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Au soleil et pas cher : retraites à l’étranger, rêve ou mirage ?
©Patricia De Melo MOREIRA / AFP

Retraites halées

Les retraités sont de plus en plus nombreux à aller couler leurs vieux jours au soleil, à l'étranger. Une situation qui pose un certain nombre de problèmes.

Paul Delahoutre

Paul Delahoutre

Paul Delahoutre et le fondateur et l'animateur du site internet retraite-etranger.fr

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Atlantico : L'expatriation peut mener à des déceptions, voire des échecs. Quelles sont les principales raisons? Comment l'éviter ?  

Paul Delahoutre : Le cas de figure classique, ce sont des actifs qui ont découvert un pays comme lieu de vacances, dans des conditions de vacances et qui n'ont vu que le plus positif. Une fous à la retraite, ils décident de s'y installer avec cette image et en croyant connaître le pays. Je conseille toujours de commencer par s'y installer quelques mois, voire un an tout en gardant sa situation en France. Pour être sur de son choix, il faut y aller aussi en hiver, prendre les transports collectifs, communiquer avec les gens, vivre le plus possible dans le quotidien. Les différences culturelles sont parfois importantes, y compris dans un pays européen.

Autre écueil classique : un couple d'expatriés doit partager le même projet et avoir autant envie l'un que l'autre de partir. Partir pour faire plaisir à l'autre sans être convaincu est très risqué et peut causer beaucoup de frustrations, voire de ruptures.  

L'argument du coût de la vie est déterminant, notamment pour la Thaïlande et le Maroc. Est-ce si vrai au Portugal, qui constitue la première destination des retraités?

Au Portugal, c'est de moins en moins vrai, en raison notamment de l'afflux de retraités français! La pression sur l'immobilier est forte et les prix ont augmenté, suscitant aussi l'agacement des habitants, notamment à Lisbonne. Les locaux voient arriver des français plus riches qu'eux, et des retraités ayant un meilleur niveau de vie…une certaine jalousie s'installe, même si la présence des français représente un gain économique aussi.

Au-delà de l'immobilier, les voitures, l'électroménager ou l'habillement sont au même prix qu'en France. On estime tous secteurs confondus que la vie est 20% moins chère, ce qui n'est pas énorme. Les réels gains pour les retraités se situent au niveau des services à la personne, au Maroc ou en Thailande notamment. Une personne à domicile est rémunérée 200 euros par mois (contre 600 au Portugal) et pour une population vieillissante, c'est un élément important.

Vous estimez que 10% environ des retraités expatriés reviennent en France. 10% sont déçus et ne seraient pas partis s’ils avaient su, mais ne reviennent pas car leur situation ne leur permet pas de revenir en France.

C'est une estimation, car les expatriés évitent de parler de ce type d'échec ou de déception. Ceux qui n'ont pas réussi leur installation sont souvent ceux qu'ils l'ont mal préparée, ou qui ont voulu fuir leur vie en France pour diverses raisons…Il ne faut jamais partir pour des motifs flous, une mauvaise situation en France ne sera pas résolue

La santé et l'accès aux soins est une question prioritaire dans l'expatriation des retraités français. Quels sont les éléments à prendre en compte?

L'aspect financier est une question majeure. D'une part il faut avoir conscience de son coût, qui sera nécessairement plus élevé quel que soit le cas de figure que vous choisissez. Garder une mutuelle en France, adhérer à la caisse des français de l'étranger ou prendre des assurances privées,  il y a un surcoût, même dans un pays européen qui a un accord de transfert de sécurité sociale, comme le Portugal. La médecine publique y est moins performante qu'en France, les délais sont plus longs etc. Quant aux pays comme la Thailande (2è destination des retraités français) et le Maroc (3e destination des retraités français), vous êtes soumis à des régimes de mutuelles chères et à des soins très onéreux car effectués dans des cliniques privées.  

La Cour des comptes épingle régulièrement les fraudes des expatriés. La santé est le premier motif. Quels sont réellement leurs droits?

Sans assurance privée ou mutuelle en France, vous perdez vos droits et si vous revenez uniquement pour les soins en France et que vous projetez de repartir, l'assurance maladie vous refuser les droits à la Sécurité Sociale. Il faut avoir bien conscience que ce n'est pas parce que l'on est expatrié français qu'on sera pris en charge, y compris pour des problèmes graves de santé. Certains expatriés cherchent à contourner la législation parce qu'ils n'ont pas les moyens mais laissent leurs factures à la collectivité…C'est totalement illégal.

De manière globale, les retraités doivent impérativement peser les coûts et les avantages de leur situation d'expatrié. La santé d'un côté, les régimes fiscaux de l'autre -  moins d’impôts et un revenu quasi éxonéré du fruit de leurs placements.

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