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Asphyxié par son échec électoral, François Hollande ne peut plus rien faire
©Reuters

L'Edito de Jean-Marc Sylvestre

Les téléphones ont beaucoup sonné chez les patrons français dimanche pour imaginer les conséquences de ces élections départementales. Leur conviction est claire, François Hollande ne fera plus aucune réforme. Donc pas de reprise.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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Après le résultat des élections départementales, les patrons français ont acquis la conviction que le système économique ne se redressera pas avant les présidentielles de 2017. Quand ils croisent l’analyse de la situation politique, de l’évolution conjoncturelle et de la réactivité du système français, ils tombent sur un écosystème paralysé. Trois séries de facteurs pour expliquer cela.

Tout d'abord, la situation politique. Le second tour des élections départementales a confirmé les résultats du premier tour. François Hollande et Manuel Valls sont les deux grands perdants de ces élections. Leur stratégie de diaboliser Marine Le Pen a échoué et François Hollande n’a plus d’alliés sérieux pour l’aider à gouverner puis accéder au deuxième tour de la présidentielle.

Avec Mélenchon, Cécile Duflot et les frondeurs qui ont peur de perdre leurs sièges au Parlement, il sera éliminé du jeu dès le premier tour. Même si Bayrou était candidat, il prendrait  plus de voix à gauche qu’à droite. Dans cette perspective, il ne va donc prendre aucune initiative sur le terrain économique et social. D’ailleurs il ne pourrait pas les faire adopter. Il n’a que des coups à prendre. Il va passer la fin du mandat à les esquiver.

Sur le terrain politique, le grand gagnant est évidemment Nicolas Sarkozy. Les régionales de la fin de l’année vont encore renforcer le mouvement. Il a prouvé qu’il pouvait désormais se maitriser dans le verbe et que sa stratégie du ni-ni était payante. Il lui restera à construire un programme et à contrecarrer la position et le statut d’un Alain Juppé qui s’est quand même affaibli et qui sera obligé de moderniser son discours lors d’une primaire.

Pour la majorité du monde des affaires qui a, un moment, soutenu très fortement l’entreprise d’Alain Juppé, c’est Nicolas Sarkozy qui semble désormais  récupérer de l’avance. Dans ces conditions, les acteurs de l’économie espèrent, et vont tout faire, pour que le candidat de droite rassemble une majorité suffisamment large et cohérente sur des axes de réformes qui garantissent un redressement de l’économie.

Des axes courageux pour faire avancer la cohésion de l’Union européenne, courageux aussi pour profiter de la mondialisation, l’assumer et combattre les tendances protectionnistes. Courageux pour oublier le principe de précaution et relancer la recherche technologique dans tous les domaines. Courageux enfin dans la gestion du système social qui devrait trouver son équilibre sans pour autant asphyxier les initiatives individuelles. Courageux donc sur un contrat de travail unique et simple, sur la liberté de fixer les horaires et les salaires, sur une fiscalité qui ne soit pas confiscatoire.

Il y a en France, une large majorité de Français favorables à cette modernité. Le problème est que ces Français se répartissent aujourd'hui dans deux familles politiques antagonistes, la droite et la gauche.  

L’élection présidentielle qui verrait au deuxième tour s’affronter Marine Le Pen et Nicolas Sarkozy offre l’opportunité à l’ancien Président de rassembler au-delà même de la droite et du centre une large majorité qui accepterait de porter des réformes que la modernité internationale commande.

Deuxième série de facteur : la situation économique qui appelle un scenario de ce type. La France est le dernier pays européen à ne pas avoir engagé des réformes de structure. C’est aussi le dernier pays en Europe à profiter de l’amélioration de la conjoncture internationale. Plus grave, faute de réforme, on se dirige tout droit vers une reprise de l'activité poussée par les vents de l’étranger mais qui restera assez molle parce qu'elle n’est pas créatrice d’emplois. La reprise sans emploi nous guette.

Enfin, l’organisation politique et syndicale française bloque toute évolution. Elle privilégie les logiques clientélistes qui nourrissent les attitudes corporatistes, populistes et finalement très conservatrices. Les résultats des élections départementales sonnent peut être le signal d’une évolution profonde qui sera effective après les présidentielles.

Si la présidentielle se déroule au deuxième tour sans candidat de gauche comme c’est probable, cela voudra dire que le parti socialiste aura explosé. Il lui faudra se reconstruire en tenant compte des réalités et pas des idéologies du passé.

Mais à droite aussi il va falloir reconstruire et organiser une famille républicaine à l’anglo-saxonne, c’est à dire libérale et moderne. Pour l’instant, la droite est encore coupée en deux. Entre les étatistes, les colbertistes, les gaullistes, les souverainistes et les pro-européens. Ceux qui veulent parcourir le monde tel qu’il est et ceux qui préfèrent tirer les volets en attendant que le monde s’adapte à ce qu'ils sont. 

Pour les milieux d’affaires, le France dans son ensemble n’aura pas d’autre choix que de se réformer. Le résultat des départementales est sans doute la première étape de cette prise de conscience d’une réalité incontournable.

La paralysie qui va figer le pays pendant la fin du quinquennat va encore confirmer le diagnostic. Au bout du bout, la crise doit rendre intelligent. La France avance bien trop doucement. Les Français ont une certaine admiration pour les entrepreneurs, Xavier Niel ou Bernard Arnaud mais il préfèrent acheter le livre d’Éric Zemmour, c’est toute la difficulté.

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