sûre, et plus proche des Européens. Comment y réussir sans replonger au cœur de leur quotidien ? Une Europe avec des frontières capable d’affronter collectivement et humainement le flot de réfugiés. Une Europe forte et unie qui donne toute prévalence à ses propres intérêts économiques. Une Europe enfin capable de déterminer et de défendre ses propres objectifs stratégiques en matière de diplomatique, de données numériques, de structures de marché et de politiques sociales.

Le référendum sur le Brexit peut nous prémunir contre le plus grand risque en Europe : détourner la tête et continuer faire comme si de rien n’était. Tirons de cet événement la force d’exiger une Europe qui se libère des bureaux bruxellois. Osons considérer que rien n’est acquis, que tout est à revoir. Il nous faut une Europe capable d’agir au nom des Européens.

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