Place au changement
Après la CGT, à la CFDT et au Medef, les têtes changent, d’où l’opportunité de reprendre la main sur le modèle social
Sans majorité , Emmanuel Macron aurait intérêt à gouverner avec les syndicats. Après le changement à la CGT, c’est la CFDT qui touche une nouvelle direction et début Juillet, c’est le Medef qui installera une nouvelle gouvernance. Tout pourrait changer.
Tous les chefs syndicaux qui arrivent au pouvoir de leur organisation ont un choix stratégique très simple pour participer à l’évolution du dialogue social et obtenir les avantages qu’ils ont promis à leurs adhérents. A priori, le choix, c’est :
-Ou bien, ils adoptent une stratégie de combat fondé sur les rapports conflictuels
-Ou bien, ils développent une stratégie du compromis fondé sur la négociation.
A la Cgt , la succession de Philippe Martinez s’est jouée dans un climat de crise lors du dernier congrès en Mars 2023 puisque Philippe Martinez a été désavoué et son bilan invalidé . La procédure de succession a donc été très agitée . Ils étaient trois en lice : Marie Buisson soutenue par un Philippe Martinez fragilisé, professeure en lycée professionnel qui incarne la ligne sociale-écolo de la CGT.
Sa principale concurrente, Céline Verzetti avait elle , le soutien des grosses fédérations de la chimie, ou encore des cheminots.
- et enfin, il y avait Olivier Mateu, secrétaire départemental des Bouches-du-Rhône qui defendait lui une ligne dure et radicale.
Au final ,les trois candidats ont été obligés de s’effacer au profit de Sophie Binet. Qui n’était pas attendue . Sophie Binet , était secrétaire générale de l'Ugict, le syndicat des ingénieurs, cadres et techniciens de la CGT. Âgée de 41 ans, elle devenait la première femme à prendre la tête du syndicat depuis la création de l'organisation en 1895.
Du coup Sophie Binet a suscité beaucoup de curiosité et d’ attente de modernisation . En réalité, elle a été jusqu’à maintenant otage des courants assez durs qui dominent la CGT avec comme objectif de poursuivre la lutte très opposée au gouvernement . La CGT n’est pas sortie du dossier retraite .
À Lire Aussi
A la Cfdt , la succession se passe beaucoup plus calmement, d’abord parce que Laurent Berger a été un secrétaire non contesté avec une ligne très sociale-démocrate , l’institution a suivi l’évolution sociologique du monde des salariés pour devenir le syndicat le plus puissant en France et notamment dans le secteur privé . Il a participé sans état d’âme à l’union syndicale contre la réforme des retraites , et contre la politique du président de la République , mais il a tourné la page dès la promulgation de la loi . Marylise Léon numéro 2 depuis 2018 lui succède dans un contexte où le premier syndicat français a le vent en poupe . Âgée de 46 ans, Marylise Léon était depuis 2018 la numéro deux de L. Berger, en charge de dossiers stratégiques comme l'assurance-chômage et les relations intersyndicales. Elle est la deuxième femme à prendre la tête de la Confédération, après Nicole Notat, qui l'avait dirigée de 1992 à 2002 et qui a enraciné la maison dans le réformisme social.
Marylise Leon reprend le flambeau , convaincue, elle aussi qu’il faut poursuivre et améliorer encore la recherche systématique de compromis avec le patronat ou le gouvernement .
Du côté du Medef , les jeux sont ( presque) faits. Il reste deux candidats à la succession de Geoffroy Roux de Bezieux qui arrive en juillet à la fin de son mandat non renouvelable de 5 ans : -Dominique Carlac’h , 54 ans est l’actuelle porte-parole du mouvement patronal et , vice-présidente du Medef .Conseil en innovation , elle souhaite renforcer la place des entreprises dans la société et notamment face à la nécessité de travail et de souveraineté.
Patrick Martin a 63 ans c’est l’actuel vice-président il fait figure de grand favori parce que soutenu par les fédérations professionnelles les plus forte comme l’UIMM ou le BTP. Sa priorité : la réindustrialisation du pays .
Maintenant, l’ensemble du monde syndical sort d’une période qui a été très compliquée , entre les gilets jaunes , la crise du covid et aujourd’hui la guerre en Ukraine , il faut reconnaitre que le pouvoir exécutif ne s’est guère inquiété de l’état d’âme des syndicats . Il les a d’ailleurs très rarement consultés . Au point de donner l’impression de mépriser ces partenaires historiques du modèle français .
Mais il faut aussi reconnaitre que le monde syndical n’a guère fait de propositions constructives . Il a même abandonné ses responsabilités de cogérant du modèle social considérant que l 'État devait payer sur le chômage , sur la santé, sur la vieillesse . D' où les déficits qui se sont multipliés d’où la position très dure qui a émergé à l 'occasion de la réforme des retraites . Mais pas que !
Pour la CFDT et le Medef, il parait évident qu' il faudra participer à la négociation sociale en recherchant des compromis et le Medef comme la CFDT ont fait un pas en avant sur la question du partage de la valeur . Mais il faudra jouer le jeu sur tous les dossiers et reprendre la main sur le modèle social. Sinon l’État gèrera et reprendra la main s’il doit à nouveau signer des chèques .
Alors toute l’évolution du modèle dépend aussi des autres syndicats mais ils sont très affaiblis , l’évolution dépend surtout de la CGT qui va devoir sortir de son attitude d’opposition systématique avec comme moyen le conflit ouvert pour passer sur le terrain du compromis .
Mais l’évolution dépend aussi du gouvernement parce que sans majorité , son intérêt est aussi de gouverner avec les partenaires sociaux.
En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.
Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !