Au bord du désastre, la Grèce sur le point de basculer définitivement <!-- --> | Atlantico.fr
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Les banques seront fermées jusqu’au 7 juillet en Grèce.
Les banques seront fermées jusqu’au 7 juillet en Grèce.
©Reuters

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

La Grèce démarre une semaine complètement folle. Les banques seront fermées jusqu’au 7 juillet et les marchés financiers vont se bloquer. Pendant ce temps, Alexis Tsipras va organiser un référendum pour savoir ce que veut le peuple Grec alors que le pays se dirige tout droit vers le défaut de paiement.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

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Les derniers épisodes de cette chronique d’un désastre annoncé sont pathétiques de souffrance et d’incompréhension. La semaine dernière, les chefs d’Etat pensaient avoir construit un compromis fondé sur des concessions mutuelles. Le premier ministre grec, Alexis Tsipras avait même accepté les bases de ce compromis. Pourtant, tout a capoté à la veille de ce week-end. Alexis Tsipras n’a pas obtenu l’aval de sa majorité pour accepter le compromis. Plutôt que d’essayer de convaincre ses amis qu’il n’y avait peut-être pas d’autres solutions pour éviter le chaos, tout laisse penser que le noyau dur des marxistes léninistes qui  dominent son parti ont joué la politique du pire en refusant de céder.

Le noyau dur de Syriza a poussé Alexis Tsipras à refuser de signer et à organiser un référendum pour connaitre l’avis du peuple grec. Personne en Europe ne peut s’opposer à ce qu'on consulte un peuple sur des décisions aussi stratégiques. Mais personne en Europe ne se fait d’illusion sur le résultat. La Grèce risque d’être emportée par une majorité de "Non"  à Bruxelles. Une majorité forgée sur un débordement démagogique et populiste.

La Commission de Bruxelles, le FMI et la BCE étaient donc vent debout. C’est la raison pour laquelle leurs représentants ont abandonné la table des négociation dès samedi.

Maintenant, les choses sont claires. Si le non, l’emporte à ce referendum, les propositions de Bruxelles ne seront pas acceptées et les aides ne seront pas debloquées. Sans aides financières, la Grèce va directement au defaut de paiement. Le défaut de paiement signera automatiquement la fermeture de tous les autres moyens de financement et par consequent la sortie de l'euro. Cette sortie de l'euro ne sera pas décidée par Bruxelles. Elle deviendra effective à partir du moment où l’euro ne circulera plus en Grèce puisque les banques ne seront pas approvisionnée.

Dès ce lundi matin, la BCE a demandé à la Grèce de fermer les banques jusqu'au 7 juillet pour éviter la panique des clients qui vont vouloir sortir leurs liquidités.

Les banques resteront donc fermées jusqu’au 7 juillet et les Grecs ne pourront retirer que 60 euros par jours. Le marché boursier sera également fermé et, pour couronner le tout, les gouvernements européens ont demandé aux touristes qui partent en Grèce d’emporter de l’argent liquide parce qu’il y a un risque pour que les autres moyens de paiement soient refusés.

Les Européens ont du mal à admettre que la Grèce devra sortir de l'euro à partir du debut du mois de juillet. A Bruxelles, on ne comprend pas  la radicalité d’Alexis Tsipras et surtout son incapacité à faire assumer par sa majorite un compromis qui va bien au-delà de ce que l’on avait préparé avec le FMI depuis des mois.

D'ailleurs, pour que ce soit limpide aux yeux et aux oreilles des Grecs, la Commission de Bruxelles a fait préparer en anglais, en français puis en grec, le contenu précis de l'accord qui aurait pu permettre de débloquer la crise.

Bruxelles met l’accent sur la nécessité de faire redémarrer l’économie et propose donc un rééchelonnement des dettes. On allonge la maturité de l’endettement ce qui revient à l’annuler en partie sans l’inscrire en comptabilité.

Parallèlement, les Européens rétablissent les plans d’aides financiers de façon à faire repartir l’économie. Enfin, la Commission a établi une liste des réformes structurelles qui paraissent inévitables et sur lesquelles on s’étonne que la gauche ou l’extrême gauche ne se soit pas penchés : la TVA, la mise en place d’un système de collecte d’impôts, la lutte contre la corruption...

Alexis Tsipras, et son ministre de l’Economie, avaient accepté ce protocole mais sa majorité n'a jamais voulu que l'on envisage la révisions des taux de TVA, l’instauration d’un impôt sur le revenu, et la suppression des préretraites à 55 ans. 

Si le peuple grec ne se prononce pas clairement pour un maintien de la Grèce dans l’euro avec les conditions budgétaires et fiscales qui sont attachées, la Grèce perdra son statut de partenaire de l’euro. Les opinions publiques en Europe ne peuvent pas accepter que la Grèce vivent de façon structurelle en déficit et en situation de surendettement.

En attendant, cette affaire met en évidence deux problèmes gravissimes dans le monde moderne. D’une part, le fait que l’Europe ait très mal géré la situation de la Grèce depuis que ce pays est entre dans la zone euro. D’autre part, le fait que la démocratie ne fonctionne pas dans un écosystème en crise. Aucun peuple en Europe n’acceptera que l’un prenne des décisions fortes en envoyant les factures aux autres. C’est impossible.

Il faut donc rénover le système de solidarité des pays de la zone euro : solidarité, transparence, harmonisation fiscale et sociale, on en est loin.

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