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Apprendre à traduire le Jean-Christophe Lagarde : ce qu'il veut vraiment dire en appelant au boycott de la primaire de la droite et du centre
©LUDOVIC MARIN / AFP

Prends garde à toi

Après avoir annoncé que l'UDI n'aurait pas de candidat, le chef de file des centristes appelle ses militants à ne pas participer à la consultation du mois de novembre. Bras de fer avec Nicolas Sarkozy ou accord secret ?

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand

Christelle Bertrand, journaliste politique à Atlantico, suit la vie politique française depuis 1999 pour le quotidien France-Soir, puis pour le magazine VSD, participant à de nombreux déplacements avec Nicolas Sarkozy, Alain Juppé, François Hollande, François Bayrou ou encore Ségolène Royal.

Son dernier livre, Chronique d'une revanche annoncéeraconte de quelle manière Nicolas Sarkozy prépare son retour depuis 2012 (Editions Du Moment, 2014).

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Jean-Christophe Lagarde? C'est son ancien patron François Bayrou qui en parle le mieux. "Le problème avec Jean-Christophe, c'est qu'il est toujours dans des parties de billard à trois bandes tellement compliquées que l'on ne comprend jamais où il veut en venir", expliquait un jour le maire de Pau. Et c'est, en effet, une manche bien complexe que vient d'entamer le président de l'UDI.

Première étape: une interview accordée lundi à Paris-Match dans laquelle il annonce son intention de ne pas se présenter à la primaire des Républicains. Il reproche à Nicolas Sarkozy ne n'avoir entamé aucune négociation ni sur le programme commun réclamé par le patron de l'UDI ni sur les investitures aux législatives. L'interview est publiée mercredi 12, or la veille le Bureau Politique des LR a autorisé Nicolas Sarkozy à ouvrir les négociations avec son partenaire, tous les intervenants soulignant l'importance d'une primaire ouverte qui attire un maximum d'électeurs. Ce drôle de timing ressemble fort à un coup de pression du patron des centristes afin que des discussions aboutissent avant son congrès du 20 Mars. Mais ce matin, nouveau coup de semonce, cette fois Jean-Christophe Lagarde va plus loin. Non seulement il répète que l'UDI n'aura pas de candidat à la primaire mais il appelle aussi ses militants à la boycotter. Alors qu'il jurait au Journal le Monde il y a quelques jours: "Nous resterons disponibles pour un accord jusqu’au dernier moment",  Lagarde semble désormais fermer la porte un peu précipitamment. Laissant perplexes politiques et commentateurs.

Pour certains, Jean-Christophe Lagarde fait monter la pression pour obtenir un maximum de circonscriptions aux législatives. "Il sait qu'il est fort car Nicolas Sarkozy comme Alain Juppé ont besoin qu'il soit candidat", expliquait, hie,r un membre du bureau politique des LR. Selon ce cadre, Alain Juppé aurait besoin d'un candidat centriste pour élargir le corps électoral de la primaire, c'est  à dire faire venir des électeurs modérés qui voteront pour lui ensuite. Nicolas Sarkozy aurait, pour sa part, intérêt à une candidature Lagarde qui mordrait sur l'électorat Juppé. Mais alors pourquoi ne pas avoir entamé les négociations plus tôt? Pourquoi, comme l'a fait Alain Juppé, ne pas avoir répondu aux demandes des centristes?

Peut-être parce que Nicolas Sarkozy n'a pas tant envie que ça d'une candidature Lagarde à la primaire. En effet, en restreignant cette consultation aux candidats LR, il réduit le corps électoral aux plus militants qui sont souvent les plus sarkozistes. L'appel au boycott du patron de l'UDI lui rend, de ce point de vue-là, bien service.

L'ancien président de la République peu aussi imaginer que, n'étant pas candidat à la primaire, Jean-Christophe Lagarde se présente au premier tour de la présidentielle et rogne sur l'électorat d'un autre concurrent, François Bayrou, qui a promis de se présenter si Nicolas Sarkozy était désigné candidat de la droite à la présidentielle. A cette idée, il y a quelques temps, François Bayrou souriait: "Candidat à la présidentielle ? Hervé Morin qui s'y était essayé, il a dû plier les gaules". L'ancien ministre n'avait, en effet, pas obtenu les 500 parrainages exigés. Mais si une candidature Lagarde était utile à Nicolas Sarkozy, ce dernier pourrait sans doute aider son partenaire à obtenir les soutiens nécessaires. Mais "le risque est de faire exploser d'UDI qui n'a pas été fondée pour servir un ancien président qui ne le redeviendra pas", lance amer un ancien centriste.

Alors utile coup de bluff ou stratégie murement réfléchie pour aider Nicolas Sarkozy ? Dans le questionnaire qui a été envoyé aux militants en vue du vote du 20 mars, le patron de l'UDI ne semble, en tout cas, n'imaginer aucune porte de sortie. Le seul scénario envisagé est celui de l'absence d'accord. A partir de la semaine prochaine les militants devront répondre par internet à la question: « En l'absence d'accord avec les Républicains, souhaitez-vous que l'UDI participe à  la primaire initiée par Les Républicains ?"

Mais un petit caillou s'est déjà glissé dans cette belle machinerie. L'une des composantes de l'UDI a, elle, d'ores et déjà décidé de présenter un candidat à la primaire, c'est l'Alliance Centriste de l'ancien ministre de l'Economie Jean Arthuis. "Nous irons quoi qu'il arrive, confirme le député Philippe Folliot. Si ça n'est pas Jean Arthuis ce sera moi". De quoi donner des idées à d'autres.

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