Boris Johnson, l’échec d’un homme, pas celui d’une ligne politique<!-- --> | Atlantico.fr
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Boris Johnson quitte le 10 Downing Street pour se rendre aux Chambres du Parlement pour la séance hebdomadaire des questions du Premier ministre, le 6 juillet 2022,
Boris Johnson quitte le 10 Downing Street pour se rendre aux Chambres du Parlement pour la séance hebdomadaire des questions du Premier ministre, le 6 juillet 2022,
©DANIEL LEAL / AFP

Good bye Mr Johnson

Après une soixantaine de départs au sein de son gouvernement en l'espace de quelques jours, Boris Johnson a annoncé qu'il allait quitter la tête du parti conservateur et sa fonction de Premier ministre

Marc Roche

Marc Roche

Marc Roche a été journaliste au Soir, au Quotidien de Paris et au Point, avant de rejoindre l'équipe du Monde. Il publie également dans des journaux britanniques (The Independant, The Guardian) et participe à l'émission Dateline London de la BBC News. Ses écrits concernent principalement les institutions financières (Goldman Sachs) et la monarchie britannique.

Il est notamment l'auteur de Elizabeth II : Une vie, un règne et Elizabeth II : La dernière reine aux éditions La table ronde.

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Atlantico : Le Premier ministre Britannique Boris Johnson a annoncé cette semaine son départ de la direction du parti Conservateur et qu’il quittera ses fonctions de Premier ministre une fois son successeur trouvé. Son départ est-il lié à un souci de ligne politique ou une manière trop personnelle de gouverner ? 

Marc Roche : À l’origine de sa chute, que ce soit comme leader du parti conservateur et Premier ministre, il y a d’abord les scandales à répétition. Ils ont totalement occultés les éléments les plus positifs de son bilan. Il s’agit de scandales de moeurs, financiers, de corruption et du « Party Gate » (les fêtes entreprises durant le confinement). C’est donc la question de la moralité qui a fait tomber Boris Johnson dans un pays qui reste assez puritain, protestant et rigoriste. 

Pour le reste, il peut se targuer d’avoir été à l’avant-garde des défis des dernières années comme  la livraison des armes à l’Ukraine, une campagne de vaccination contre le Covid réussie et d’avoir réalisé le Brexit. 

Avait-il compris politiquement la demande de « Take back Control » des Britanniques et des autres peuples européens ? 

Boris Johnson s’est fait élire sur le Brexit. Les Britanniques voulaient que cette question soit réglée et comme 52 % de la population avait voté pour sortir de l’Union européenne, la promesse de tirer un trait sur cette situation l’a fait emporter les élections. Les bastions travaillistes du nord et du Midland sont tombés et faire face à Jeremy Corbyn, une personnalité d’extrême-gauche lui a facilité la tâche. 

Il ne faut pas oublier que Boris Johnson fut co-président de la campagne du Leave. Peut-être a-t-il choisi par pur opportunisme ce camp, lui qui passait pour un européen convaincu. Quoi qu’il en soit, il a tenu la promesse qui l’a fait élire. Il a d’ailleurs été élu avec la plus grande majorité depuis les années 30. 

Qu’a-t-il manqué alors à Boris Johnson pour rester au pouvoir ? 

Il manquait à Johnson un compas moral. Cela peut surprendre en France, où les hommes politiques sont beaucoup moins tenus aux considérations morales que dans les pays anglo-saxons, mais outre-Manche cela a toujours été important. Margareth Thatcher a connu des scandales financiers, mais jamais personne n’a remis en question son intégrité. Blair n’a jamais eu de scandales concernant son intégrité personnelle. Johnson, et cela fait parti de son succès, est un politicien hors norme puisqu’il a été accusé d’avoir menti dans sa carrière de journaliste et il a eu des aventures extra-conjugales. Il a donc été élu avec un passé contesté, mais ce qui l’a emporté c’est sa personnalité charismatique. 

C’est le seul homme politique britannique que tout le monde appelait par son prénom. C’est un personnage qui est proche des gens tout en ayant suivi un cursus de la haute bourgeoisie et de l’aristocratie. Néanmoins, il a toujours été un politicien populiste qui a réussi à établir un lien particulier avec l’homme de la rue. Aucun autre politicien britannique ne peut se targuer d’une telle proximité. Il n’y a pas d’exemple similaire au Royaume-Uni. 

Enfin, Boris Johnson est un keynésien dans un parti qui ne l’est pas. Il est totalement hors-norme. Ce qu’il a bien compris lors du Brexit, c’est qu’il y avait un ressentiment dans l’opinion envers la libre circulation des travailleurs de l’Union européenne. L’arrivée massive d’un million de Polonais a déstabilisé des communautés dans le Nord de l’Angleterre et des midlands. Et lui l’a transformé en force politique. 

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