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Nicolas Sarkozy, le président le plus atypique de la Ve République
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Déconcertant

Dans son dernier ouvrage sous la forme d'un abécédaire "La corruption en France", le journaliste Gilles Gaetner livre un constat accablant sur la corruption en France. A la lettre S, Sarkozy (Nicolas) et ses contradictions. (Extraits 2/2).

Gilles Gaetner

Gilles Gaetner

Journaliste à l’Express pendant 25 ans, après être passé par Les Echos et Le Point, Gilles Gaetner est un spécialiste des affaires politico-financières. Il a consacré un ouvrage remarqué au président de la République, Les 100 jours de Macron (Fauves –Editions). Il est également l’auteur d’une quinzaine de livres parmi lesquels L’Argent facile, dictionnaire de la corruption en France (Stock), Le roman d’un séducteur, les secrets de Roland Dumas (Jean-Claude Lattès), La République des imposteurs (L’Archipel), Pilleurs d’Afrique (Editions du Cerf).

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Il ne pense qu’à ça. Non seulement en se rasant. Mais aussi en pensant à son épouse Carla, et à sa fille Giulia née le 19 octobre 2011 à la clinique de la Muette à Paris. Ce serait tellement sympa d’être tous les trois pour un deuxième quinquennat. Déconcertant président. Le plus atypique que la France ait connu sous la Ve République.

Il propose tout et son contraire. Il s’en prend aux patrons voyous, bien décidé. à leur faire rendre gorge en raison de leurs salaires mirobolants injustifiés. Mais il refuse de plafonner les très hautes rémunérations. Il souhaite que les nominations dans la haute fonction publique passent par le filtre des commissions des deux assemblées parlementaires, mais il impose ses choix pour les dirigeants de France Télévision. Il appelle de ses voeux une justice indépendante, mais il nomme aux postes-clés des fidèles. En cela, il suit tout à fait la philosophie et le credo de ses prédécesseurs. En substance : les juges sont incontrôlables. Mieux vaut les supprimer et confier les enquêtes aux parquets de France et de Navarre. L’affaire d’Outreau imposait une telle révolution.

L’affaire Strauss-Kahn, telle que la France entière l’a vue se dérouler, oblige à une marche arrière. En partie, au moins. Chez de Gaulle, il y avait une volonté inébranlable d’incarner la France. De résister. Chez Pompidou, de faire entrer la France dans l’ère industrielle. Chez Valéry Giscard d’Estaing de tenir compte de l’évolution des mœurs. Chez Mitterrand, d’être gaulliste dans l’exercice du pouvoir et de démontrer qu’un gouvernement de gauche n’était pas pis qu’un gouvernement de droite. Et chez Sarkozy ? D’être le meilleur, le plus réactif lors des crises – financières, diplomatiques – que nous avons traversées ? Il y est parvenu. D’être un formidable entraîneur d’hommes, surtout en campagne électorale ? Il l’a prouvé en 2002.

Sur un point au moins, il a échoué : l’éthique. Il n’a pas su – pas pu ou voulu ? – éviter que ses ministres, ses proches, ne mettent les doigts dans le pot de confiture de la République. Comme François Mitterrand au début de son premier mandat. Beaucoup de ses électeurs ont cru au changement, comme en mai 1981. Cru à l’instauration d’une République irréprochable. Avec la soirée au Fouquet’s suivie de la virée à Malte sur le yacht de Vincent Bolloré, ça démarrait mal. Aujourd’hui, le candidat-président a compris son erreur. Les électeurs aussi ?

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Extrait de La corruption en France, la République en danger, François Bourin Editeur (15 mars 2012)

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