Bidenomics : et si la faiblesse politique de Joe Biden tenait paradoxalement à la réussite de la réindustrialisation des États-Unis ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Joe Biden parie sur son bilan économique pour convaincre les électeurs en 2024. Sa stratégie : Bidenomics
Joe Biden parie sur son bilan économique pour convaincre les électeurs en 2024. Sa stratégie : Bidenomics
©AFP/POOL/Nhac Nguyen

Paradoxe

Pour convaincre les électeurs en 2024, Joe Biden parie sur son bilan économique. Pourtant, sa politique de réindustrialisation peine à porter ses fruits

UE Bruxelles AFP

Jean-Paul Betbeze

Jean-Paul Betbeze est président de Betbeze Conseil SAS. Il a également  été Chef économiste et directeur des études économiques de Crédit Agricole SA jusqu'en 2012.

Il a notamment publié Crise une chance pour la France ; Crise : par ici la sortie ; 2012 : 100 jours pour défaire ou refaire la France, et en mars 2013 Si ça nous arrivait demain... (Plon). En 2016, il publie La Guerre des Mondialisations, aux éditions Economica et en 2017 "La France, ce malade imaginaire" chez le même éditeur.

Son site internet est le suivant : www.betbezeconseil.com

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Guy Millière

Guy Millière

Guy Millière est un géopolitologue et écrivain français. Il est "senior advisor" pour le think tank  Gatestone Institute à  New York, et auteur du livre Le désastre Obama  (édition Tatamis).

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Atlantico : Joe Biden parie sur son bilan économique pour convaincre les électeurs en 2024. Sa stratégie : Bidenomics. En quoi consiste-t-elle ? Du protectionnisme ? 

Jean-Paul Betbèze : Biden a des relations très tendues avec la Chine. Avec le Covid puis la guerre en Ukraine, les américains se sont aperçus qu’ils étaient dépendants de Pékin, notamment pour tout ce qui était semi-conducteurs. Les micropuces pour alimenter les Iphone ou encore les voitures.

Dans ces conditions, Biden joue la carte du protectionnisme comme l’aurait joué Trump. C’est une politique industrielle protectionniste, de « retour aux USA », prévue sur plusieurs années. Ils vont développer cette politique pour essayer de retrouver la compétitivité technologique perdue.

Guy Millière : Le mot Bidenomics a été forgé par les conseillers en communication de la Maison Blanche, mais il ne pourra convaincre qu’une minorité d’Américains qu’après trois années de présidence Biden, la situation économique des Etats-Unis est bonne. Nombre d’Américains font la comparaison avec les résultats de la politique économique menée par Donald Trump jusqu’à l’irruption de la pandémie début 2020, et la comparaison est désastreuse pour Biden. Selon un sondage récent, seuls 34 pour cent des Américains approuvent la gestion de l’économie par l’administration Biden, 59 pour cent la désapprouvent. A la question demandant aux Américains à qui ils font le plus confiance pour s’occuper de l’économie dans les années à venir, 47 pour cent disent Donald Trump, 36 pour cent disent Joe Biden. Et c’est logique. Des études montrent qu’en moyenne, une famille américaine de quatre personnes doit dépenser 700 dollars de plus par mois en 2023 qu’en 2020 pour garder le même niveau de vie, ce qui fait 8400 dollars par an, ce qui est énorme. Tous les prix ont augmenté depuis l’arrivée au pouvoir de Joe Biden en Janvier 2021. Le prix des carburants a presque doublé, et, les Américains utilisent beaucoup leur voiture. Le prix de l’électricité a augmenté en moyenne de 20 pour cent, et dans certains Etats, c’est bien plus, les prix de l’alimentation ont explosé. Tout cela est le résultat de la politique énergetique de l’administration Biden, et la plupart des Américains le savent. Les gens de gauche acceptent de souffrir en pensant qu’il faut des sacrifices pour sauver la planete. Les autres n’acceptent pas, et ils sont la majorité. Biden ne peut être défini comme un protectionniste, il privilégie les produits fabriqués aux Etats-Unis, mais n’a mis en place aucune barrière douanière supplémentaire. 

Comparé à l'Europe, les Etats-Unis vont plutôt bien. L'inflation est à 3,7% et les taux d'intérêts à 4,3%. Vous qui vivez à Las Vegas, est-ce que les américains sont contents ? 

Guy Millière : L’inflation aux Etats-Unis est effectivement retombée à 3,7 pour cent. Elle était montée au-dessus de 9 pour cent en raison des milliers de milliards dépensés dans les premiers mois d’existence de l’administration Biden, et du recours massif à la planche à billets, qui a permis de financer ces dépenses. La baisse de l’inflation a été le résultat d’une hausse des taux d’intérêts, décidée par le Federal Reserve Board aux fins de casser l’inflation. Voici un peu plus d’un an, les taux d’intérêt étaient bien plus bas. La hausse des taux a profondément affecté le marché immobilier, et de nombreux Américains ont dû renoncer à leurs projets d’achat.  Une majorité d’Americains sont mécontents lorsqu’ils vont à la station service faire le plein, lorsqu’ils vont faire leurs courses au supermarché, lorsqu’ils veulent devenir proprietaires d’une maison ou d’un appartement. 

Pourquoi cette politique de réindustrialisation ne porte pas ses fruits sur le plan politique ? Elle ne crée pas des millions d'emplois ? 

Jean-Paul Betbèze : Quand vous réindustrialisez, c’est sur plus de dix ans. Il n’y a pas d’effet immédiat. La réindustrialisation, c’est la nouvelle révolution technologique. C’est une politique économique à moyen terme. Cette nouvelle industrie, ce sont des ingénieurs. Vous ne les trouvez pas comme ça. Cette politique, c’est aussi un rattrapage pour essayer de se développer par rapport à la Chine.

Guy Millière : Il n’y a pas une politique de réindustrialisation. Une politique économique dynamique déréglemente et baisse les impôts sur les entreprises, ce qui suscite des investissements privés accrus. La politique économique menée sous Biden aux Etats-Unis accroit les réglementations et les impôts sur les entreprises, et il n’y a pas d’accroissement des investissements privés.  L’administration fédérale subventionne des entreprises pour qu’elles se dirigent davantage dans une direction définie par elle, administration fédérale. Des subventions fédérales se dirigent vers le secteur des microprocesseurs, et il reste à voir si les subventions seront utilisées de manière pertinente. Les subventions sont des décisions politiques et ne se dirigent pas toujours vers les entreprises les plus performantes. Des subventions fédérales se dirigent vers le secteur de la voiture électrique. Il n’y a pas une demande croissante de voitures électriques. Il y a une volonté gouvernementale d’obliger les Américains à passer à la voiture électrique, souvent contre leur gré. Les chiffres de création d’emplois donnés par l’administration Biden prennent en compte les emplois que des entreprises qui avaient dû licencier parce qu’elles avaient été obligées de fermer pendant la pandemie ont recréé, mais la création nette d’emplois sous Biden est assez faible, et si le chômage est bas, c’est parce que de nombreux Américains reçoivent des assistances gouvernementales et ne cherchent plus d’emploi. Le taux d’emploi aux Etats-Unis (la proportion de personnes ayant un emploi parmi celles en âge de travailler) est inférieur aujourd’hui à ce qu’il était en 2019, avant la pandémie.   

Selon un récent sondage CBS, seulement un tiers des américains pensent que Joe Biden ira au bout de son second mandat. Ses apparitions publiques n'inspirent pas confiance ? 

Jean-Paul Betbèze : Joe Biden ne sait pas s’il va se représenter. Il est malade et fragile. Son entourage entretient un certain flou. Sans compter qu’il y a une violence extraordinaire de la part de ses opposants.

Guy Millière : Joe Biden est sénile et dans l’incapacité de gouverner. C’était déjà le cas en 2020, et les grands médias américains ont tout fait pour le cacher. D’autres autour de Biden gouvernent et décident. Joe Biden est incapable de faire une campagne électorale. Ses apparitions publiques montrent sa sénilité d’une manière de plus en plus flagrante. S’il devait être réélu,il laissera rapidement le pouvoir à Kamala Harris. Elle n’est pas sénile, mais incompétente, et cela pose un grave problème aux democrates, qui aimeraient la remplacer. En choisissant Joe Biden et Kamala Harris en 2020, ils se sont placés dans une situation difficile. 

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