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Après le p'tit nerveux, le p'tit rigolo : les présidents normaux, ça n'existe pas
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Editorial

La blague prononcée par le président à l'occasion du 70e anniversaire du Crif, le 16 décembre, a provoqué une vive polémique. Nicolas Sarkozy, lui, avait choqué avec son inoubliable "casse-toi, pov' con". L'Histoire le montre : tous les présidents de la Ve République ont adopté, à un moment donné, des attitudes non conformes à la haute idée que l'on se fait du statut de chef d'Etat.

Yves Derai

Yves Derai

Yves Derai est éditorialiste à Atlantico. Chaque semaine, il écarte les lourds rideaux de velours des palais de la République pour nous en révéler les secrets.

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L’année politique se terminera sans doute par ce scandale suscité par une blague improvisée de notre cher président de la République lors de la cérémonie du 70e anniversaire du Crif, à l’Elysée. Après avoir plaisanté sur Christiane Taubira et son omniprésence à ses côtés, François Hollande a chambré Manuel Valls, revenu "sain et sauf" d’Algérie. Le sous-titre de la vanne présidentielle était : "C’est un miracle que mon ardent ministre de l’Intérieur, intransigeant face à l’immigration clandestine et les dangers de l’islamisme, ait été bien reçu à Alger." Sauf qu’à Alger, justement, cette formule pour le moins maladroite a été comprise comme une insulte laissant entendre que l’Algérie était un pays de sauvages ! De Jean-Luc Mélenchon à Valérie Pécresse, la moitié de la classe politique française a tiré à vue sur Hollande qui a fini par regretter, non pas ses propos, mais "l’interprétation" qui en a été faite. P’tit rigolo, certes, mais très orgueilleux, le chef de l’Etat.

En son temps, Nicolas Sarkozy, laissant éclater sa colère avec son inoubliable "casse-toi, pov’ con" du Salon de l’Agriculture ou demandant à un pêcheur qui l’insultait de le rejoindre pour une explication virile, avait allumé des polémiques interminables sur le thème : un tel comportement n’abaisse-t-il pas la fonction présidentielle ? A l’époque, les Français interrogés par les sondeurs semblaient penser que Nicolas Sarkozy avait un peu trop désacralisé le job...

Mais avant Hollande et Sarkozy, leurs prédécesseurs étaient-ils si "présidentiels" que cela ? Pas sûr. Jacques Chirac paraissait souvent manipulé par ses proches. Par sa fille Claude, qui lui montrait du geste quand il pouvait parler et quand il lui fallait se taire. Par Dominique de Villepin, tout puissant secrétaire général de l’Elysée, qui se targuait de maîtriser le cerveau chiraquien. Et que dire de la duplicité de François Mitterrand qui a juste caché aux Français, pendant quatorze ans, sa maladie, son rôle de fonctionnaire à Vichy et sa double vie ?

Même si l’on remontait au Général de Gaulle lui-même, on pourrait trouver des épisodes (la fuite à Baden Baden en 1968) au cours desquelles les présidents de la Ve République n’ont pas adopté des attitudes conformes à la haute idée que l’on se fait du statut de chef d’Etat. Le grand mensonge de François Hollande durant sa campagne restera peut-être, finalement, sa promesse d’être un président normal.

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