Brèves réflexions sur le métier de journaliste<!-- --> | Atlantico.fr
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Des micros lors d'une conférence de presse.
Des micros lors d'une conférence de presse.
©Eric CABANIS / AFP

To be or not to be ?

On peut en dire du bien, mais c’est souvent très difficile.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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Dans toutes les enquêtes d’opinion, les journalistes, à l’instar des hommes politiques, ont mauvaise presse (pardon pour ce jeu de mots un peu facile). Ils sont considérés comme menteurs, hâbleurs, et manquant de professionnalisme. C’est un jugement tout à fait expéditif et injuste. Mais les journalistes ont leur part de responsabilité dans ce désamour. Nombre d’entre eux, par paresse, par manque de talent, par leur soumission aux puissants, ne font pas leur métier correctement. Responsables mais pas coupables.

Jean Daniel, grand journaliste de gauche qui présidait aux destinées du Nouvel observateur avant que celui-ci ne devienne un catéchisme de la bien-pensance racontait l’histoire suivante.

Il fut à l’Élysée à l’invitation, ou plutôt à la convocation, de François Mitterrand. Ce dernier était critiqué par les organisations juives pour avoir reçu Yasser Arafat. Et lâcha : « Je suis la cible du lobby juif. » Une phrase proprement scandaleuse. Et Jean Daniel passa ça sous silence. Des années après, Mitterrand étant mort, Jean Daniel avoua son erreur et reconnut sa soumission. « Le journalisme, écrit-il encore, est un foutu métier. » De là à penser que c’est un métier foutu...

On a toutefois des exemples fameux du rôle puissant et utile du journalistes : les révélations du Washington Post dans le cadre du Watergate, qui eut la peau de Richard Nixon ; et du temps de Balzac, ce sont les gazettes (on disait comme ça à l’époque) qui firent tomber Charles X. Autre exemple : Albert Londres, le plus grand journaliste français du XXe siècle. Il s’impliquait corps et âme dans ses reportages en utilisant le « je » pour donner son opinion et pour convaincre ses lecteurs. Au lieu de quoi, de nos jours, la plupart des journalistes utilisent le « on » ou le « nous » afin de cacher leurs convictions. Mais il y a encore en France des journalistes dignes de ce nom et qui, fort heureusement, empêchent de croire à la prophétie de Jean Daniel. La meilleure définition du journalisme est de Jacques Kayser qui, il y a une quarantaine d’années, était professeur à Sciences Po. « Le rôle du journaliste, disait-il, est de mettre en clair le discours confus et contradictoire du lecteur. » Une définition que nous faisons nôtre et que nous essayons de mettre en œuvre sur Atlantico. 

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